La Rose d'un Criminel

39.

Hier, j'ai pu voir un nouveau Caleb. Il était étonnement plus avenant, plus compréhensif, plus doux. Je le voyais, Caleb change de personnalité drastiquement selon la personne personne qui il est. C'est assez surprenant et tellement effrayant, c'est ce qui fait de lui un homme si imprévisible.

- Maya, du nouveau ? Me demande mon chef.

J'allume l'eau de la douche, faisant le plus de bruit possible pour couvrir ma voix.

- Je suis partis à Kazan avec Caleb, je n'ai pas eu le temps de vous prévenir. Lui dis-je.

Puis je lui raconte tout ce que j'ai entendu à la réunion.

- Et à part ça, il y avait une fausse agent. J'ai dû la tuer pour prouver à Caleb que je ne travaillais pas pour vous. Lui dis-je.

- Je le sais. Me dit-il. Je l'ai envoyé pour cette raison. Est-ce que ça a changé quelque chose avec Caleb ?

- Et bien, il semble se rapprocher de plus en plus de moi... je pense qu'il commence à me faire confiance. Lui répondis-je. Ses frères et Kaysan aussi.

Et mon comportement avec lui a changé... parce que je ne suis plus aussi innocente et naïve que je l'étais au départ.

- C'est bien. C'est super, même. M'encourage-t-il. Maintenant, il faut être patiente. Très patiente. Peut-être que tu n'auras pas les preuves tout de suite, alors il faudra persévérer. Et tu as le droit de faire tout ce que tu veux pour réussir ta mission. Tout, sauf la trahison. C'est ta seule limite. D'accord, ma fille ?

- Oui, chef. Lui dis-je. Je ne pense pas avoir besoin d'aller trop loin, mais au cas où, j'y penserais.

Il continue ensuite de me donner des conseils, en me prévenant que je suis entré dans la phase la plus risquée du métier. La cible commence à me faire confiance, et mon personnage doit se rapprocher de lui. Je vais devoir réussir à dissocier ma véritable personne de mon personnage.

- Je dois y aller, chef, dis-je. Je vous appellerais quand il y aura du nouveau.

Après l'avoir salué, je raccroche. Je rentre me doucher rapidement, pour que Caleb ne se doute de rien. Inconsciemment, je me mets à me rappeller de l'Égypte. J'ai autant de bons que d'affreux souvenirs là-bas. Et mes parents me manquent terriblement. J'avais l'habitude de visiter leur tombe tous les jours, ou deux fois par semaines quand j'avais beaucoup de travail.

Maintenant, je suis à des kilomètres d'eux. Je leur ai parlé une dernière fois avant mon départ et Allah seul sait quand est-ce que je les reverrais. Ça peut être dans quelques semaines, comme quelques mois, comme quelques années. J'ai un collègue qui était partit en mission durant dix ans. À tel point qu'il s'est oublié lui-même.

Et la semaine prochaine... Le semaine prochaine marquera l'anniversaire de la mort de mes parents... dix-neuf ans... ce fameux 26 juillet 2003. Ce terrible jour.  Jusque là, chaque année à cette date, mon chef était à mes côtés. Cette fois, je serais seule. Complètement seule. Et je vais devoir garder mes émotions au fond de moi. Je ne dois rien dévoiler... rester silencieuse. Sourire comme si de rien n'était.

- Syra ?

Cette voix m'interrompt dans le cours de mes pensées. Je ferme l'eau et me rend compte que je suis restée plus qu'il ne le fallait. Je sors alors et m'entoure avec une serviette.

- Tout va bien, Syra ? Me demande Caleb.

- Oui. Lui répondis-je. Je m'habille et je sors.

Puis aucune réponse. Je me dépêche de m'habiller puis sors de la salle de bain. Caleb était là, assis sur mon lit.

- Tu me voulais quelque chose ? Lui demandais-je plus sèchement que je ne le voulais.

En entendant ma voix, il se lève.

- Sienna et Alessio arrivent. Me prévient-il.

- Ils ne devaient pas partir après la réunion ? Lui demandais-je.

- Oui, mais ils ont décidés de rester encore un peu. Me répond-il.

Je soupire. Je vais devoir encore supporter Sienna, la voir littéralement baver sur Caleb et me tuer du regard à chaque fois. Son frère est absolument son contraire.

- C'était tout ? Demandais-je.

Il me regarde longuement, avant de hocher la tête. Son regard ne me quitte pas et je le sens devenir tendu. Il se racle ensuite la gorge avant de tourner les yeux vers la fenêtre. J'attendais qu'il s'en aille pendant qu'il se passait je ne sais quoi dans sa tête.

- Tu... uhm... tu devrais ouvrir ta fenêtre... Dit-il d'une voix rauque. Il fait chaud dans ta chambre.

Puis il s'en va, me laissant perplexe. Il ne fait pas si chaud que ça... je chasse mes pensées puis finis de me préparer. Je prends le sèche-cheveux puis une fois finis de sécher, je me fais des boucles. Ensuite, je m'applique une légère couche de maquillage.

Lorsque j'entends la sonnerie, je range mes affaires puis descends dans le salon pour accueillir Alessio et sa sœur, avec Caleb. Je salue Alessio mais sa sœur ne daigne pas me regarder. Elle se concentre sur Caleb. Et lui, il évitait mon regard aussi...

- Et bien, tu deviens de plus en plus belle à chaque fois, Syra. Me dit Alessio en souriant.

Je lui fais un petit sourire gêné.

- Je pense le contraire. Chuchote sa sœur Sienna.

Elle me regardait enfin, mais sans une once de bienveillance. Si nous étions que toutes les deux, elle m'aurait sûrement sauté dessus. Pathétique.

Je m'avance en passant devant elle, puis m'approche de Caleb. La jalousie dans ses yeux me fait si rire. Elle est à deux doigts de péter un plomb. À deux doigt de brûler cette maison, moi avec.

- Rien de plus vrai. Rétorque Caleb. Ma copine est magnifique.

- Je ne crois pas être venue pour parler de la beauté de madame ! S'exclame Sienna. Si c'est le cas, je préfère partir.

Caleb se retient de parler par respect pour son frère, alors il se contente contente de leur dire de le suivre jusqu'à la table, pour dîner. Sienna s'empresse de s'asseoir à côté de Caleb, et je me retrouve à m'asseoir à côté de son frère.

- Je vous ai invité pour annoncer une nouvelle. Dit Caleb.

Je fronce les sourcils, il ne m'a prévenu de rien du tout.

- Syra est officiellement une membre de ma mafia. Annonce-t-il. Ce qui veut dire qu'elle viendra à toutes nos missions, qu'elle travaillera avec toi, Alessio, et avec tous mes hommes. Elle est, et sera à jamais, au même niveau que nous.