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Caleb n'a pas dit un mot depuis que j'ai retiré ma main de cette façon. Est-ce qu'il est énervé contre moi ? Je ne l'ai vraiment pas fait exprès... quand il a parlé de la personne que j'ai aimé avant, j'ai pensé à lui. Et je me suis perdue entre mes souvenirs et la réalité.

- Caleb, tu m'en veux ? Dis-je doucement.

- Pourquoi je t'en voudrais ? Me demande-t-il.

Pourquoi m'en voudrait-il ? Parce que je ne le laisse jamais me toucher. Parce que je suis distante avec lui alors qu'il tente de se rapprocher de moi. Mais dire qu'il m'en veuille pour ce genre de chose me paraît trop absurde... trop absurde pour Caleb.

- Est-ce que... cet homme que tu aimais avant... est-ce qu'il t'a fait du mal ? Me demande-t-il.

Je détourne le regard vers la vitre, mes mains se mettent à trembler.

- Non... il m'aimait. Soufflais-je d'une voix presque absente.

Je ne vois pas sa réaction, et je n'ai pas envie de la voir. Je redoutais ce moment. Ce moment où il me poserait des questions sur mon passé. J'ai peur qu'il ne me croit pas et qu'il tente de creuser encore et encore.

- Il est en vie ? Demande-t-il.

J'ose enfin tourner la tête vers lui, il regardait devant lui, concentré sur la route.

- Oui. Répondis-je. Oui, il l'est.

Je vois ses mains serrer le volant, et il serre sa mâchoire aussi. Je ne comprends pas ce qui l'énerve autant.

- Je ne veux pas continuer à parler de lui, s'il te plaît. Lui dis-je doucement.

Il hoche la tête, sans rien dire. Puis son téléphone se met à sonner, alors il répond. Il parle un peu avec la personne à l'autre bout du fil, et lorsqu'il raccroche, il accélère.

Il semblait énervé alors je n'ose pas lui demander ce qu'il se passe. De toute façon, j'allais bientôt le découvrir car il vient de s'arrêter devant chez lui. Il descend de la voiture et je le suis. Il rentre à l'intérieur de la maison puis descends au sous-sol. Ah. Il a sûrement un "prisonnier"...

- Relâchez-moi, je veux voir ma fille ! Entendis-je.

Je reconnais cette voix. Je m'avance rapidement et vois l'agent qui joue le rôle de mon père.

- Baba ! M'écriais-je.

Tout le monde lève son regard vers moi. Caleb aussi.

- Caleb, pourquoi mon père est ici ? M'exclamais-je.

- Je l'ai prévenu que s'il revenait ici, mes hommes allaient l'arrêter. Me répond-il. Et c'est ce qu'ils ont faits.

Punaise. Je dois réussir à le sortir d'ici. Je ne peux pas le laisser mourir. Je m'approche alors de lui, sans regarder les autres hommes et commence à le défaire.

- Tu nous as trahis ? Me murmure-t-il pour que je sois la seule à l'entendre.

Je m'arrête d'un coup. Mon cœur se met à battre rapidement.

- Non.

- Il a arrêté ses hommes pour toi.

Je déglutis. Je ne sais pas pourquoi je panique alors que je sais que je n'ai pas trahis mon chef. Peut-être savent-ils que j'ai mentis par rapport au jour où l'on a sauvé la mère de Caleb ?

- Il est énervé que je te parle.

Je tourne la tête vers Caleb, et effectivement, il a le regard sombre et ses poings sont serrés.

- Je vais tester ces sentiments pour toi, pour faire un rapport. Murmure l'agent.

Je hoche la tête, ne sachant pas quel genre de test il allait faire. Son regard change et il me fixe avec haine. Je finis de le détacher et il se lève d'un bond. Je lâche un petit cri de surprise lorsque sa main entre en contact avec ma joue. Il m'a giflé. Et fort.

- Tu es une honte pour notre famille !

Il n'en a pas fallu beaucoup pour que Caleb se mette à mes côtés. Il attrape mon faux père par le col, son regard brûlant de rage. Moi, je reste figé, me tenant la joue. Des larmes se forment dans mes yeux.

- Caleb... Dis-je faiblement.

Comme si ma voix l'avait ramené à la réalité, il relâche l'agent et s'approche de moi. Il inspecte d'abord ma joue, pour voir si la gifle n'a pas laissé un grand impact puis il me prend dans ses bras. Pour faire croire à l'agent que je joue un rôle, je lui fais un petit sourire, au-dessus de l'épaule de Caleb.

En réalité, avoir Caleb dans mes bras me rassure. Ça me rassure tellement que je veux m'effondrer dans ses bras en pleurant comme jamais je ne l'ai fais.

- Attachez-le. Dit Caleb à ses hommes avec rage.

- Caleb, relâche-le... s'il te plaît. Lui dis-je faiblement.

Il me regarde en fronçant les sourcils.

- Syra, tu es sûre ?

- Oui, s'il te plaît.

Il soupire puis hoche la tête.

- Mais d'abord, mets-toi à genoux devant ta fille. Lui dit-il.

Je fais les gros yeux.

- Quoi ? Mais... Dit l'agent en bégayant.

- Mets-toi. À. Genoux. Devant. Ta fille. Répète-t-il en séparant chaque mot.

L'agent n'a eu d'autre choix que d'obéir et se mettre à genoux devant moi. Je ne sais pas quoi faire... je me sens gênée.

- Demande lui pardon. Dit-il.

- Par... pardonne-moi, ma fille. Dit-il en regardant Caleb.

- C'est moi ta fille ?

L'agent secoue la tête.

- Alors regarde-la, elle. Pas moi.

L'agent se tourne vers moi, et je peux percevoir un semblant de joie et de questionnement dans son regard, qu'il tente de dissimuler.

- Pardonne-moi, ma fille.

Je hoche la tête, sans dire un mot. Caleb le relève violemment puis le pousse vers la porte. Ses hommes se chargent de le faire sortir. Bientôt, mon chef le saura. Et il me demandera pourquoi je ne lui ai rien dis. Comment lui dirais-je que j'ai du mal à croire qu'une personne puisse ressentir ne serait-ce qu'un peu d'affection à mon égard ?

- Syra... dit Caleb d'une petite voix. Tu vas mieux ?

Non, je ne vais pas mieux. Et je n'irais jamais mieux. Je suis faible. Tellement faible, Caleb. Je ne peux plus vivre un seul jour sans repenser à ce que lui m'a fait.

Mais je ne dis rien de tout ça et je lui souris.

- Oui, beaucoup mieux.

La Rose d'un CriminelWhere stories live. Discover now