La Rose d'un Criminel

24.

- Allez ! Plus fort ! Me crie Kaysan.

Voilà depuis plusieurs heures que je tape sur le punshing-ball. Mes bras commencent à s'engourdir. À la base, Caleb devait être celui qui m'entraîne mais je ne l'ai pas revu depuis hier. Je me suis emporté sur lui, et il est sortit de ma chambre sans prononcer un seul mot.

- Je ne comprends pas l'intérêt de tous ces entraînements. Dis-je en soupirant.

- L'intérêt est de te rendre plus forte. Me répond Kaysan.

- Oui, mais je ne serais jamais aussi forte que vous ou vos ennemis. Lui dis-je. Je me ferais tuer dès le départ.

Kaysan secoue sa tête.

- C'est pour ça qu'on t'apprend aussi le maniement d'armes. Me dit-il. Puis, tu ne seras sûrement pas seule lors des missions.

Sûrement. Et lorsque je serais dans cette situation, je vais devoir me montrer plus faible qu'eux, alors qu'avec mes vrais capacités, je peux mettre dix hommes à terre. J'ai été entraînée et surentrainée, rien de tout ce que je fais maintenant.

En fait, les exercices que je fais avec Caleb et Kaysan sont comme un jeu d'enfant. Rien de difficile.

- Qu'est-ce que tu as dis à Caleb, Syra ? Me demande-t-il. Il avait l'air énervé.

- Je me suis emporté sur lui. Dis-je en gardant les yeux rivés sur le sac de frappe. J'étais énervé et... je n'ai pas fais attention à ce que je disais.

Kaysan s'approche alors de moi, et éloigne mes mains du pushing-ball, pour me tourner vers lui.

- Écoute Syra, je ne te fais pas confiance. Pas le moins du monde. M'avoue-t-il. Mais puisque tu vas rester avec nous, essaie de contrôler ta contrôle envers mon frère. Il peut laisser passer quelques fois, mais un jour, il pourra exploser et même moi, je ne pourrais pas l'arrêter.

Je fronce les sourcils puis hoche la tête, malgré que je sois confuse. Ses mots étaient plus un avertissement qu'une menace. Est-ce que par "exploser", il veut dire que Caleb peut me faire du mal ? Évidemment qu'il le peut, Maya. Évidement...

- Je ferais attention. Finis-je par dire.

- Bien. L'entraînement est fini, tu peux monter te reposer maintenant. Me dit-il.

Je hoche la tête puis sors de la salle de sport. En y repensant, c'est incroyable la fortune que Caleb s'est construit, alors que sa famille n'était pas plus riche que la mienne. C'est dommage que tout cela soit illégal. S'il a réussi dans ce monde là, il pouvait très bien réussir et avoir tout cela légalement, avec les armes et le sang d'innocent en moins.

- Tu t'améliores. Entendis-je.

Je me tourne pour voir Caleb, debout contre le mur et ses bras croisés contre son torse.

- Tu me regardais ? Lui demandais-je.

- Non. J'entendais Kaysan te féliciter. Me répond-il.

Je hoche la tête même si je ne le crois pas.

- D'ailleurs, excuse-moi si je t'ai blessé, hier soir. Lui dis-je en grimaçant.

Il fait un sourire en coin avant d'approcher son visage du mien.

- Qui es-tu pour me blesser, chérie ? Me souffle-t-il.

Je reste sans voix. C'est vrai que je ne m'y attendais pas... je n'aurais pas dû m'excuser. Puisque je ne suis personne pour le blesser, je lui cracherais tout ce qui me vient à cœur.

- Tu devrais monter dans ta chambre. J'ai des invités qui arrivent dans peu de temps. M'informe-t-il.

Je recule puis monte à l'étage sans lui dire un mot et sans le regarder une autre fois. Je me demande qui sont ces invités. Je le saurais dans peu de temps, de toute façon. Autant me reposer un peu avant de me remettre au travail.

KAYSAN

Je vois tout le monde préparer la maison pour l'arrivée des invités de Caleb. Je ne suis pas aussi enthousiaste qu'eux. Je ne veux pas qu'ils viennent. Mais... je ne suis pas celui qui décide. Je sors ensuite de la maison sans regarder en arrière.

La séance de sport avec Syra m'a été très bénéfique. J'ai pu me défouler un peu. Et comme l'a dit Caleb, Syra sait repousser ses limites. Elle nous servira beaucoup. Travailler avec elle n'est pas aussi fatiguant que ce que je pensais.

Alors que j'étais perdu dans mes pensées, je me fais couper par la sonnerie de mon téléphone. Je le sors, pensant que c'est Caleb, mais remarque que c'est un numéro inconnu. Il est marqué "+20", au tout début. Un appel venant d'Égypte. Je décide d'y répondre, je ne risque rien, après tout.

- Allô ? Dis-je.

La personne à l'autre bout du fil ne dit rien, je l'entends simplement respirer.

- Si c'est une blague, je- Commençais-je.

- Kaysan... me coupe la voix.

Ma respiration se coupe. Lui. Lui m'appelle. Après toutes ces années, lui ose m'appeller. Sans que je ne puisse le contrôler, je me mets à l'insulter de tous les noms.

- Ne parle pas, putain ! M'écriais-je. Tu es mort pour moi. Tu ne comprends pas ?!

- Je suis ton frère. Écoute moi... Dit-il en soupirant.

- Non, toi, écoute moi. Dis-je, la voix tremblante de colère. Retourne voir ta femme, et sache que si tu me rappelles encore une fois, je viendrais en Égypte juste pour prendre ta vie. Même si je me ferais exécuter par les autorités. Compris ?!

Rien. Aucune réponse. Seulement un "bip" répétitif, me signalant qu'il a coupé l'appel. Après tout... après tout, il ose s'appeler "frère". Caleb est mon frère, lui, ne l'est pas. Et il ne le sera plus jamais.

Je jette mon téléphone sur le sol après un excès de rage. Je le déteste. Je le déteste. Je le déteste. À cause de lui, je suis devenu ce Kaysan. Kaysan le meurtrier. Kaysan le mafieux. Kaysan le fugitif. Kaysan le criminel. Il m'a rendu comme ça. Il m'a rendu mauvais. Toute l'innocence et tout l'amour que j'avais, il l'a arraché et jetté. Et je ne mourrais pas avant que justice ne soit rendu.

Je retourne à l'intérieur de la maison et me dirige vers ma chambre. Je n'ai besoin de voir personne aujourd'hui. Pas dans cet état. Et Caleb ne doit pas savoir qu'il m'a appelé, il prendrait de moi mon droit. Ce droit qu'est la mort de mon frère. Parce que s'il doit mourir, il mourra de mes mains...