Addiction | réécriture [TERMINÉE]

douze

CHAPITRE DOUZE

« Dès que je franchis le seuil, je comprends que j'avais raison de fuir cet endroit. »

* * *

Le lendemain, Nathan m'attend à la bibliothèque. Curieusement. Il est assis à notre place habituelle avec un sac Taco Bell devant lui.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Notre déjeuner, dit-il. J'ai une idée.

— Ah ouais ?

— Tu vas venir manger ça avec moi à la cafétéria.

— Et pourquoi ?

— Parce que tu ne vas pas les pauses déjeuner planquée à la bibliothèque pour le restant de tes jours.

Je le regarde fixement.

— Ne fais pas ça, Nathan.

— Quoi ? Tu as vraiment l'intention de ne jamais remettre les pieds au self ?

— Mêle-toi de tes oignons. Je te signale que ça ne gêne personne.

— Si, moi, ça me gêne, affirme-t-il, très sûr de lui. Ce n'est pas normal.

— Ce n'est pas ton problème.

— Il y a quelqu'un qui te fait peur ? Qui essaies-tu d'éviter ?

Je lui jeteur coup d'oeil dédaigneux.

— Crois-moi, je n'ai peur de personne ici.

— Alors, dans ce cas, pourquoi tu ne manges pas avec tout le monde ?

À court d'arguments, je finis par le suivre à la cafét' pour lui clouer le bec.

Dès que je franchis le seuil, je comprends que j'avais raison de fuir cet endroit. Il y a des gamins qui hurlent partout, le bruit est insupportable. On passe à côté de Laura Brantley qui est attablée avec plusieurs membres de sa clique. Lorsqu'elle me voit, elle murmure quelque chose et ses amis éclatent de rire.

Merci, Nathan.

D'ailleurs, le fait que je sois avec Nathan Sky n'arrange pas les choses. C'est vraiment l'idée du siècle de me montrer enfin en public aux côtés d'un des plus beaux garçons du lycée.

On s'assoit et, au bout du compte, il ne se passe rien de si terrible. Nathan ouvre tranquillement son sac de Taco Bell. Il me tend un burrito, s'en sert un. Il déchire l'emballage et mord dedans.

— Mange, ordonne-t-il en mâchant.

J'obtempère, tout en continuant de guetter les réactions autour de nous. Je prends une bouchée. Le burrito n'est pas mauvais. J'en croque un deuxième bout. La panique qui me serrait la poitrine commence à s'apaiser. Personne ne fait attention à moi. À bien y réfléchir, je n'ai passé que très peu de temps dans ce lycée. Le gros de la période « Kaylee le pit-bull » remonte à un an, voire plus. Personne ne s'en souvient. Tout le monde s'en fout.

Je me mets à observer les autres élèves. Quatre lycéennes fixent Nathan, bouche bée, pendant qu'il mange en ayant l'air de ne se soucier de rien. Sa beauté leur coupe le sifflet. Ensuite, j'observe les minuscules bizuts. Puis une fille qui a des lunettes rondes et un look d'artiste. Ensuite un petit gang de skater de Seconde, plutôt mignons avec leurs cheveux mi-longs.

En fait, ça va. Ça pourrait être mieux. Mais ça pourrait être pire.