Chapitre 39

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Tyler

Trois jours plus tard.

J'ai bouclé notre départ pour Hawaï dès la seconde où son médecin à donner le feu vert. Je ne sais pas vraiment ce qu'elle a raconté à ses parents pour pouvoir partir une semaine mais cela à fonctionner. Cette petite escapade va nous permettre d'échapper à la réalité et je l'espère pourra l'aider à reprendre un peu de poil de la bête. J'ai tout planifié avec énormément de soin, elle ne devrait pas se fatiguer pendant la semaine.
On a notre avion à midi trente-cinq, Marion est levée depuis six heures, elle est aussi excitée qu'une petite fille mais très nerveuse à l'idée de prendre l'avion dans son état, j'ai essayé de la rassurer autant que possible pour quelle n'angoisse pas trop pendant les huit heures de vol qui nous attendent. Comme toute femme, elle est en retard, nos valises sont déjà chargées dans la voiture mais apparemment je dois être le seul presser de partir, dix minutes que je l'attends assis comme un con dans la voiture et si elle ne vient pas rapidement, on risque de raté notre vol. Nos passeports sont dans la boite à gant, nos papiers sont près, il ne manque plus que madame.

Le temps continu de s'écouler, les minutes se transforment en quinze longues minutes à l'attendre, je fini par me rendre à l'évidence que ce n'est pas normal qu'elle prenne autant de temps, je sors de ma voiture et mon directement à l'étage en l'appelant mais sans réponse. Je sais que quelque chose cloche, elle ne répond pas et aucun bruit.
Une boule d'angoisse se forme dans mon estomac alors que je m'avance dans la chambre et reste bloqué quelques instants, les battements de mon cœur se mirent à accélérer, elle est là... allongée par terre sur le ventre, les yeux fermés, le téléphone toujours à la main. Une vague de panique s'empare de moi pendant que m'agenouille près d'elle et tente désespérément de la réveiller.

—   Marion, dit-moi que tu m'entends

Elle reste immobile, inconsciente, son souffle est faible et irrégulier, j'ai été pompier pendant quelque temps je sais quand quelque chose est grave et ça l'est. La peur monte directement en moi alors que je compose le numéro d'urgence. Les secondes me semblent s'étirer à l'infini alors que j'attends que quelqu'un lui vienne en aide. J'ai déjà vu ma sœur mourir sous mes yeux, ça ne se reproduira pas avec Marion, je le refuse catégoriquement ! Elle est trop importante pour moi, et je ferai n'importe quoi pour la sauver.
Chaque son de la sonnerie semble durer des heures, un silence oppressant dans la pièce, mes mains tremblent légèrement et elle ne reprend pas connaissance. Je ne veux plus attendre que quelqu'un daigne me répondre, si les urgences ne viennent pas à nous, j'irais aux urgences. Mes mains tremblantes passent sous son corps inerte, pour la soulever délicatement et l'emmener à ma voiture, chaque pas est une course contre la montre pour lui sauver la vie. Son corps contre le mien est à la fois rassurant et terrifiant. Je ressens chacun de ses souffles irréguliers et faibles, chaque battement de son cœur qui s'atténue petit à petit. Une seule pensée guide mes actions, je dois la ramener aux urgences, elle doit recevoir les soins dont elle a besoin.

Le trajet jusqu'à l'hôpital me semble interminable, chaque minute qui passe est une éternité dans mon esprit qui se fait un tas de film à la minute. Je me concentre sur la route et sur elle en même temps, je ne veux pas la lâcher du regard.
Une fois arrivée à l'hôpital, je me précipite à l'intérieur avec Marion dans mes bras, la panique se mêle à mes paroles, mes son médecin est présent et il la prend en charge directement. Le lit avec son corps dessus se dégage petit à petit de ma vision, me laissant désemparée.

—   Vous voulez que je prévienne ses parents ?

Ses parents, comment je vais leur expliquer que leur fille était chez moi.

—   Je vais le faire, merci

Elle était chez moi quand c'est arrivé, c'est à moi de prévenir ses parents et de donner une explication. Je reste assis dans la salle d'attente, anxieux, elle était chez moi quand cet incident s'est produit, si j'avais pu faire quelque chose ? Je sors mon téléphone et compose le numéro des parents de Marion, chaque sonnerie me fait trembler un peu plus, la voix de sa mère répond à l'autre bout du fil.

—   Madame Cooper, c'est monsieur Anderson, le professeur de français de votre fille, je ne sais pas si vous vous souvenez ?
—   Oui bien sûr, Marion n'est pas à la maison cette semaine mais
—   Madame Cooper, il y a eu un problème avec Marion...elle a eu un malaise chez moi... nous sommes à l'hôpital...
—   Est-ce qu'elle va bien ?
—   Je ne sais pas, elle était inconsciente, son médecin est avec elle

Un silence se forme entre nous, la voix inquiète de sa mère se refait entendre doucement.

—    Nous arrivons, vous pouvez rester au cas où les médecins voudraient voir quelqu'un ?

Un soulagement temporaire se fait en moi, à l'idée qu'elle ne me demande pas de partir avant même leur arrivée.

—   Évidemment

Après avoir raccroché, je me retrouve confronté à la tâche de leur donner une explication sur les raisons pour lesquelles leur fille était chez moi. Je ne compte pas mentir, ils seront la vérité, je refuse de continuer à mentir à tout le monde constamment pour me cacher. Que la situation leur plaise ou non, elle sera telle qu'elle. Je fais quelques pas dans la salle d'attente pendant que mon esprit laisse un tourbillon de pensées arrivé, je réfléchis aux mots utilisés, aux explications à donner, tout en sachant que la situation sera loin d'être facile à expliquer.
Mais je suis déterminé, je refuse de continuer à cacher la vérité, à mentir pour me protéger. Peu importe leur réaction, ils méritent la vérité. Mon cœur bat la chamade mais je dois rester calme.

Je n'ai pas revenu son médecin depuis notre arrivée ici, personne ne donne de nouvelle, je ne sais plus quoi pensé, faire. La frustration de ne pas savoir ce qu'il se passe me donne un sentiment d'impuissance. L'inquiétude que j'ai pour Marion n'a jamais été aussi grande, son médecin avait donné le feu vert, c'est qu'elle allait bien, mieux... Je fini par me diriger vers l'entrée de l'hôpital pour prendre l'air un peu, plusieurs infirmières sont en pause, un léger vent se fait ressentir. Une belle journée était en perspective, jusqu'à ce matin.

Mon regard se lève et croise le regard de la mère de Marion, l'inquiétude qu'elles ont est immense. Elle arrive à ma hauteur et je ne sais plus comment réagir, ni même quoi dire.

—   Vous avez des nouvelles ?
—   Non, je n'ai pas revu son médecin depuis
—   Va voir Myriam, je t'attends ici

Elle est venue avec la grand-mère de Marion, je sais qu'elle en sait déjà pas mal et si ce n'est pas elle qui lui en avait parlé alors elle l'a deviné sans complication.

—   C'est avec vous qu'elle devait partir à Hawaï non ?

Je confirme, elle sait.

—   Oui... je ne sais pas ce qu'il sait passer...

Sa main se pose délicatement sur mon bras, un geste plein de douceur pour me rassurer je le sais, et ça fonctionne. Je la regarde dans les yeux, y trouvant un mélange de compréhension et de besoin de me rassurer pour se rassurer elle-même. Dans ce simple geste, la volonté de sa grand-mère est si forte... si puissante...

Just my TeacherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant