Chapitre 31

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Tyler

Je vais la démonter, elle n'a pas osé faire ça. Ce n'est plus une vengeance, elle veut me nuire à ce stade-là. Comment a-t-elle pu aller trouver la responsable de l'université pour lui parler de notre liaison, et en plus avec les photos que son taré de père m'a fait envoyer ? Je n'arrive pas à comprendre. Pourquoi ? Ce n'est pas une vengeance, ou alors je suis juste con. Elle ne répond à aucun de mes messages et de mes appels. Je vais finir par casser mon téléphone en deux. J'ai rendez-vous avec la principale ce soir à dix-sept heures. Je ne veux même pas imaginer le savon que je vais me prendre en pleine gueule. Comment vais-je me justifier ? Oui, Marion était un plan cul. Waouh, quelle justification d'enfer, Tyler. De plus, ce serait mentir. Ce n'était pas qu'un plan cul. Sérieusement, je pouvais m'attendre à beaucoup, mais pas du tout à cela.

Comment voulez-vous que je sois un minimum crédible alors qu'elle a vu des photos de moi, plus que découvert ? Je serais plus gêné qu'autre chose dans cette situation. De toute manière, me hanter l'esprit avec ça maintenant ne servirait à strictement rien. Je verrai bien après ce qu'il en dit. Pour le moment, je crois que la meilleure chose que je puisse faire, c'est me changer les idées, et rien de mieux que d'aller dans un endroit calme sans monde. Je vais au cimetière voire Lylou. Au moins, elle pourra m'écouter sans me donner son avis, et puis, ça fait un petit moment que je ne suis pas passée lui rendre visite.

Avant d'arriver au cimetière, je suis passé chez le fleuriste lui prendre ses fleurs préférées, les roses bleues. Les tombes sont toujours bien entretenues ici ; on lui a choisi un endroit calme avec une vue sur l'océan plus loin. Il était hors de question qu'en plus de l'avoir tuée, elle ait une tombe dans un endroit merdique sans vue. Elle méritait de reposer en paix, au milieu des fleurs avec une magnifique vue. Maman a dû passer il y a quelques jours, des fleurs sont déjà présentes dans le vase. J'ai changé l'eau du vase, ajouté mes fleurs aux autres, puis je me suis installé sur le banc qu'on a fait installer juste en face de sa tombe.

Je me suis mis à lui raconter toute l'histoire depuis le début, comme si elle allait me répondre. Je sais pertinemment le discours qu'elle me tiendrait. Je n'ai jamais aimé parler de mes problèmes et de mes histoires, mais je ne sais pas, ici, devant elle, c'est si simple, si apaisant. Je ne sais pas quoi faire, comme si c'était ici que j'allais trouver une solution, ça ne risque pas.

J'ai passé plus de trois heures avec elle, à lui parler de tout et de rien. Plus je lui parle, plus je m'en veux. Je ne viens pas souvent ici. Je lui ai enlevé la vie, elle est morte dans ma voiture, alors oui, c'est de ma faute. J'ai été pompier, j'aurais dû pouvoir la sauver. Je ne suis déjà pas capable de prendre soin de ma propre petite sœur, alors comment pourrais-je prendre soin d'une femme ? J'ai quitté le cimetière et je suis directement reparti pour l'université. Je me fais un tas de scénarios, mais pourtant, je n'arrive pas à en vouloir à Marion, enfin un peu, mais pas beaucoup."

Si elle a fait ça, c'est qu'elle a une bonne raison, et je pense que c'est beaucoup plus profond que juste une vengeance. Et je finirai par savoir exactement les raisons de son acte. En attendant, je vais assumer, et je compte bien dire la vérité. J'espère juste que ça ne me coûtera pas ma place ici. J'ai mis tellement de temps à trouver un emploi dans un établissement qui me plaît et où je me sens bien. Je ne veux pas devoir recommencer mes recherches, pas pour une histoire aussi peu importante.

Je me suis retrouvé dans les bouchons une vingtaine de minutes avant de pouvoir enfin me garer et prendre le chemin du bureau où je suis attendu. J'hésite un instant avant de toquer. Je ne peux difficilement me dégonfler de toute manière. J'entends une voix qui me demande d'entrer. Elle me fait signe de m'installer et a commencé à m'expliquer tout ce que Marion avait pu lui raconter quelques heures avant. J'ai dû confirmer chaque chose une par une. Elle s'est fait un plaisir de me montrer chaque photo une par une, me confirmant à chaque fois que c'était inadmissible que des choses comme celle-ci puissent se produire, et que je devrais avoir honte de me taper une gamine de vingt ans.

Just my TeacherWhere stories live. Discover now