❁𝟑𝟓

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L'amour, ça peut être rouge : rouge comme les baisers et les fraises trop sucrées. Mais l'amour, ça peut aussi être rose : rose comme les barbes à papa et les roses du jardin. Ça peut encore être gris souris, bleu comme le ciel en plein été, ou jaune, violet et orangé, voire d'autres couleurs pas encore inventées . Mais ce qui était sûr, l'invention de ce sentiment pour ce jouvinceau portait le nom d'une fleur bien plus douce que toutes ces couleurs citées. Nicolas la tête dans les étoiles, sourit en ayant en main une luxueuse boîte de Baileys garnie de chocolats assorties de ganaches et de pralinés, de chocolats aux saveurs d'Abinao, Aguicheur, Albinos, Bizzaroïde, Boulette d'amour, Craquant, Égoïste, Ensoleillé, et de tout en fait. Le gris du temps n'eut aucun effet sur son humeur, l'envie de chanter tout au long de la route l'emporta. Les murs vers ou son âme avait dormi toute la nuit l'acceuillirent à bras ouvert. La voie était libre, il n'y avait en résonance que ses pas empressés de revoir son étoile. Il pénétra dans la bibliothèque et fut ravie de la retrouver près du Recamier. Son cœur fut éclairée par l'éclat étincelant de son sourire . Il s'avança vers elle, se courba l'échine pour lui déposer un doux baiser sur sa joue en lui murmurant un doux bonsoir, les mains cachés derrière le dos; puis recula de quelques centimètres.

- Connais-tu les jolies choses qui tiennent dans une main?

- N...non..

- Essais donc ! J'en suis convaincu que tu peux trouver quelques réponses.

- Un....S.ssssty...lo . Dit-elle peu sûre de sa réponse

- Mais encore?

- Un....L....li...vre ?

- Pas faux, mais moi j'ai mieux.

Il tendit une main vers elle, en conservant l'autre derrière son dos...

- Une autre main, en voilà une bien jolie chose qui tiendrait dans une main, surtout s'il s'agit de la tienne...

Adoucie, elle posa timidement sa main dans la sienne. Il sortit alors l'autre main dissimulée et lui tendit la boîte de chocolat royale accompagné d'une énième rose éternelle.

- Une boîte de chocolat et une rose éternelle sont de jolies choses qui tiendraient dans une main, surtout dans la tienne Liezl...

Édulcorée par une influence si benoît, l'air lui manquait. Elle en eut un doux vertige, tandis qu'il la caressait de son sourire charmant .

- M....e..rci...N..Nico...las...

- Je t'en pries très chère Liezl. Sinon, cela te dirait de musarder avec moi dans les grands quartiers de Paris ?

Elle fronça des sourcils sans comprendre. Il l'enseigna La curée d'Emile Zola.

- Je te l'avais promis? Alors Mademoiselle Fabre ?

Elle hocha de la tête. Ravi, il s'installa au près d'elle sans oser messeoir la distance convenable. Sous les grésillements de la pluie, ils debutèrent leur lecture, entourés de milliers de volumes, de romans contenant une variété de personnages respirant à travers chaque lettres que leur auteur avait donné souffle d'existence. Leur lecture synchronisée, s'interrompait par l'échange de furtifs coups d'œil, de petits rires et voyagèrent ensemble sur le pont de la Seine depuis les lettres capiteux du roman, ils s'imaginèrent ensemble main dans la main en observant le pont de la Seine à travers les lignes descriptives de Mr Zola ....

Mais l'âme de tout cela, l'âme qui emplissait le paysage, c'était la Seine, la rivière vivante, elle venait de loin, du bord vague et tremblant de l'horizon, elle sortait de là-bas, du rêve, pour couler droit aux enfants, dans sa majesté tranquille, dans son gonflement puissant, qui s'épanouissait, s'élargissait en nappe à leurs pieds, à la pointe de l'île. Les deux ponts qui la coupaient, le pont de Bercy et le pont d'Austerlitz, semblaient des arrêts nécessaires, chargés de la contenir, de l'empêcher de monter dans la chambre...

Et prirent plaisir de dévorer  silencieusement les mots subtiles du désirs si bien décrit sous la lueure éclatante du candélabre. Nicolas, à la lecture de certains passages, ne put s'empêcher d'imaginer de penser à elle à la place...

On eût dit des bouches sensuelles de femmes qui s'ouvraient, les lèvres rouges, molles et humides....

Il soupira lestement, honteux de sa disconvenance silencieuse. Il eut l'intérieur de son être en brasier, comme si quelqu'un embrasaient du charbon ardent sur ses lèvres, ses mains, sa gorge, son regard et son cœur. Il eut du mal à cacher l'envie de dérober un baisé à la jeune Liezl , de ressentir sa chaleur et ses doigts féeriques qui retiendraient son coup et se perdraient dans ses cheveux. Dans un état onirique, il se mit à penser au goût mielleux d'une étreinte. Rendu au milieu du livre, le temps avait fait son bout de chemin. Vingt-heures virevoltait sa jupe. Le temps était passé si vite, qu'il se demanda s'il avait réellement profité des secondes écoulées. Peiné de devoir partir dû au temps belliqueux, il se releva regrettablement en baisant solennellement les doigts d'Anaïa.

- Je vais devoir partir Liezl...Merci pour cet agréable début de soirée. J'ai ouïe dire de par mon meilleur ami que demain sera un jour de seminaire pour le personnel du Palais. Te sera-t-il possible de musarder entre les jardins en ma compagnie.

Malgré sa hâte d'accepter son invitation, elle hésita quelque peu...

- Personne n'y sera aux heures précoces de la matinée. J'en suis rassuré...

Ses yeux eurent une lueure dubitative...

- Dans ce cas, voudrais-tu m'attendre ici même et je ferai le tour pour m'assurer qu'il est à vide, ainsi tranquillement on pourra faire notre promenade... Alors ?

Elle n'eut envie de rater ces instants pour rien au monde ...

- O..oui...Souffla -t-elle à cœur palpitant.

Il sourit face à son enthousiasme.

- Bien, aies une bonne nuit.

Heureuse d'avoir pu vivre des moments si intenses, elle éprouva la nécessité d'être totalement transparente envers lui et se promit de tout lui avouer. Elle le regarda partir et comptait déjà les prochaines heures qui les rapprocheront. Nicolas quant à lui se rendit compte de la part véridique des légendes du cœur qui existaient réellement, il n'aurait jamais cru que sa rencontre avec elle provoquerait un tel vacarme dans son âme prêt à tout emporter sur son passage. Alfred de Musset disait vraie, la vie est un sommeil et l'amour en est le rêve ! C'était bien cette impression de vertige qu'il avait, celui de vivre un rêve enivrant. Sans oublier également, cette peur qu'un jour ces moments deviennent purs réminiscences tels des flammes s'éteignant sous l'amas de cire des cierges allumés...

.𝐎𝐮𝐭𝐬𝐢𝐝𝐞𝐫.Where stories live. Discover now