Chapitre 3

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Marion

Arrivée devant l'université, un groupe de filles est déjà rassemblé devant le gymnase. Je remarque que le vent souffle, ce qui provoque quelques soucis avec nos jupes. Je me joins au groupe pour me présenter, et je trouve que ces filles ont l'air plutôt sympathiques. La conversation coule naturellement pendant environ 20 minutes, puis le coach arrive pour nous conduire aux vestiaires afin de déposer nos affaires.

- Tu viens
- Je ne suis pas sûr d'y arriver, mon genou est encore fragile et...
- Marion, tu vas y arriver, je crois en toi, d'accord ? Alors, prends ma main et allons-y.
- Je le fais juste pour toi, tu le sais ?
- C'est bien pour ça que je t'aime.

Odile me tire jusqu'au centre du gymnase, où je me retrouve au milieu de toutes les filles. J'ai le pressentiment que je serai la moins douée. Lorsque nos noms sont appelés, je lève les yeux vers les gradins, où Léandre, Nadia et Julien sont venus m'encourager. C'est mignon, mais aussi très gênant, surtout parce que les garçons filment, ce qui signifie que je serai probablement taquinée pendant des années.

- Ne regarde surtout pas à ta droite.
- Pourquoi ?

Évidemment, je ne peux m'empêcher de regarder sur ma droite, et je vois que Monsieur Anderson vient d'entrer dans les gradins, quelques mètres derrière mes amies, juste en face de moi. Madame Harry, la coach, se tourne vers lui en souriant, ce qui me met encore plus mal à l'aise. Je souhaiterais pouvoir disparaître sur-le-champ.

- Monsieur Anderson va nous regarder ?
- Oui, Morgane, car sa petite sœur passe aussi l'audition.
- Elle est ici, sa sœur ?
- Elle n'a que seize ans, plus jeune que vous, mais elle fait partie de l'école et a le droit d'essayer, surtout parce que notre proviseur souhaite plus d'ouverture.

Une jeune fille portant la tenue de cheerleader arrive vers nous, souriante et pas du tout arrogante comme son frère.

- Salut, moi c'est Morgane.
- Madame Harry, pour moi et pour les filles, Élise, Betty, Margot, Lucie, Odile, Marion et Bethany.

Je me sens un peu nul, et je sais que mon professeur me regarde. Je préférerais être une petite souris pour disparaître.

- Marion.
- Oui, euh, Morgane, c'est ça ?
- Oui, je peux te poser une question ?
- Bien sûr.
- Je t'ai vue dans le journal il y a quelques mois, et je voudrais apprendre à surfer. Je me demandais si tu pourrais m'aider.
- Je ne fais plus de surf depuis quelques mois, alors je... Mais demande aux garçons là-bas.
- Je comprends, merci quand même.

J'ai l'impression que Monsieur Anderson sera au courant de cette conversation, et cela risque de me retomber dessus. L'échauffement commence, et finalement, l'audition a lieu. Les autres filles sont pleines d'énergie, tandis que je ne fais la chorégraphie que parce que je le dois, sans plaisir particulier. Je suis désignée comme l'une des voltigeuses avec Odile, Élise, et Morgane en porteuses. Tout se passe bien, je commence même à apprécier les sauts périlleux dans les airs. Alors que je suis en l'air, prête à être rattrapée, je remarque que Morgane bouge pour chasser une mouche. Je comprends rapidement qu'elle va chuter, ce qui se produit inévitablement. J'atterris sur le dos sur le matelas, qui semble aussi dur que de la pierre.

- Marion, tu vas bien ?
- Super.
- Je suis désolée, je...
- On va faire une pause.
- Je vais aller m'asseoir.
- Oui.

Madame Harry m'aide à me relever, et je rejoins les autres dans les gradins pour regarder la suite de l'entraînement. Cependant, mes genoux sont douloureux. Julien, attentionné, me porte jusqu'au banc.

