Chapitre 24

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Tyler 

L'ambiance est devenue délicate à partir de ce moment-là. Elle voulait une réponse à sa question, même si elle en dit le contraire. Je ne sais pas quoi lui répondre. On a pris notre avion le lendemain pour rentrer à Malibu. Elle est venue à la maison pour qu'on puisse passer encore un peu de temps ensemble même s'il y avait très peu de dialogue depuis la veille.

Le livreur a sonné, une lettre recommandée m'était adressée. Il n'y avait pas de destinataire et je n'attendais aucun courrier. Ce n'est qu'en l'ouvrant que j'y ai découvert plus de 40 clichés de Marion et moi, des photos de nous à New York, d'elle chez moi et pire encore, des photos de nous pendant qu'on faisait l'amour. Aucun mot, aucune indication, uniquement les photos.

La veille, elle me demande si je la choisirais, elle ou mon travail, et aujourd'hui des clichés de nous ici ? Si quelqu'un d'autre a eu ces photos, je peux dire adieu à mon travail et à ma crédibilité. Les photos sont posées sur le plan de travail quand elle arrive. Bizarrement, elle n'a pas l'air surprise de les voir, ce qui m'énerve légèrement.

- Tu connaissais l'existence des photos ?

- Oui, mon père me les a fait envoyer il y a deux semaines, il m'a juré que si je faisais ce qu'il me dit, que personne n'aurait les photos

Je ne veux pas m'énerver, mais ses paroles m'énervent, et violemment qu'elle m'énerve. Elle est complètement conne pour avoir cru son père, ce n'est pas possible autrement.

- Ton père t'envoie des photos de nous et tu ne juges pas bon de m'en parler. Tu te fous de ma gueule. Si quelqu'un d'autre voit les photos, je peux dire adieu à ma carrière, à ma réputation. Jamais, je ne dis bien jamais n'aurais une réputation de prof qui se tape une de ses élèves. Jamais, tu m'entends. Tu prends toutes tes affaires et tu sors de chez moi. Et que nous soyons bien clairs, tu n'as été qu'un plan cul depuis le début et rien d'autre, uniquement là parce que je ne comptais pas aller voir des putes.

J'ai envie de lui balancer les photos à la gueule, mais je ne le ferai pas. Elle ne mériterait même pas de les avoir, cette petite conne. Le temps qu'elle dégage de chez moi, je suis allé faire un tour dans le jardin. Vingt minutes plus tard, elle n'était plus là. Il fait nuit, je ne sais pas comment elle est partie, je m'en fous royalement.

***

Marion

Je suis partie de chez lui aussi rapidement que je le pouvais. Je suis rentrée à pied, les bus ne circulent plus, je ne veux déranger personne. Les quarante minutes de marche avec trois sacs lourds sont interminables, et quand enfin j'arrive chez moi, mes grands-parents sont venus dîner avec nous. Je n'ai aucune envie de passer une soirée en famille ou même entre amis. Je veux m'enfermer dans ma chambre et ne plus jamais en sortir.

À notre première rencontre, je savais qu'il ne pensait qu'à lui, méchant et avec tous les défauts possibles. Puis, je me suis laissée convaincre du contraire. Je lui ai donné mon temps, mon corps, et finalement, il s'est foutu de ma gueule depuis le début. Ce sentiment, je ne l'avais jamais ressenti avant aujourd'hui. Je me dégoûte. Je me dégoûte de lui avoir fait confiance et de m'être laissée autant amadouer.

J'ai fait bonne figure devant tout le monde alors qu'en réalité, je ne voulais qu'une chose : pleurer autant que je le pouvais. Je me suis retenu toute la soirée, mais au bout de quelques heures, cela devenait compliqué. J'ai dit bonne nuit à tout le monde et je suis montée dans ma chambre. J'ai à peine fermé ma porte que mes larmes ont coulé sans s'arrêter. Je ne savais plus comment arrêter de pleurer. Je voulais hurler et frapper dans tout ce que je pouvais. J'ai sauté à plat ventre sur mon lit, j'ai engouffré ma tête dans mon coussin et j'ai hurlé en pleurant. Je sentais bien que j'avais de plus en plus de difficulté à respirer, mais je n'arrivais plus à m'arrêter. Il venait de me faire tellement de mal que j'aurais préféré qu'on me poignarde à la place.

Le bruit d'une main contre ma porte se fait entendre. Je fais ce que je peux pour essuyer mes larmes et me rendre présentable avant de donner l'autorisation de rentrer. C'est ma grand-mère qui ouvre la porte, en un seul regard, je comprends qu'elle a compris que quelque chose n'allait pas. Ça ne dure pas deux minutes que je me remets à pleurer sans pouvoir me retenir davantage. Elle s'assied devant moi et me prend dans ses bras, ses mains passent dans mes cheveux et un silence se fait, uniquement mes pleurs résonnent dans la chambre.

- Mon lapin, dit-moi ce qui ne va pas.

Je ne peux pas lui dire la vérité, et pourtant, j'en ai tellement envie. Mais je dois lui mentir, même si je déteste ça. Alors je lui explique simplement que j'ai peur pour le cancer. En réalité, à ce moment-là, j'aimerais que ce putain de cancer me tue. Elle lève mon visage avec ses mains pour avoir mon regard plongé dans le sien, ses lèvres se déposent sur mon front avant de me sourire.

- C'est à propos de monsieur Anderson, pas vrai ?

Comment peut-elle savoir cela ? Je n'en ai jamais parlé devant eux. Je ne parle jamais de lui justement pour éviter de semer le doute ou qu'on ne me pose mille et une question à son propos.

- Tu sais bien que tu peux absolument tout me dire

Mes larmes se remettent à couler, l'énervement remonte, je repense à tout ce qu'il m'a dit avant, tout se mélange à nouveau dans ma tête.

- Je le déteste mamie, je le déteste

- Oh, mon amour

Je le déteste, et il mérite tout le mal possible. J'ai tout raconté à ma grand-mère du début à la fin. Je lui ai aussi dit pour les photos que papa avait faites et son chantage. Elle connaît toute l'histoire depuis le début.

Étrangement, elle reste très calme. On a parlé pendant plus d'une heure de la situation, de ses paroles, et encore de mon père. Je ne veux plus jamais le revoir

- Oh, tu sais, je ne suis pas sûr qu'il ait pensé à tout ce qu'il a pu te dire.

- Je n'ai pas mérité ses paroles.

- Je ne dis pas le contraire, tout ira bien, tout s'arrangera d'accord. En attendant, te concentrer sur le cancer est l'une des priorités. Si ton père te contacte à nouveau, tu me le dis directement, d'accord ?

- Oui, d'accord. Je me vengerai de Tyler, c'est juré.

- Oh, ça, je le sais, mon lapin, je le sais.

Ma vengeance, il va la déguster aussi froide que chaude. Il a voulu jouer avec moi, me prendre pour une conne. Il peut dire adieu à son travail et à sa réputation. Je vais le détruire, je vais détruire sa vie comme il a détruit la mienne aujourd'hui.

Just my TeacherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant