❁𝟓𝟕

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À la sortie du sous-sol donnant accès à une ruelle du grand Champs-de-Mars, la Ford de Christopher, conduit par Nicolas les attendait. Discrètement, ils s'engouffrèrent à l'intérieur du véhicule. Christopher à l'avant et Anaïa à l'arrière des sièges en cuir. Les vitres teintées étant très prisées en ce moment par les amateurs de véhicules haut de gamme, elle restait donc inaperçue et décida d'ôter l'élégant chapeau et les lunettes. Ce geste bien qu'insignifiant, provoqua le croisement de son regard à celui de Nicolas depuis le rétroviseur. Elle le coupa aussitôt en ayant tout de même un pincement au cœur. Son regard s'était durci et transperçait l'air, comme si elle allait le dissoudre. Elle avait rentré les pouces dans la paume de sa main et serrait les poings. Nicolas déglutit en écoutant distraitement Christopher parler de sa nouvelle décision tandis que ses yeux trahissaient une absence polie qui indiquait clairement qu'il pensait à autre chose...À sa darling. L'itinéraire était celui-ci : une virée au luxury quartier de Petion-ville, plus précisément, Chez Yvette, un magasin haut de gammes, ensuite La sirène, après La'Fayette puis krysca's dans le but de trouver le cadeau idéal pour Leizl, la pâtisserie Marie-Belliard pour le gâteau et les délices. Le seul hic, c'était qu'elle était molestée. Une acrimonie monstrueuse saccageait son humeur, si bien, qu'elle n'eut l'envie d'admirer ni les trottoirs de Port-au-Prince, ni les rues ou les bitumes ,ni les affiches ou les passants. Elle resta donc à l'intérieur du véhicule en compagnie de Nicolas, pendant que Christopher achetait le nécessaire. Un silence pesant régnait.

- Tu sembles être de mauvaise humeur... Lui dit Nicolas cherchant son regard depuis le rétroviseur.

Elle demeura silencieuse en dévissant sa tête à l'inverse de son intérêt.

- Puis-je savoir ce qui te tracasse Leizl ?

- R..rien. Dit-elle sèchement.

- Rien ? Je ne vois plus la lueur que reflète habituellement tes yeux . Ton sourire étoilé me manque bien.

Silence mortuaire. Quel toupet de l'adresser ainsi ! Se dit Anaïa. Ne voyait-il pas qu'elle avait besoin d'air? Un gredin, un goujat, un imposteur, voilà ce qu'il était se dit-elle, en s'efforçant de ne pas pleurer. Christopher arriva les mains remplis d'emplettes de festivités et demanda un coup de main à son ami pour qu'il vienne l'aider. Ce dernier sortit alors du véhicule, ouvrit la porte à Anaïa qui hésita lourdement. Elle n'avait pas envie de le voir, ni de rester à ses côtés. Il se courba alors, la main retenant la portière.

- C'est quand tu veux Leizl, je suis patient.

Elle soupira, se muni du chapeau et des lunettes de soleil, sous l'œil amusé de Nicolas. Ils avaient l'air d'un adorable couple. Elle faillit même traverser si ce n'était Nicolas qui l'avait retenue par le bras, car un véhicule venait à vive allure. Alors, il lui tint la main. Il la traitait comme une petite sœur maintenant ! Se dit-elle. Sa colère devint au summum ! Elle avait mal. Trop mal, son cœur de porcelaine était en lambeau, et elle peinait à retenir ses larmes. Tous deux entrèrent dans le magasin de chez Yvette qui était le lieu de rendez-vous du chic et de l'élégance pour la jeunesse dorée haïtienne ! Sweet Pea d'Amos Lee, adoucissait les murs du cosy local où les masses ne franchissaient point le seuil ! Parfum de marque, bijoux de luxe, accessoires, produits de beauté et cadeaux uniques dans un décor boutique art de vivre passionnément féminin et masculin attrayaient les yeux, Anaïa s'émerveilla tout de même de la beauté de la boutique. Nicolas salua Yvette, qui l'offrit un accueil chaleureux, après tout Christopher et lui étaient clients habituels de la maison bien évidemment.

- Anaïa, choisit ce qui te plaît. Lui dit Christopher en échangeant un regard complice avec Nicolas qui acquiesça, le temps qu'il s'éclipse pour trouver un cadeau à la hauteur de sa princesse.

.𝐎𝐮𝐭𝐬𝐢𝐝𝐞𝐫.Where stories live. Discover now