DEUXIÈME PARTIE

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CHAPITRE UN

« Tous les adultes ont officiellement accepté d'accorder à Kaylee Williams une seconde chance. »

*  *  *

Ma mère patiente dans l'embouteillage du matin devant mon lycée. Je suis assise à côté d'elle avec mon sac de cours sur les genoux. Je contemple l'herbe verte, l'escalier en pierre, la porte d'entrée. Je n'en crois pas mes yeux — je suis de retour au lycée Evergreen.

— Tu n'as rien oublié ? Me demande maman.

— Je ne pense pas.

Je sors de la voiture, mon sac reposant sur mon épaule droite. J'ai opté pour la tenue de janvier la plus neutre et ennuyante possible : un jean skinny, un pull blanc et des Converses noires. J'ai attaché mes cheveux en une queue de cheval et ai appliqué une fine couche de mascara sur mes cils.

Je traverse la pelouse en traînant des pieds, la tête basse. Mon sac est plein à craquer de manuels scolaires. Je le remonte sur mon épaule. J'ai une tonne de travail à rattraper dans toutes les matières — les profs ont intérêt à m'aider. Mais je sais qu'ils seront de mon côté. Il y a un consensus. Tous les adultes ont officiellement accepté d'accorder à Kaylee Williams une seconde chance.

J'atteins le bâtiment principal. Je ne peux pas m'empêcher de guetter l'attitude des gens autour de moi. Est-ce qu'on me regarde ? Est-ce qu'on parle de moi ? Y a-t-il des élèves qui se figent sur mon passage ? Non. Pas vraiment.

En revanche, dans la salle de classe, c'est différent. À l'instant où je franchis le seuil, je sens tous les yeux se braquer sur moi. Je me faufile au milieu de mes camarades qui me dévisagent pour m'installer à ma place habituelle, au dernier rang, près de la fenêtre et d'un garçon que je ne connais pas. Je ne l'ai jamais vu auparavant. Il doit être nouveau, qui sait. Il a l'air d'être du genre à ne pas beaucoup lever le nez. Comme ça, on sera deux, pensais-je.

Je plonge ma main au fond de mon sac pour prendre le nouvel agenda que ma mère m'a acheté. Elle a laissé une note dessus :

Ma chère Kaylee,

Nouvelle année, nouveau départ.

Je t'aime, Maman.

J'encadre la note au crayon. Je commence à tracer des carrés à côté. Je me fais toute petite.

Soudain, une grosse voix s'élève au devant de la salle :

— Kaylee Williams ?! C'est toi ?!

Tara Peterson, une des filles les plus graves du lycée, vient se planter à côté de ma chaise.

— Oui, c'est moi.

— Tu as été malade ? Tu étais où ?

Je lève la tête et lui lance un regard qui veut dire : « Pitié, ne me fais pas ce coup-là — mêle-toi de tes affaires et fiche-moi la paix. » Mais les gens comme Tara ne comprennent pas les allusions subtiles.

— T'as eu la mono ? Insiste-t-elle.

— Non.

— Alors, t'étais où ?

Je pousse un soupir.

— J'étais...

Les autres élèves me scrutent désormais. Ils attendent ma réponse. Même le garçon discret, à côté de moi, s'est tourné pour écouter la conversation.

— J'ai eu un problème personnel.

— Oh mon dieu ! S'égosille-t-elle. Quelqu'un est mort ?

— Non, personne n'est mort.

— Quand même, il a dû se passer un truc horrible. On ne t'a pas vue pendant des mois.

— Bien ! Regagnez vos places, lance Mme Wagner, notre prof.

Sauvée par le gong.

Addiction | réécriture [TERMINÉE]Where stories live. Discover now