- Ça va ?
- J'ai eu peur d'une mouche, d'une mouche !
- Et ton genou ?
- Il est fragile, j'ai super mal.

Je sais que Monsieur Anderson est probablement capable d'entendre notre conversation depuis les gradins. Je ne mâche pas mes mots et j'exprime ma frustration, même s'il s'agit de la petite sœur de mon professeur. J'aurai des ecchymoses, et mon genou aura probablement une attelle pendant quelques semaines.

Léandre finit par me ramener à l'infirmerie pour s'assurer que tout va bien. Après tout, mes parents seront inquiets et voudront vérifier, même si cela signifie passer la nuit aux urgences.

Je sais déjà que mon professeur me fera la morale pour ne pas avoir respecté sa règle d'être à l'heure. Je réalise que cette journée est loin de se passer comme prévu. Je traverse un couloir qui prend d'habitude 2 minutes en 10 minutes maintenant. Je frappe à la porte de la salle de cours et entre après une heure de cours. Je ne manque pas de donner un regard noir lorsqu'il me voit arriver.

- Je suis désolée, j'étais à l'infirmerie.
- Vous êtes excusée. Installez-vous.
- Par chance, on allait commencer les oraux.

Je sors mon ordinateur pour transférer mon exposé sur ma clé USB.

- Nadia, tu veux bien commencer ?
- Bien sûr.
- Mademoiselle Cooper, vous passerez au prochain cours.
- Merci.

Je ne m'attendais pas à cela, mais il semble que mon professeur peut être presque sympathique par moments. Cependant, j'oublie complètement l'oral en raison de l'incident des cheerleaders. Les autres élèves font leur exposé, et je me rends compte que mes amies m'ont mentionnée dans leurs exposés, ce qui signifie qu'il y a pas mal de vidéos et de photos où je ne suis pas à mon avantage, évidemment. J'ai remarqué que Monsieur Anderson se retenait de rire, mais il laissait échapper quelques sourires. Si je pouvais arracher les yeux de Léandre et Julien, je le ferais et je les mettrais en bocal pour les narguer. Pour aggraver la situation, Julien a inséré une vidéo de notre entraînement du matin à la fin de son exposé, ce qui a fait rire tout le monde, sauf moi.

- "C'était un bon exposé, assez drôle en effet."

Tout le monde a souri, et je savais que ce n'était pas méchant, mais j'étais agacée par ce que Monsieur Anderson disait à mon sujet. J'ai choisi de ne pas réagir, car je ne voulais pas risquer de m'emporter, ce qui ne serait probablement pas bien vu. De plus, il ne m'avait pas directement citée, donc une réponse sèche ne serait peut-être pas justifiée.

Monsieur Anderson a accordé une pause de dix minutes pour qu'on puisse sortir prendre l'air, fumer ou simplement discuter. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire une petite remarque à Léandre et Julien au sujet des vidéos et des photos qu'ils avaient diffusées.

Après la pause, les exposés ont repris, avec la moitié de la classe présentant aujourd'hui et l'autre moitié passant au prochain cours, en même temps que moi. Étonnamment, Monsieur Anderson n'a pas donné de devoir, ce qui a été bien accueilli par les étudiants, nous permettant de profiter de notre soirée. Je pensais que Monsieur Anderson aurait vite oublié les images peu flatteuses de mon exposé, mais visiblement, ce n'était pas le cas.

- En tout cas, vous avez fait de très bons exposés, et nous avons pu constater que Mademoiselle Cooper a un don pour les saltos.

Cette fois-ci, cette remarque a provoqué une réaction immédiate de ma part, et je n'ai pas pu m'empêcher de répondre sèchement :

- Eh bien, vous avez certainement un don pour agacer vos étudiants. Chacun son talent.
- Je vous demanderai de baisser d'un ton et de venir me voir à la fin de l'heure.

Un silence gêné s'est installé jusqu'à ce que la sonnerie retentisse. Je me suis levée et j'attends maintenant à côté de son bureau.

Just my TeacherWhere stories live. Discover now