.𝐎𝐮𝐭𝐬𝐢𝐝𝐞𝐫.

𝟒𝟐❁

Mai 1978

Avez-vous déjà goûté au mai tropical des Antilles ? À ses nuits Caraïbes, à la douceur de sa brise marine, ses délices exotiques ? L'éclat bleu de la voûte céleste est d'une ataraxie inimaginable ! Les roses, les muguets, les iris, nos majestueux flamboyants, nos lys , nos bougainvilliers, nos hibiscus, nos lily bloods, nos jasmines, la célèbre Atoumo parée de ses clochettes tout aussi blanches que celles des muguets et tellement d'autres toutes aussi belles les unes que les autres se courbent face à ce cinquième mois de la saison printanière. Le mois de mai ne fait pas qu'embellir dame nature de ses plus jolies pétales, elle embelli aussi l'humeur de jeunes gens riant de bon cœur sur les bancs luisant de la place de Saint-Pierre, remplit les poches des bouquetiers des environs dont la vente des plus belles fleurs apôtres de romance ou de passions, grâce aux jeunes hommes devenus disciples de Cupidon, de Dame Vénus ou de Dame Erzulie pour les adeptes ; car leur cœur avait succombé sous le charme de jolies payses au regard timide ou provoquant, à la beauté gracile ou farouche ou encore ceux courtisant autre chose que le cœur.

Durant ce mois de mai, quelques fêtes échelonneront le calendrier ! Celle de l'agriculture et du travail dès le premier jour, celle de la souveraineté nationale le vingtroisième jour et bien évidemment la plus attendue, le dix-huit mai, celle de la commémoration de la création du drapeau haïtien à l'Arcahaie.C'est celui également où les fervents catholiques exprime avec une particulière intensité leur amour et leur dévotion pour la Vierge Marie. 
Cette période de l'année devrait être porteur de jolies promesses d'amours, comme celle de Nicolas à Liezl lorsque à travers sa lettre, son oui avait brillé sur la feuille pêche depuis une seule phrase : « Oui, je veux bien être ta jolie Liezl» Il n'avait ouvert sa lettre que lorsqu'il était rentré chez lui et avait plané toute la nuit, pour revenir le lendemain avec quelques poèmes et de délicieuses petites duchesses fourrés au chocolat et à la mousse de fruit dont ils s'étaient tout deux régalés en regardant Les aristochats depuis la vielle relique télévisé qui avait appartenue à Alex, se trouvant dans la bibliothèque. Ce fut un instant magnifique, bien qu'elle l'avait déjà regardé seule, elle se rendit compte que le visualiser au côté du jeune homme qui faisait battre son cœur, c'était l'apothéose ! Chaque touché était une course folle à travers une kyrielle, une ribambelle d'émotions ignéscentes ! En ce beau début de soirée, ils avaient regardé ensemble Love story, un mélodrame culte sortie le 16 décembre 1970, une romance qui en à fait pleurer plus d'un; et la jeune Liezl n'en fut pas épargné. Lorsqu'elle vit mourir Jennifer  à l'hôpital Mont Sinaï dans les bras d'Oliver, elle ne put contenir ses larmes plus longtemps et fut bravement sauvé par le mouchoir de Nicolas...

- Je pense que la prochaine fois, je rapporterai quelque chose de moins triste. Fit-il.

Encore en émoi, elle ne répondit qu'en hochant positivement de la tête.

- Je crois que j'ai de quoi te remonter le moral.

Il se retourna vers elle et saisit doucement ses lèvres. Déjà sous l'emprise de ses émotions, Anaïa en eut des frissons jusqu'à l'âme et ne ressentis aucune envie de s'espacer, de s'écarter ou de s'arrêter . Lorsque son amoureux se détacha, elle aurait voulu qu'il s'attarde encore plus. Il fléchit un sourcil comme pour lui demander si ça allait mieux.

- Alors ? Demanda-t-il tout enivré lui aussi.

- O..oui...Souffla-t-elle le cœur battant la chamade.

Il eut un petit sourire en coin et lui baisa la main.

- Ferme les yeux. Lui dit-il. Et ouvre la bouche doucement.

Elle l'observa confuse pendant de brèves secondes et décida de l'obéir. Elle écrasa ses paupières sur ses eyes et ouvrit ses lèvres. Après une, deux, trois secondes elle sentit une sensation divine, moelleuse et onctueuse flatter ses papilles gustatives, une saveur chocolat explosa son palais. Elle eut hâte d'ouvrir ses iris afin de faire face à cet exquis délice.