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CHAPITRE DEUX

« Je dois aller dans une vraie université. Et c'est bien ce que je compte faire. »

* * *

   L'année scolaire touche à sa fin. Nathan ne m'appelle pas. Une semaine passe. Je ne reçois toujours pas de ses nouvelles. Après m'avoir demandé d'abandonner mon avenir pour emménager dans une cabane en forêt avec lui, il n'a même pas la force de me téléphoner ? La vie est étrange.

   Et pourtant, en général, les situations finissent par prendre plus ou moins le tour qu'on attendait.

   Le 14 juin, j'emprunte la voiture de ma mère pour me rendre au centre universitaire de Portland. C'est le premier jour des cours d'été. Je gare le SUV dans un parking tellement immense qu'on se croirait dan sun centre commercial, et je me dirige vers le bureau des inscriptions situé dans le bâtiment 2C.

   Le campus regroupe un ensemble d'édifice cubiques en ciment gris. Ma première leçon (un cous d'anglais) a lieu dans le bâtiment 3A. Je découvre une salle de classe ordinaire, avec des murs nus, des tables en plastiques et des néons fluorescents. Je m'assois devant.

   La plupart des autres élèves sont vieux et viennent de l'étranger. Je ne vois que deux lycéennes de mon âge avec des looks de rockstars. À en juger par leur odeur, je jurerais qu'elles viennent de fumer un bang sur le parking.

   Je note que Sa Majesté des mouches est au programme, ce qui m'arrange puisque je viens de le lire. Je jette un coup d'oeil aux rockeuses derrière moi — l'une d'elles a déjà perdu sa bibliographie, alors que le professeur nous l'a distribuée il y a deux minutes.

   À la fin de l'heure, je file à une séance de rattrapage en histoire des États-Unis. L'ambiance est identique : une salle terne, un prof qui s'ennuie, des élèves qui maîtrisent mal la langue anglaise ou puent le shit, entre autres obstacles à leur réussite dans la vie.

   À midi, je vais à la cafétéria du bâtiment 2B. De tous les cubes en bétons, c'est le plus sympa. L'endroit est propre. Il y a de grandes tables. Le repas est correct.

   Autre point positif : on ne ressent pas de pression sociale. Chacun est libre de rester dans son coin, à l'écart. Personne ne s'adresse la parole. Ça me convient. Je crois que je pourrais supporter cette existence-là pendant huit semaines.

   Mais ma place n'est pas ici. Je dois aller dans une vraie université. Et c'est bien ce que je compte faire.

Addiction | réécriture [TERMINÉE]Where stories live. Discover now