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Je m'assois dans un café, réfléchissant à l'affaire de la fille de Kaysan. Durant une semaine, je n'ai fais que de rechercher dans les dossiers concernant cette affaire. Et comme je le pensais, aucun témoignage n'a mentionné que la petite a été tué dans le salon puis emmené dans la chambre.

Et seule l'autopsie affirme que la petite a été asphyxié pendant deux minutes. Personne d'autre ne le sait. Encore moins Kaysan. Il n'a rien pu dire, d'ailleurs. Tout ce qu'il a dit est qu'il a laissé sa fille seule dans leur appartement pendant quelques minutes le temps de lui acheter de la barbe à papa, et qu'il l'a retrouvé morte en revenant.

Donc ce qu'elle m'a dit prouve largement que c'est elle, la meurtrière. Mais pour la justice, je ne pense pas que ce sera assez. Il faut qu'elle me le confesse.

- Les filles, regardez.

Je sors mes écouteurs pour les mettre. Les filles à côté de moi parlent beaucoup trop fort, je n'arrive pas à me concentrer.

- C'est lui, Caleb Al-Hassan ?

J'arrête tout mouvement en entendant son nom.

- Oui ! Regardez comment il est beau. Dit une d'entre elles. S'il était en Égypte, je suis certaine qu'il serait tombé amoureux de moi.

Je ris nerveusement. Et je ne peux m'empêcher d'intervenir.

- Il est fiancé. Dis-je.

Les filles me regardent, offensés que j'ai pu interrompre leur conversation sur mon Caleb.

- Et ? Qu'est-ce que ça peut te faire ?

- C'est irrespectueux pour sa fiancé. Leur répondis-je.

Elles roulent de yeux face à ma réponse. Je comprends mieux la réaction de Caleb quand d'autres hommes me regardaient ou me complimentaient.

- Je ne pense pas qu'il soit fiancé. Dit l'autre. Il parle d'elle, mais ne la montre pas.

- Ou peut-être qu'elle est extrêmement laide. Il doit avoir honte d'elle. Dit l'une en riant.

Je serre mes poings. Caleb est la seule personne qui n'a jamais eu honte de moi.

- Il est fiancé. Et je ne pense pas que vous auriez aimé qu'on parle de cette façon de votre fiancé. Leur dis-je.

- Oh, c'est bon. Elle doit être heureuse que des femmes trouvent beau son fiancé.

- Elle n'a pas besoin de vos commentaires pour savoir que Caleb est beau. Dis-je froidement.

Elles se mettent toutes à rire. Punaise, elles sont insupportables. Et je sais que si Caleb était là, il m'aurait rassuré et m'aurait dit qu'il ne regarderait personne d'autre que moi.

- Elle t'a parlé pour que tu saches tout ça ?

Je finis par ramasser mes affaires, et me lever.

- Je n'en ai pas besoin, puisque c'est moi, sa fiancé. Leur dis-je d'une voix sèche.

- Et tu t'attends à ce que l'on te croit ? Dit l'une avec condescendance.

Je sais que pour le moment, je ne pense pas que l'on soit fiancé mais je refuse d'y croire. Je suis sûrement dans le déni, mais je ne veux pas me dire que nous, c'est définitivement terminé.

- Je dois y aller. Leur dis-je. Je ne vous reverrais pas, mais je suis certaine que vous allez me revoir, en tant que femme de Caleb.

Je m'en vais sous leur rire. Je vais tous leur montrer. J'appartiens à Caleb et Caleb m'appartient. Je n'aimerais jamais personne d'autre que lui, et j'espère qu'il n'aimera personne d'autre que moi.

Alors que je marchais dans la rue, je reçois un message de mon chef. Il m'a envoyé une localisation. Ils ont démantelé un trafic d'armes. Punaise. C'est sûrement des hommes de Caleb. Je marche plus rapidement pour arriver à temps.

C'est assez proche du café donc j'arrive rapidement. Je montre mon badge aux policiers pour pouvoir entrer, puis je m'approche de l'homme menotté.

- Agent Maya, c'est lui leur chef. Il refuse de parler. Me dit un policier.

- Bien. Je vais le faire parler, laissez-moi avec lui. Leur dis-je.

Il hoche la tête puis s'en va.

- Qui t'as envoyé les armes ?

Il ne répond pas et fuis mon regard.

- Je t'ai posé une question. Lui dis-je fermement.

- C'est... Caleb... Caleb Al-Hassan.

Je serre les poings en l'entendant prononcer son nom. J'approche alors ma tête de lui.

- Caleb ne t'a rien vendu. Lui murmurais-je. Tu ne connais pas Caleb, tu ne l'as jamais vu. C'est compris ?

Il lève les yeux, surpris.

- Vous... vous êtes sa fiancé ? Demande-t-il faiblement.

Je hoche la tête.

- Mes collègues vont te questionner, tu leur diras que tout ce que tu as vient de la part d'Ivan Romanov. Lui dis-je. Tu ne prononceras jamais le nom de Caleb, sinon je te promets que je ferais de ta vie un enfer.

Il hoche vivement la tête, effrayé. S'il dit le nom de Caleb, ils auront une preuve contre lui. Ils auront enfin une preuve qu'il vend des armes illégalement.

Et si cet homme leur donne une chance de l'emprisonner, je ne resterais pas sans rien faire. Je dirais son crime aux autres prisonniers, et les hommes de Caleb se chargeront de lui.

Je sais que ça fait de moi une agent corrompue, une traître pour mon pays, mais honnêtement, j'en ai vraiment rien à faire. Je protégerais mon pays, je protégerais mes concitoyens mais je ne leur donnerais pas Caleb. Je ferais tout pour que Caleb puisse marcher dans les rues du Caire sans avoir à craindre de se faire arrêter.

Je relâche enfin l'homme et m'éloigne. Mes collègues l'emmenent dans leur voiture, et je les regarde partir. Je n'aurais jamais pensé que je menacerais un homme pour sauver la peau d'un mafieu.

Je tourne les talons pour retourner à mon dortoir. J'ai envie de me reposer un peu, avant de craquer. Je marche dans les rues du Caire, tout en repensant à ce qui oppose mon cœur et ma raison.

Mon cœur crie Caleb.

Ma raison crie mon chef, ma nation et mon serment de loyauté.

Et je ne sais pas où sont positionnés mes parents.

Je regarde depuis l'intérieur les militaires prêter serment. Moi et les autres femmes répétons ces mots, qui nous lient à jamais au service et à la protection de notre pays.

- Tes parents seront fiers de toi, Maya. Dit mon chef en souriant. Tu as fais le bon choix.

Le bon choix... je soupire. Papa, maman, que m'auriez-vous dit, si vous étiez en vie ?

La Rose d'un CriminelWhere stories live. Discover now