Chapitre 37

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Marion

J'ai quitté la maison de Tyler à dix heures, en lui disant que j'avais plusieurs rendez-vous avec ma mamie. En réalité, je me dirige vers l'hôpital pour passer des examens et déterminer l'efficacité des chimios que je subis trois fois par semaines depuis quelques mois.

Je n'ai pas encore eu le courage de lui parler de mon cancer et pourtant j'aurais dû le faire il y a déjà un moment, mais je ne sais pas, la peur, l'angoisse m'enserrent à chaque fois que je pense être le bon moment. Tout commence seulement à bien se passer entre nous, je n'ai pas envie de tout gâcher

Juste l'idée de lui révéler que je suis malade me terrifie. Comment va-t-il réagir ? Est-ce qu'il serait capable d'assumer une liaison avec moi ? Ces questions persistent et me paralysent face à lui.

Pourtant, je sais bien que la vérité est inévitable. Tyler mérite de savoir, et notre relation s'il doit y en avoir une, mérite d'être bâtie sur de la confiance.

L'anxiété prend place dans la salle d'attente, mes rendez-vous médicaux se succèdent assez rapidement et chaque pas dans cet hôpital me rapproche un peu plus de la vérité. Peut-être les résultats seront positifs et je n'aurais pas besoin de lui en parler ?

J'ai envie qu'il fasse partie de mon combat, j'ai besoin de lui mais ce n'est que mon professeur de français jusqu'à preuve du contraire. Et puis, je l'ai bien vu dans son regard, il va accepter ce post à New York et je vais me retrouver seule ici, comme-ci il ne s'était jamais rien passé entre nous.

Un tas de sentiment planent autour de moi. Je veux lui en parler, mais une barrière est toujours présente et si elle n'est jamais brisée et bien... nous ne pourrons pas aller loin.

A chaque problème sa solution je le sais bien mais je ne suis pas sûr qu'il y ait une solution à ce problème ci.

L'attente est insoutenable, j'ai l'impression que je suis ici depuis des jours. Les minutes paraissent une éternité, les pensées tourbillonnent dans ma tête et l'anxiété prend de plus en plus de place.

Les questions sans réponse me hantent, mes pensées sont en deux parties: celles qui ne font que penser à Tyler et les autres qui ne pensent qu'aux résultats.

Mon nom résonne quelques secondes dans la salle, c'est à mon tour, mes résultats sont là, le médecin m'attend. J'attends ça depuis des heures, j'ai passé ma journée ici, à passer uniquement des examens et je vais enfin savoir si tous fonctionnent, si je suis bientôt guérie.

Le médecin commence à parler, mes mains commencent à trembler, je ne peux plus contrôler mon stresse, l'atmosphère devient lourde, les résultats tombent, mes larmes coulent et je ne peux plus les contrôler. Je pensais être guérie... le cancer à grossi, mon état s'affaiblit progressivement, les chimios ne fonctionnent pas comme espéré.

Un silence pesant s'installe dans la pièce quand il arrête de parler, ses paroles résonnent dans ma tête, tout se mélange, je ne veux pas assimiler ce qu'il vient de me dire.

Mes yeux fixent un point invisible cherchant à échapper à cette vérité brutale, cette phrase « le cancer à grossi » persiste dans mon esprit, elle se répète en boucle, je ne peux plus rien maîtriser, ni mes larmes, ni mon anxiété, ni les paroles dans ma tête.

Le médecin continue de me parler de ce qu'il va se passer, mais ses paroles sont lointaines, étouffées par mon esprit qui pense à autre chose, un nœud se forme dans ma gorge quand j'essaie de parler et je lutte pour essayer d'arrêter mes larmes mais sans aucun succès. Je ne veux qu'une seule chose à ce moment précis, c'est lui, je veux Tyler, rien d'autre. Sa présence me devient impérative.

Je ne veux plus entendre ce médecin parler de ça, je ne veux plus que personne ne m'en parle. Ses mots doivent cesser dans mon esprit, le besoin d'avoir Tyler avec moi devient la seule chose qui me préoccupe.

Une infirmière est arrivée pour me prélever encore un peu de sang et ils m'ont laissé sortir de la pièce pour me revoir dans quelques jours, le temps que j'avale la pilule. Il appellera lui mes parents pour le leur annoncer, je n'aurais pas la force de le faire.

