❁𝟑𝟑

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- Anaïa ?

Elle sursauta et se retourna pour finalement relâcher un profond souffle de soulagement, lorsqu'elle se rendit compte que ce n'était que Christopher les bras chargé d'un plateaux surmonté de poulets et de vives douces.

- Tout va bien Anaïa ? Tu es livide ...

Elle ravala sa salive et essaya de se ressaisir en effaçant le regard prédateur qu'avait eut Rodolph à son égard...

- Tu vas bien ? Reprit-il l'air anxieux en lui déposant son dîner.

Elle hocha de la tête positivement et grima sa face d'un air rassurant. En parler à Christopher des turpitudes de leur frère ? Bien évidemment que non! Son impulsivité prendra le dessus, et créera beaucoup plus de discorde entre lui et la famille ! Père voudra protéger Rodolph et empêcher que cela s'ébruite, Christopher voudra s'y opposer et l'ampleur des dégâts sera inimaginable. Ses parents la détesteront encore plus et la renieont, la rendront responsables des malheurs et pourrait même la rendre orpheline, seule au monde, sans Christopher ! Elle se sentait suffisamment coupable comme cela d'être un poids qu'il était obligé de porter sur ses épaules, jours et nuits il ne se lassait pas de la défendre, ce qui demeurait la principale pomme de désunion entre lui et leur parent. Il était mieux que les casettes restent là ou elle les avait caché ! Dans son coffre secret...

- B..Bien....T...Tout v..va..B-i-en. Articula-t-elle tant bien que mal. Marg...Marguerite m...man...

- À moi aussi, elle me manque. Mère à eut tort de la renvoyer. Elle était la seule capable de t'apporter ton dîner. Ils ne voudront pas embaucher une nouvelle de peur que le rappel de ton existence se répande.

Elle lui offrit un air résigné. Christopher eut un petit sourire affectif et lui poulotta les cheveux...

- Allez, mange ton dîner ! Je vais leur en sortir deux mots à Père, tu verra ,je le ferai apporter lui-même ton dîner ! Je suis là Anaïa. Tu ne crains rien.

- M...er...ci Chr...istop...pher...

- Bon je dois encore me rendre en cours. Ce soir j'ai cours à l'école de la Sainte-Trinité, nous allons chiader de la pratique orchestrale et ...

Sa voix fut interrompue par l'humeur imprévisible du temps. Il se rapprocha de la fenêtre, écarta les rideaux et jura discrètement. Une pluie vorace s'abattait sur tout Port-au-Prince. Les herbes du gazon verdoyant du champs -de -mars se courbaient sous les rafales de vent qui semblait nourrir l'envie de tout emporté sur son passage. Ce mauvais temps imprévisible lui mettait mal à l'aise, surtout lui qui avait horreur des parapluies. Il réfléchit quelques minutes, puis haussa les épaules.

- Bon, tant pis. J'irai quand même. Dit-il .

- Pl...u..pluie. Répliqua Anaïa d'un ton obvi.

- La vie c'est un florilège de sacrifices petite sœur. Faut que je file, si je rate ce cours, je n'aurais pas la chance de me ratrapper. Les reprises de cours sont dans la matinée et le matin j'ai cours à L'Enarts et à treize heures j'ai entraînement.

Elle acquiesça de la tête en admirant le beylisme de son grand frère. Étudié dans deux écoles simultanément afin de parfaire son art lui donnait parfois des fils à retordre ! L'école nationale d'Haiti Enarts et celle de la Sainte Trinité avaient des horaires qui parfois lui causait quelques turbulences. Déjà qu'il s'était tout de même résigné à intégrer l'armée, tel le stipulait les lois du pays pour tout jeune homme âgé de dix-huit ans et plus.

- Quant à toi Anaïa, je pense qu'il est temps que tu termines ton dîner et d'aller au lit.

Sans avoir nullement l'intention de rester ici dans sa chambre, elle hocha la tête d'un oui évasif. Elle avait été scandalisé et son cœur avait besoin de se lâcher et de valser, elle avait besoin de miel, de mots doux afin d'effacer le regard sardonique de Rodolph... Quelque chose lui disait qu'il viendrait ce soir en dépit de la pluie, du moins c'est ce qu'elle espérait. L'envie de le revoir était si incontrôlable. Sans plus tarder, son frère saisit ses affaires et s'aventura vers l'extérieur du Palais jusqu'à son véhicule, les cheveux dégoulinants d'eau. Les lampadaires qui propageaient une intense lumière éclairèrent les feux arrière de sa tire et simultanément les feux de gabarits de celle de Nicolas firent irruption. Il s'arrêta automatiquement à la vue de ce dernier et descendit sa vitre.

- Ne me dis pas que tu vas encore patrouiller à travers les volumes de droit de la salle de lecture Nicolas ! Il pleut des cordes, fais une pause bon sang. S'exclama-t-il en riant.

- Et toi alors? Ne vas tu pas parfaire ton art musical ? Tu as cours à cette heure j'imagine.

- Je n'ai pas trop le choix. Cela tombe bien que tu sois venu. Il n'y personne en ce moment que Rodolph, Yolande et les sbires du Palais. Lorsque viendra père, couvres moi, tu veux bien.

- Pas de problème. Soit prudent.

Christopher démarra aussitôt jusqu'à totalement disparaître du rétroviseur de Nicolas. Le ciel laissait couler ses larmes tel un torrent à travers les pavés, les trottoirs, la chaussée, mais l'envie de la revoir restait plus impétueux. Il s'empara de son parapluie et gravit agilement les larges marches du Palais gouvernemental le cœur palpitant. Il réalisa de grandes enjambées et atteignit les fastueux couloirs du Nord-ouest en priant le ciel qu'elle soit présente, car chaque zeptoseconde était pour lui un instant plus près du paradis...

 Il réalisa de grandes enjambées et atteignit les fastueux couloirs du Nord-ouest en priant le ciel qu'elle soit présente, car chaque zeptoseconde était pour lui un instant plus près du paradis

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