Chapitre 13

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Huit mois plus tard, 25 mai.

Marion

***

- Joyeux anniversaire, princesse de ma vie.

Eliot vient de rentrer dans ma chambre en hurlant, un autre jour j'aurais hurlé dans toute la maison, mais pas aujourd'hui. Le 25 mai, c'est ma journée et j'ai hâte de voir les surprises qu'ils m'ont toutes préparées. Il me porte en sac à patates pour me descendre en bas dans la salle à manger, où mon petit déjeuner m'attend : des pancakes, des fruits, du jus.

Ce matin, on déjeune tous ensemble en famille. Mes grands-parents sont déjà là et prêts à animer cette journée. Je n'ai pas de programme pour cette journée, ils ne veulent rien me dire, garder la journée en surprise, c'est leur ambition du jour.

Pour commencer la journée, ils m'ont demandé de mettre une tenue agréable. J'avoue, je m'attends au pire avec eux, surtout qu'ils ont l'air très fiers des activités. On prend la route pendant environ deux heures avant d'arriver dans un énorme parc. Je comprends rapidement qu'ils veulent me faire sauter à l'élastique. Ce sont de grands malades, ma parole.

Mon grand-père, mes frères, mes sœurs et moi, ils veulent sauter tous ensemble au-dessus d'un petit lac. Donc, dans le meilleur des cas, je m'en sors avec des blessures, et dans le pire des cas, j'en meurs. Non, mais pourquoi pas ? S'ils voulaient ma mort pour mes 21 ans, il fallait me le dire, quoi.

On monte à plus de 30 mètres avec une télécabine. Mes parents et mamie attendent en bas pour filmer. On nous équipe un à un. Plus l'heure de sauter arrive, plus j'ai envie de fuir. Je suis la seule à stresser, apparemment. Ils ont tous hâte d'y aller. Ils rigolent de joie comme si on allait au cirque, alors qu'on va sauter dans le vide à 30 mètres.

Vous n'imaginez pas à quel point j'ai pu hurler pendant toute la durée de mon saut. Mon grand-père avait une GoPro en main, alors il a pu nous filmer tous. Je ne donne pas cher de nos têtes. Je descends dans un état pitoyable. J'espère pour eux que la prochaine activité est plus agréable, sinon je vais y laisser ma vie.

Seconde activité de la journée : safari dans un énorme parc animalier pendant plus de 3 heures. Ils ont réservé un restaurant pour 20 heures, alors on a repris le chemin de la maison pour pouvoir se changer. Ils sont tous partis en avance pour je ne sais quoi. C'est papi qui doit me ramener là-bas à une heure précise.

J'enfile ma robe de soirée moulante rose gold avec des paillettes, décolleté et à fines bretelles, maquillage, bijoux, talons et chignon. Pour une fois, j'ai eu le temps de me préparer sans que personne ne me presse. On prend la route du restaurant seulement à 20 heures 30 parce que papi a oublié de mettre le son sur son téléphone et n'a donc pas vu le message de mamie.

On arrive donc avec un peu de retard, pour ne pas changer d'habitude. Ils ont fait préparer une table sur la véranda du restaurant, face à l'océan. Ils ont même installé un petit mur à photos pour le shooting souvenir. Je ne peux enlever le sourire affiché sur mes lèvres. Mes amis sont aussi présents, et c'est le meilleur moment de ma journée. Le gérant du restaurant, que l'on connaît bien, arrive avec une écharpe 'Miss 21 ans'.

- Je ne peux que donner ça à la nouvelle majeure de l'année.

- Merci

Et là, à la table à moins de 2 mètres de la nôtre, Monsieur Anderson est avec ses amis et sa famille. Odile me regarde en souriant, un sourire qui veut dire 'c'est le destin'. Je ne peux que lui adresser un léger sourire. Je m'installe avec ma famille, et bien évidemment, je me retrouve dans sa trajectoire, et il est dans la mienne. On commence par prendre l'apéro, et tout se passe à merveille. Mon téléphone s'allume, et je vois son message.

"Oublier de me dire que c'était votre anniversaire non?" 

"Hier ce n'était pas le moment..."

"Joyeux anniversaire Mademoiselle Cooper"

Un sourire m'échappe, et pas des plus discrets. Je relève les yeux, et ils ont tous les yeux rivés sur moi avec un énorme sourire, et lui aussi, il me regarde. Il vient de voir ma réaction en direct, et ça, c'est gênant pour le coup. La table où il se situe est tellement proche que je sais qu'il nous entend parler, et qu'il va les entendre me questionner et répondre.

- Qui te fait sourire comme ça

- Personne, je n'ai vu qu'un truc drôle.

- Petite menteuse, qui est ce garçon ?

Je vois du coin de l'œil qu'il entend, je le vois dans son regard. Ils parlent peut-être avec sa mère, mais il entend, je le sais

- Un sourire un peu trop sincère pour un truc drôle.

- Roh, vous allez me laisser

- Dis-nous au moins son prénom.

- Et si on mange.

J'arrive à esquiver le reste des questions, mais seulement parce que c'est mon anniversaire. Ils insisteront demain, je le sais, et je vais devoir ruser et préparer mes réponses à l'avance. Le repas arrive, on commence à dîner dans une bonne humeur parfaite jusqu'à ce qu'une voix ne résonne.

- Bonjour

Mon père, mon père est là, un blanc se fait quelques instants, avant que ma mère ne se lève.

- Qu'est-ce que tu fous ici ?

- C'est l'anniversaire de ma fille.

- Tu dégages.

Les personnes autour entendent et commencent à nous regarder, et ça commence à partir en embrouille entre eux.

Je te donne 2 minutes pour partir, ou j'appelle les flics.

Je te rappelle qu'ils ne pourront rien faire, l'injonction s'arrête aujourd'hui, elle est majeure ici aussi.

- Casse-toi.

L'air devient de plus en plus difficile à respirer, ils sont tous en train de s'embrouiller avec lui. Je ne sais pas quoi faire, je n'arrive plus à respirer. Odile le voit, la crise de panique arrive. Elle m'emmène dehors au bord de l'eau pour prendre l'air.

***

Tyler

Odile rentre à nouveau dans le restaurant, je comprends rapidement qu'il se passe quelque chose. Bon, ça on l'a compris depuis déjà 10 minutes, ils se prennent la tête depuis un petit moment. Ils sont tous tournés pour écouter. J'en profite pour sortir, elle est plus loin au bord de l'eau, debout. Je suis peut-être assez loin, mais elle pleure.

Je n'ai pas envie de la laisser dans son état actuel, et je ne pense pas que la laisser seule soit la meilleure des solutions non plus. Odile me voit et me sourit, je comprends qu'elle me laisse y aller avec plaisir. Je marche vers elle, en essayant de ne pas l'effrayer non plus. Je reste à 4 mètres derrière elle, je ne sais pas quoi lui dire, la situation est délicate. Elle sent une présence et se retourne, je m'avance et lui pose ma veste sur les épaules.

Ma main se dirige vers son visage, avec mon index, je lui essuie ses quelques larmes sur sa joue gauche. Elle a besoin d'être rassurée, je le sais, et le vois sur son visage. Ça finit par se faire naturellement, elle est contre moi, ma main passe dans ses cheveux, ses bras autour de ma taille. Une sensation s'empare de moi, que je ne saurais décrire.

- Tout se passera bien, d'accord ?

Au bout de quelques minutes, elle relève la tête et sèche ses dernières larmes

- Votre prochain défi, c'est de sourire, mademoiselle Cooper.

Elle posa sa main sur ma joue pour essuyer les quelques larmes qu'elle a laissées. On échange un dernier regard avant de retourner rejoindre nos familles.

On est à 2 mois de la fin de l'année. Ça va faire sept mois qu'on joue à ce jeu, défi sur défi, qui prennent une ampleur de plus en plus importante, et qu'on le veuille ou non, on se rapproche de plus en plus.

Just my TeacherWhere stories live. Discover now