La meilleure des amis

Depuis le début
                                    

- Jolie caisse, avait-il reniflé.

- Un vrai bijou, j'avais répondu sur le même ton.

- Si tu veux, je pourrais te la pimper ?

Son sourire bancal laissait à peine voir deux dents de travers.

J'ai naïvement demandé s'il pouvait rajouter un moteur.


Rick est venu s'excuser pendant qu'Hershel m'auscultait.

Des égratignures, des hématomes et aussi une foulure au poignet

S'il avait su, il nous aurait arrêtés.

Officiellement, Hershel assume toujours l'inexistence du fœtus. Il parle encore moins d'un bébé. Il a justifié le départ de sa fille à Rick et n'a pas réclamé à la voir depuis. Des préservatifs ont été distribués dans le hall. Hershel n'est pas blessé mais on raconte qu'il se serait battu avec un garçon ; un type que je ne connais pas mais qui a son lit à l'infirmerie. Plusieurs coups de canne en acier lui ont brisé des côtes. De cette histoire de famille, Rick n'en connait que les grandes lignes.

Je choisis consciencieusement mes prochains mots.

- Il y a déjà un bébé ici, j'avance. Ça ne te suffit pas ? je demande, serrant sa main dans la mienne. C'est un peu le bébé de tout le monde, non ? Tyreese, aide-moi, je bredouille, sentant Beth s'écarter.

- Ce n'est pas notre décision.

Je le foudroie du regard. Les mots ne sortent plus. Je rattrape Beth qui s'éloigne.

- Je t'ai sauvé la vie y'a à peine quelques jours. C'est pas pour que tu meurs dans neuf mois. Si c'est pas un autre suicide, je vois pas ce que c'est... Je t'en prie, réfléchis-y encore un peu !

- Hélène !

- J'ai plutôt souvenir que c'est moi, qui t'ait sauvé la vie, rétorque Beth puis d'un coup, elle s'apaise. Ça ne fait rien, dit-elle en se levant. Je pensais qu'on était amies. C'était stupide.

Je reçois l'insulte comme un uppercut. Je fais mine de me lever pour la rattraper mais Tyreese me retient au cadre du lit. Il a les yeux fermés, comme un enfant qui refuse de voir l'horreur arriver, et les paroles qu'il crie n'atteignent jamais mes oreilles. Une bande d'enfants, c'est ce qu'ils sont tous.

- Ne me sors pas ce genre de conneries, s'il te plaît. Je suis la seule ici à réellement me soucier de toi ! J'affirme. J'ai accompagné ta sœur (bien plus folle que moi) dehors, juste pour te trouver... pour te trouver quelque chose pour t'aider !

Elle est stupéfaite, outragée. Beth ne m'a jamais regardée comme ça. Même nue et attachée à un lit, hurlant à la mort comme une Banshee, alors qu'elle récurait chaque parcelle de mon corps, elle a toujours gardé cet air foncièrement amical. Beth pointe un doigt menaçant dans ma direction.

- Ca suffit, prévient-elle.

- C'est du délire ! Même s'il survie et que toi aussi (un vrai miracle), j'ironise, tu sais qu'est-ce qui t'attend ? RIEN ! j'assène. Au mieux une mort déchirante dans les mois à venir. Tu ne penses pas qu'il va survivre à toutes les maladies infantiles, si ? Et si vous perdiez le toit au-dessus de votre tête, tu te vois avec un gosse dans les bras, dehors ? Toi ?

- Quoi ? Tu ne me penses pas capable de savoir ce qui est bien pour moi et pour mon bébé ? Pourquoi personne ne me pense capable de quoi que ce soit ? s'époumona t-elle, les yeux humides. Je suis comme vous. J'ai fait tout le chemin jusqu'ici ! J'ai vu, j'ai fait des choses, peut-être pas aussi horribles que vous, mais ça me donne au moins le choix de...

Anthologie de la finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant