Chapitre 34

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Marion

Le soleil brille déjà de mille feux, autant que mon esprit qui essaie de s'imaginer comment a bien pu réagir Tyler ce matin, quand ma petite surprise est venue le réveiller à une heure totalement utile. Quelle tête à bien-t-il pu faire en découvrant le strip-teaseur devant sa porte ? une chose dont je suis absolument certaine, mon petit sourire de satisfaction l'énerverait bien. Je me demande bien ce qu'il va bien pouvoir inventer pour riposter un petit coup, faire mieux que moi ? impossible, être plus malin que moi ? impossible. Je pensais passer la journée seule à la maison, à bronzer et dormir au bord de la piscine, mais mamie, papi, maman et papa ont décidé de rester passer la journée à la maison pour éviter que mamie ne fasse de malaise avec la chaleur. Je descends préparer mon petit-déjeuner tout en continuant de penser à la tête qu'il a bien pu faire. Je n'ai jamais été aussi fière de l'une de mes conneries.

—   ­­­Qu'est-ce qui peut bien te faire sourire comme ça, de bon matin

Je sourie autant que ça ? si je ne voulais pas être cramé et bien je crois bien que c'est foutu.

—   Odile m'a fait rire, maman, tu peux me donner le lait ?

Hop, un changement de discussion très bien effectué, je savais bien que j'étais très doué pour ça et pas que pour cela d'ailleurs.

—    Marion ?
—   Oui maman ?
—   N'oublie pas ton traitement
—   C'est promis

J'en oublie presque ce satané cancer avec toutes ses histoires de vengeance, ma famille et mes amies savent très bien que je suis malade, alors que Tyler, lui, non, je ne lui avais rien dit, donc il ne sait rien et c'est ce qui change, il ne me regarde pas comme si j'étais malade puisqu'il ne sait rien, son regard ne change pas et c'est de ça dont j'ai besoin. Ses provocations sont mon moyen de décompresser de mes chimios, médicaments et tout mes tas d'examens, sans parler de ma famille qui sont tout le temps sur mon dos pensant que quoi que je fasse, je peux me faire mal. Tyler est ma bouffée d'air frais en ce moment et j'en ai plus que besoin, je peux échapper à la réalité quelques instants grâce à lui.

C'est étrange à dire mais lorsque j'étais en sa compagnie, les traitements, les médicaments, les examens, mes problèmes avec mon père semblaient disparaître un instant. Tyler ne me regardait pas avec cette pitié que je recevais de ma famille et mes amis. Son regard à lui restait inchangé, évidemment, puisqu'il ne sait rien mais ça ne change en rien ce que je peux penser de lui. C'était une bouffée d'insouciance dans ma vie, des moments où je pouvais simplement être moi-même, sans que ma maladie soit au centre de l'attention comme ça peut l'être à la maison.
Les provocations sont des formes de thérapie pour moi, un moyen d'aller bien quelques instants. Chaque sourire, baiser voler, regard, c'était comme si Tyler m'aidait à laisser de côté cette réalité douloureuse.

Une magie s'opérait entre nous, quelque chose de mystérieux, à chaque fois que nous étions dans la même pièce et cela depuis notre toute première rencontre, j'ai besoin de ce jeu entre nous et ce dont j'ai besoin par-dessus tout c'est d'avoir Tyler pas trop loin de moi. C'est mon petit remède personnel finalement, il est le remède à mon malheur, il le transforme en bonheur.

—   Marion Cooper, est-ce que tu m'entends

Des mains passent plusieurs fois devant mon visage jusqu'à m'enlever de mes pensées, je savais que je pouvais rêver souvent mais alors à ce point, il hante mes pensées jour et nuit ce n'est pas possible. Tyler Anderson sort de mon esprit au moins dix minutes. Merci.

—   Oui, oui j'entends
—   Je te parlais de quoi ?
—   Bon, peut-être que je n'écoutais pas vraiment

Je crois que si elle commence à me parler de ses journées avec Marta de la semaine dernière, je simule un malaise.

—   On a sonné à la porte, on nous a donné ça pour toi
—   Pour moi ?
—   Oui, oui pour toi

Son regard change d'un coup, et je la connais, là elle aimerait pouvoir me couper la tête en deux. Pourtant, je n'ai pas fait de connerie depuis un petit moment, elle peut difficilement m'en vouloir pour quelque chose. Ses yeux sont rivés sur l'enveloppe, qu' elle n'a d'ailleurs pas pu se retenir d'ouvrir.
Oh putain ! Tyler Anderson je te déteste !
Mais pardon, une fiche de paie de strip-teaseuse, c'est l'arroseur arroser. Comment je justifie ça moi maintenant ?

—   Quoi ? mais c'est une erreur hein ? tu ne penses pas que
—   Alors donne-moi la raison de cette enveloppe avec ton nom et prénom et notre adresse, étrange comme erreur
—   Je ne me fou pas à moitié à poil sur une scène hein
—   J'espère pour toi, oui

Elle ne va plus me lâcher, je vais me reprendre à dans la gueule pendant un long moment et je suis certaine qu'elle ne me croit absolument pas. Je ne savais pas comment j'allais pouvoir me venger après sa vengeance à lui, maintenant je sais et il va s'en mordre les doigts.
Me faire passer pour une meuf qui passe ses week-end à être strip-teaseuse c'est vraiment culotté, bon j'avoue, j'ai mérité. Mais je n'ai pas fait envoyer le mec à moitié nu chez ses parents à ce que je sache.
Le fameux dîner de fin d'année avec les autres chez Tyler c'est demain, donc ma vengeance doit avoir lieu ce soir pour que je puisse admirer sa défaite toute la journée demain. Et croyez-moi, il ne va plus vouloir jouer après ce soir.
" Ce soir, 22 heures à l'adresse suivante : 102 Pacific Coast Hwy"
Évidemment qu'il va aller se renseigner sur l'adresse, s'il ne la connaît pas déjà de lui-même. Je ne verrais peut-être pas sa tête quand il va découvrir le lieu du rendez-vous, par contre, je verrais sa tête en réel ce soir devant ma vengeance qui je suis certaine va lui plaire. Je n'ai plus qu'une chose à faire profiter de ma journée, trouver une solution pour disparaitre ce soir sans que ma mère ne pense que je vais « travailler ». Et le tour sera joué et pour ça, une seule solution, demandé à Odile de me couvrir et de m'aider ce qu'elle fera avec le plus grand des plaisirs c'est certain. Un petit message pour expliquer la situation et mon idée à Odile, en espérant qu'elle soit chez elle ce soir et qu'elle puisse me servir d'alibi.
Ce soir quand il franchira la porte, ses yeux vont s'écarquiller et il va voir si flou, que ces yeux auront besoin d'hydratation pour aller mieux. Je suis plus que curieuse de voir comment il va réagir en croisant mon regard dans cette situation. Il ne manquerait plus qu'il la trouve drôle la situation.
"J'y serais ;)"
Si seulement il pouvait savoir à quoi s'attendre, pauvre petit. Il n'est pas au bout de ses peines. Demain le repas risque d'être long pour lui, pas sûr qu'il soit de très bonne humeur non plus d'ailleurs.

Qui aime bien, châtie bien, non ?

Just my TeacherWhere stories live. Discover now