Je me dirige vers la cafétéria, mes yeux longent le sol sans regarder devant moi. Une silhouette se place devant moi, dites-moi que ce n'est pas un autre médecin ou je ne sais qu'elle infirmière qui veut encore me prendre du sang.

Je lève la tête, l'incompréhension sur mon visage, dans mon corps.

— Ne m'en veux pas de t'avoir suivi

Je ne veux plus réfléchir, mes bras passent autour de sa nuque et mes larmes coulent sans que je ne puisse rien faire, sentir ses bras se resserrer autour de moi et la seule dont j'ai besoin à ce moment-là. Je ne veux plus qu'il me lâche, comment il sait ? je ne veux pas le savoir pour le moment. La seule chose que je souhaite c'est rester dans ses bras aussi longtemps que possible. J'ai besoin de ce sentiment de sécurité qu'il me procure.

— Si tu peux rentrer, je te ramène à la maison d'accord ?

La tendresse dont il prononce cette phrase, la même tendresse qu'à chaque fois qu'il me parle, sa main caresse délicatement le long de mon dos. Je sais que je suis en sécurité avec lui, je le sais.

— J'ai encore des examens à passer...

— Alors, je vais attendre avec toi... et quand tu pourras partir, on rentre

— Chez moi ?

— Non, tu viens à la maison.

Quand ses lèvres sellent les miennes, alors que nous sommes dans un hôpital, à la vue de tout le monde, je sais, je sais que notre histoire prend une nouvelle tournure. Laquelle ? je ne sais pas encore mais sûrement la plus merveilleuse des tournures.

L'hôpital semble disparaître autour de moi, il n'y que lui et moi pendant quelques instants. Le regard des autres n'a plus aucune importance, seul son regard à lui m'importe, celui qu'il me porte.

Sa main glisse dans la mienne, il ne m'a pas lâché jusqu'à la salle d'attente, il sait assis à côté de moi et ne m'a pas lâché, ses murmures pour me réconforter et m'éviter une crise de panique.

Son soutien silencieux prend vie dans ses baisers sur ma tempe, sa présence constante près de moi dans cette salle d'attente. Chaque geste, chaque mot est son affirmation à être à mes côtés dans ce moment douloureux pour moi. Je regrette de ne rien lui avoir dit avant qu'il ne le sache de lui-même.

A cet instant précis, dans cette salle d'attente, nous faisons front ensemble. Les barrières professeurs et étudiantes elles aussi disparaissent instantanément.

Peu importe ce que l'avenir me réserve, je le veux à mes côtés jusqu'à la fin de ma vie.

Les instants dans cette salle s'étirent, les baisers sur ma tempe continuent, mais je n'ai toujours pas osé le regarder droit dans les yeux pour savoir ce qu'il peut penser de moi. De la haine de ne rien lui avoir dit ? ou peut-être rien de tout cela. La peur prend sûrement trop le déçu sur cette histoire, mon père à briser ma confiance envers les hommes...enfin, jusqu'à Tyler, il a tout changé.

— Pardonne moi... de n'avoir rien dit...

Ses doigts lèvent délicatement mon menton, il capte mon regard et mes yeux plongent dans les siens, son regard n'est pas haineux, il est plein de légèreté et son sourire lui est juste à croquer.

— Tu me l'as dit tu sais, le soir ou tu t'es brûler la main, je t'ai ramené aux urgences et le médecin à demander et tu as dit que tu étais sous traitement pour un cancer du sein, tu avais bu. Alors tu ne t'en souviens pas. Ce soir-là tu m'a demandé de faire comme-ci je ne savais rien, si tu ne t'en rappelle pas de toi-même. Alors c'est ce que j'ai fait. Jusqu'à ce soir.

Mes larmes coulent d'elle-même, il le sait depuis un moment déjà... et il n'a rien laissé paraître, son regard n'a jamais changé envers moi...

— J'ai besoin de toi... énormément besoin de toi...

— Je ne te laisse plus, c'est promis, je serais là.

Ses lèvres se posent sur les miennes, ses paroles sont confirmées par son doux baiser.  

Just my TeacherWhere stories live. Discover now