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Après avoir fouillé ma chambre, ils s'en vont enfin. Je range mes habits à nouveau dans mon placard rageusement. Mon chef est toujours là, et me regarde faire.

- De qui sont ces roses, Maya ? Me demande-t-il.

- Je vois quelqu'un depuis quelques jours. Lui répondis-je froidement. Il m'offre des cadeaux, depuis.

Il hoche la tête, pas convaincu.

- Ne nous en veut pas, ma fille. Dit-il en soupirant. C'est pour ton bien. Caleb t'a peut-être influencé sans que tu ne le saches.

Je me tourne alors et lui fais face.

- Si une de vos filles étaient dans la même situation, auriez-vous laissés des hommes fouiller dans ses affaires de cette façon ?

Il ne répond pas. Il détourne le regard. La réponse, je l'ai. Non. Il ne l'aurait pas permis. Parce qu'après tout, je ne suis pas sa fille. Je suis personne.

- C'est ce que je pensais. Dis-je doucement.

- Écoute, Maya... tu es ma fille mais c'est différent... me dit-il. Tu m'as tout le temps repoussé, je n'arrive pas à me voir comme ton père.

- Donc c'est de ma faute ? M'exclamais-je. Est-ce de ma faute que je n'ai pas voulu remplacer mon père ? Vous vouliez que je vous appelle "papa", alors que je partais encore voir une psychologue pour la mort de mes parents.

Je tente de contenir mes larmes et garder la tête haute.

- Je vous remercie pour tout le bien que vous m'avez faits, mais je ne pouvais pas simplement remplacer mon père. Dis-je doucement. Quand j'étais petite, je pensais que mon père serait triste si j'appelais un autre homme "papa". Et malgré moi, je continue toujours à le penser.

- ... Et c'est dommage, Maya. Tu pouvais avoir un deuxième père. Dit-il en soupirant. J'aurais pu être ce deuxième père.

Je secoue ma tête. Je ne veux pas de deuxième père. C'est comme me demander de me remarier après avoir perdu mon premier mari. C'est impossible. Personne ne peut prendre la place qu'a ma mère, mon père et Caleb dans mon cœur.

- Je veux rester seule. Lui dis-je.

Il soupire puis hoche la tête, avant de sortir de ma chambre. Dès que la porte se ferme, je me rue sur l'aspirateur. Je l'ouvre puis récupère mon téléphone. Je prends mon sac, et sors de mon dortoir. Puis de la base.

Je prends une voiture pour me rendre à l'adresse indiquée sur mon téléphone. Une fois arrivé, je descends et rentre dans le bâtiment. Je monte dans les escaliers, jusqu'au quatrième étage, puis toque à la porte de l'appartement. Une vieille femme vient m'ouvrir.

- Salam aleykum khalto, je viens pour voir Kayla. Lui dis-je.

- Wa aleykum el salam benti, entre. Dit-elle en souriant.

Je la remercie, puis retire mes chaussures avant d'entrer. Kayla, l'ex-femme de Kaysan est là. Elle me sourit puis m'invite dans le salon. Un homme est là. Je comprends que c'est lui, le frère de Kaysan. Il lui ressemble beaucoup. Mais il semble plein de vie, contrairement à Kaysan, qui semble pire que brisé.

- Vous devez être la policière dont m'a parlé ma femme. Me dit-il en me tendant sa main.

Je hoche la tête en serrant sa main. Je m'assois ensuite avec eux, après qu'ils m'aient servi du thé.

- Vous avez dits... avoir connu mon frère. Dit-il. Est-ce récent ?

- Oui. Il y a quelques mois. Lui répondis-je.

- Oh... et comment va-t-il ? Me demande-t-il.

- Bien, je suppose.

Il va bien, grâce à Caleb. Sinon, Allah seul sait ce qu'il serait devenu.

- Adina était bien votre fille et celle de Kaysan ? Demandais-je à son ex.

- Oui. Répond-elle. Je lui ai donné naissance le 18 novembre.

- Le 20 novembre. La rectifiais-je.

Elle rit nerveusement. Cette moins que rien a même oublié la date de naissance de sa fille. Kaysan, lui, non.

- Vous avez eu d'autres enfants, ensuite ? Lui demandais-je.

- Malheureusement, non... Dit-elle en soupirant. J'ai eu deux fausses couches...

Tant mieux. Elle ne mérite pas de se reproduire. Ni elle ni son mari.

- Je vais vous laisser. Dit son mari en se levant. J'ai un appel important.

Je hoche la tête, alors que sa femme semblait de plus en plus nerveuse.

- Maintenant que nous sommes seule à seule, je dois vous avouer quelque chose. Lui dis-je.

Elle me regarde en fronçant les sourcils.

- Nous avons quelques doutes sur le fait que vous soyez celle qui a assassiné la petite. Lui admis-je.

Elle fait les gros yeux.

- Je... je n'ai rien fais ! C'est Kaysan ! Balbutie-t-elle.

- Écoutez, je déteste Kaysan autant que vous. Lui mentis-je. Je veux l'emmener en prison avec l'homme pour qui il travaille. Ils sont tous les deux dans la mafia. Et j'ai besoin de votre aide pour l'emprisonner.

- Comment puis-je vous aider ?

Je tourne la tête pour voir si personne ne nous écoute avant de me concentrer sur elle.

- Vous devez m'avouer tout ce qu'il s'est réellement passé ce jour-là. Lui dis-je sérieusement. Je dois effacer toutes les preuves qu'ils ont, pour les remplacer par des preuves contre Kaysan. Vous comprenez ?

- Vous allez m'arrêter. Dit-elle doucement.

Je serre fortement mon téléphone.

- Non. Lui assurais-je. Je ne veux pas vous arrêter, mais je veux arrêter votre ex-mari. Je vous promets que vous ne subirez rien.

Elle hoche alors la tête, confiante. Si elle savait...

- D'accord... Dit-elle en soupirant. C'était moi. J'ai tuée Adina avec l'aide de mon mari. Je ne voulais plus avoir de lien avec mon ex-mari et commencer une nouvelle vie avec mon mari. Et je voulais faire souffrir mon ex, comme il m'a humilié devant tout le monde au tribunal...

Je serre ma mâchoire. L'entendre le dire aussi calmement me glace le sang. Et elle continue. Elle m'explique avec détail la scène du crime. Ils ont complotés plusieurs mois, avant de passer à l'acte. Ils ont détruis la vie de mon frère.

- Le regrettez-vous ? Lui demandais-je.

- Non. Si c'était à refaire, je le referais.

Je me retiens de lui sauter à la gorge et lui refaire la figure. Heureusement que j'ai tout pris en enregistrement audio. Elle ne pourra plus fuir à la justice. Et Kaysan sera innocenté...

- Vous êtes sûr que je n'aurais rien ? Me demande-t-elle.

- J'en suis certaine. Lui dis-je en souriant. Chacun aura ce qu'il mérite.

La Rose d'un CriminelWhere stories live. Discover now