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- Un. Deux. Trois. Tire ! S'écrie Kaysan.

Et je tire. Une fois. Deux fois. Je tire et j'atteins ma cible. Cette fois, Kaysan ne m'a pas emmené au stand de tir mais en pleine forêt. Il a posé des mannequins assez loin de nous, puis m'a donné plusieurs armes. Des armes que je n'avais même jamais utilisé quand j'étais en Égypte.

- C'est bien, tu t'améliores vite. Me dit-il. Tu devrais, et je pense même que tu le peux déjà, d'être capable de faire quelques petites tâches pour Caleb, maintenant.

- Déjà ? Soufflais-je.

Avant qu'il ne me réponde, j'entends les craquements des branches au sol derrière moi. Sans même me retourner, je sais que Caleb est là.

- Oui, déjà. Ça fait déjà une semaine et demi que tu fais un entraînement intensif. Me dit Caleb. Il faudra juste travailler sur ton mental.

- C'est-à-dire ? Lui demandais-je.

- C'est-à-dire, t'apprendre à te faire confiance, et à faire taire ta conscience. Me dit-il d'un ton neutre. On ne voudrait pas que les remords d'avoir tué quelqu'un gâchent nos efforts, n'est-ce pas ?

Je déglutis. Je sais que je ne tuerais pas des innocents, et je me suis déjà préparé à abattre les gens dangereux en Égypte. Je ne ressentirais pas de remord. Mais encore une fois, je vais devoir faire semblant.

- Caleb... pourquoi s'obstiner à me vouloir, quand je ne vais rien t'apporter ? Lui demandais-je. Je n'ai jamais tué, je n'ai jamais pensé pouvoir le faire un jour... d'autres personnes seraient plus compétentes que moi.

Un long silence s'en suit, avant qu'il ne prenne enfin la parole :

- On travaillera sur ta confiance en soi. Dit-il en s'approchant de moi. Tu vas devoir garder en tête que tu es capable de le faire. Et tu le feras.

Il n'a pas répondu à ma question. Et je sens que s'il avait répondu, sa réponse n'aurait pas changée de ce qu'il m'avait dit auparavant, "pour payer ma dette".

Il se baisse ensuite au sol et prend une bouteille en verre, il s'éloigne jusqu'au mannequin puis pose la bouteille sur sa tête.

- Maintenant, tu vas tirer sur la bouteille. Me dit-il.

Je fais les gros yeux.

- Quoi ? Je... non ! Bafouillais-je.

- Caleb, elle n'est pas assez entraînée ! Dit Kaysan en panique.

Il ne nous écoute pas, et reste à la même place.

- Kaysan, sors ton arme et pointe le sur elle. Si elle rate son tir, tue la. Ordonne-t-il à son bras droit.

Et très rapidement, je sens le métal froid du bout de l'arme à l'arrière de mon crâne. Donc ma survie dépend de celle de Caleb... je ne doute pas pouvoir réussir à tirer sur la bouteille sans le toucher, mais je n'ose imaginer si je n'étais pas une agent. Avec cette pression, mieux vaut se tirer une balle dans la tête.

- Tire, Syra. Dit Caleb en me fixant dans les yeux.

Mes mains tremblent mais je garde mon calme. Je prends une grande inspiration, tiens l'arme avec deux mains puis vise la bouteille en fermant un œil. J'appuie sur la gâchette et en une fraction de seconde, la balle touche la bouteille qui se brise. Je soupire de soulagement.

- Parfait. Souffle Caleb en faisant un petit sourire en coin.

Alors que je pensais qu'il allait revenir vers nous, il reprend une bouteille en verre.

- Recommence. M'ordonne-t-il.

Je prends une grande inspiration avant de tirer une seconde fois sur la bouteille. Il retire les bouts de verres qui se trouvent sur lui, puis s'approche enfin. Et Kaysan retire lentement son arme.

- La pression sera la même le jour où tu partiras en mission. Me dit-il. Avec un peu de concentration, tu peux réussir.

Je grimace face à ses paroles. Cela ne me ravit pas mais je n'ai pas le choix. Si je veux devenir proche de lui, au point où tous mes mots deviendront pour lui une réalité, au point où je serais importante pour lui comme Kaysan, je dois faire ce qu'il me demande.

Et si jamais je n'ai plus la force de continuer, j'informerai mon chef et il me ramènera de nouveau en Égypte. Mais je demanderais à Allah de me donner de la force jusqu'au bout. Et à la fin, Caleb obéira à tous nos ordres. Il sera celui qui marchera dans les prisons, la tête basse.

- Ta prochaine leçon sera le sniper. M'informe-t-il. Tu devras être très concentré, il faudra viser loin et avec précision. Tu n'as le droit à aucune erreur. Aucune.

- Et si je fais une erreur ? Lui demandais-je.

- Mes ennemis troueront ta jolie tête, avant même que je ne puisse t'atteindre. Me répond-il. Et tu as survécu jusque là, on ne voudrait pas que tu meurs tout de suite, n'est-ce pas ?

Je hoche la tête. Je ne mourrais pas tout de suite. Je ne mourrais pas de ses mains ou des mains de ses ennemis. J'ai traversé des tempêtes pour en arriver là.

- Attends nous dans la voiture, Kaysan. Dit-il sans me quitter du regard.

Kaysan s'en va, nous laissant seuls en plein milieu de la forêt. Caleb s'approche de plus en plus de moi, franchissant mon espace personnel.

Il s'approche, jusqu'à ce que son torse soit collé à moi, puis m'attrape violemment par la taille.

- Qu'est-ce que tu fais ? Demandais-je avec inquiétude.

Un frisson de peur me parcourt. Non. Je dois prendre sur moi. Je dois le laisser m'approcher... moins je serais sur mes gardes, plus il baissera ses gardes aussi. Il prend mon menton entre ses doigts, puis relève mon visage.

- Je sais que tu ne me décevras pas, Syra. Dit-il doucement. Tu deviendras un de mes meilleurs hommes, je le sais.

- Homme ? Je suis une femme... Rétorquais-je.

- Ma meilleure femme... Dit-il en faisant un sourire narquois. Ça aurait eu un tout autre sens. Non ?

Je détourne le regard. Ce n'était pas ce que je voulais dire, punaise... entendre Caleb m'appeler sa femme ne sonne pas bien dans mes oreilles. Je coupe court à ce soudain rapprochement en m'éloignant de lui.

- Kaysan nous attend dans la voiture. Lui dis-je. On ne devrait pas le faire attendre. Allons-y.

La Rose d'un CriminelWhere stories live. Discover now