Chapitre 38

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Tyler

  Le bruit assourdissant de la pluie se fait entendre contre les fenêtres et résonne dans la pièce, on est arrivé chez moi il y a seulement quatre heures, l'attente a été interminable aux urgences. Elle a pu passer tous les examens avant de rentrer, ils devraient lui proposer un nouveau traitement d'ici quelques jours, les regards des médecins en disant beaucoup sur la gravité de la situation. Malgré tout, j'ai essayé de la réconforter autant que le pouvait, cela n'avait pas vraiment l'air de fonctionner.
J'aimerais pouvoir faire plus, me retrouver aussi impuissant face à la situation, m'agace. Si, je pouvais lui soulager la douleur ne serait-ce que quelques secondes, je le ferais sans aucune hésitation.
Je m'approche d'elle avec tendresse, mes lèvres se posent sur la tempe quelques secondes afin d'y laisser un baiser. Son visage est cerné, elle n'a pas beaucoup dormi, mais derrière ce regard, je peux lire un peu de sérénité.
On échange un doux regard, cette connexion silencieuse qui se crée à chaque fois que nos yeux entrent en contact, veut en dire énormément. Nous sommes deux dans cette épreuve et nous serons jusqu'à la fin, peu importe les obstacles qui se mettront sur notre chemin, nous les affronterons ensemble, main dans la main.

Le silence enveloppe la chambre, seul le bruit des gouttes de pluie se fait entendre. Je reste là, à ses côtés, la laissant émerger tranquillement. Son regard croise le mien, je n'ai qu'une seule envie lui dire tout ce que j'ai sur le cœur, tout ce que je peux ressentir pour elle, mais ce n'est pas le moment. Elle a beaucoup plus important à penser que mes petites déclarations sans importance. Je lui adresse un sourire, petit certes mais si sincère, j'espère qu'il lui fera comprendre que je ne la lâcherai pas quoi qu'il puisse arriver dans les semaines à venir.

—   Tu as pu dormir un peu ?
—   Non, j'ai veillé sur toi à la place

Son sourire s'agrandit, je crois que mes paroles ont atteint son cœur. Et, j'espère pouvoir lui donner tout le réconfort dont elle a besoin en ce moment. J'aurais dû stopper ces jeux entre nous, ses gages, ses vengeances qui ont très certainement impacter son état de santé et j'y suis pour beaucoup dans ce cas.

—   Tu as l'air pensif, dis-moi à quoi tu penses ?

Si seulement tu savais, tout ce qui peut traverser mon esprit depuis quelques semaines, tout ce que je peux penser de toi, de nous.

—   Je me demandais comment te changer les idées un peu

Quand elle se redresse légèrement pour s'appuyer sur mon torse, la seule réaction que j'ai, c'est de l'aider. Ce qui n'a pas l'air de trop lui plaire en vue du petit regard qu'elle me lance, mais c'est plus fort que moi, je ne veux plus qu'elle se fatigue pour un rien.

—   Du style, un week-end ?
—   Du style, ce que tu veux.

Le regard qu'une petite fille à sur son visage, quand elle reçoit des bonbons est exactement le même que Marion vient de m'afficher. Un sourire d'une jolie petite fille heureuse.

— Comme Hawaï par exemple ?

Ah oui, je ne voyais pas quelque chose à huit heure trente d'avion de Malibu, mais soit, pourquoi pas, si c'est ce qu'il lui faut pour retrouver le sourire et sa joie de vivre. Nous irons à Hawaï.

—   C'est là-bas que tu aimerais aller ?
—   Oui, juste toi, moi et Pablo.

Pablo ? J'ai raté un épisode ou une saison entière ? Mon incompréhension doit être très grande, puisque je n'ai pas besoin de dire quoi que ce soit, qu'elle me sort sa peluche lion. Celle de New York.

—   Ah, Pablo la peluche, évidemment
—   Tu ne t'en souviens pas ?

Mentir ou dire la vérité ?

—   Si, si, évidemment

Tyler Anderson n'a jamais su mentir et ce n'est pas aujourd'hui que je vais savoir le faire.

—   Nous irons à Hawaï dès que ton médecin nous donne le feu vert
—   Alors d'ici quelques jours
—   Oui

Et Hawaï sera l'endroit parfait pour lui parler sérieusement de nous. Qui aurait cru en début d'année que j'envisagerais un « nous » avec une de mes étudiantes, sérieusement. Pas moi, et je n'aurais encore moins parié sur Marion pour me faire complètement chavirer. Elle a su réveiller en moi des émotions que je croyais enfouies pour toujours, chaque moment passé avec elle me confirme que notre lien va bien au-delà que de simples relations enseignants-étudiantes. Bon, cela, c'est le cas depuis qu'on a couché ensemble pour la première fois. Ce n'était pas prévu dans mon programme qu'elle gagne mon cœur et pourtant... Elle l'a gagné il y a déjà longtemps.

—   C'est évident qu'on ira voir les tortues, qu'on ira faire une randonné et qu'on
—   Je ne voudrais pas te stopper dans ton élan, mais pour te reposer surtout. Marion tu en a besoin.
—   Les tortues ?
—   Juste les tortues alors.

Comment on fait pour refuser quelques choses à ce petit bout de femme, on ne peut pas. Et un jour elle aura raison de moi, ça c'est une certitude. Ces lèvres se déposent sur le haut de mon torse avant que sa tête n'y prenne place, mes doigts font des petits allers-retours dans sa nuque pour essayer de la rendormir encore un peu. Cette technique fonctionne avec Lesly alors elle devrait fonctionner avec Marion.
Chaque battement de son cœur contre le mien semble me murmurer un tas de promesses de notre avenir que je n'aurais jamais imaginé. Je suis incapable de résister à son charme, à sa douceur.
Mes pensées se mettent à vagabonder un peu partout, je fini par me perdre en nous imaginant dix ans plus tard, avec un bébé peut-être. 
Je nous imagine, main dans la main, dans notre petit cocon avec les éclats de rire et les cris d'un enfant qui aura bien hérité du caractère de sa mère.

—   Aujourd'hui, notre fameuse journée au lit ?
—   Oui, aujourd'hui
—   Entre-nous, je ne la voyais pas comme ça

Oh moi non plus, j'étais loin de m'imaginer quelle serait comme ça.

—   Comment ?
—   J'étais plus partie sur une journée au lit et les seuls moments de répit ont été pour récupérer de nos ébats.
—   Si ça peut te rassurer, cette journée est prévue. On va juste attendre que tu récupère correctement et ensuite crois-moi le lit va prendre pour son grade.
—   Chaque pièce de la maison

N'importe quel endroit de cette maison prendra pour son grade et sentira nos deux corps coller, je peux le lui promettre sans aucun problème.

- Dès que tout cela sera terminé, je te récompenserai comme il se doit, d'avoir été forte.
—   Alors, j'espère que ce moment arrive vite
—   Moi aussi, je l'espère

Je n'espère que cela, qu'elle aille mieux, que tout se termine et que tout redevienne comme au début, enfin, uniquement pour sa santé.
Je sens sa respiration s'atténuer petit à petit, ses muscles se décontracter, elle finit par s'endormir sans complication. Je ne veux pas la réveiller, ni même la déplacer. La garder contre moi est le moyen le plus sûr pour veiller sur elle correctement, et être présent en cas de n'importe quel souci qu'elle pourrait rencontrer.

Just my TeacherWhere stories live. Discover now