76 ~ Baiser volé

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Une fois prêts, nous rejoignons tous trois le couloir et prenons la direction de la salle de réception. Jean, marchant entre ma sœur et moi, se laisse pousser des ailes et esquisse un sourire charmeur. Il passe ses bras autour de nos épaules et nous attire brusquement à lui.

– Que rêver de mieux ? J'ai deux belles donzelles pour m'accompagner à ce bal, se vante-t-il.

– La belle donzelle va t'en retourner une si tu ne la lâches pas sur le champ, menacé-je les dents serrées.

Jean ne se fait pas prier et ôte immédiatement son bras de mes épaules, bien trop effrayé à l'idée de récolter un coup. Je lui assène une nouvelle claque à l'arrière de la tête, lui arrachant ainsi une grimace. Je ricane face à son air outré mais me décompose lorsque je remarque qu'il tient toujours ma sœur par les épaules. Alors là, je vais m'énerver. Il est hors de question qu'il contamine mon innocente cadette de tous ses vices.

– Et lâche tout de suite ma sœur, espèce de pervers. Elle n'a que dix-sept ans alors bas les pattes.

Jean lève les yeux au ciel et je lui envoie un coup de poing dans les côtes pour rasséréner ses ardeurs. Mon coup semble porter ses fruits puisque Jean lâche immédiatement ma cadette. Je remarque d'ailleurs que cette dernière est rouge comme une tomate et tente de cacher sa gêne derrière sa longue chevelure brune.

– Oh ça va, râle Jean, c'est pas comme si elle avait douze ans non plus.

– Tu pourras t'envoyer en l'air avec elle le jour où elle sera majeure et consentante, tranché-je. En attendant, je veillerai personnellement à ce qu'elle garde sa ceinture de chasteté.

Gaïa est véritablement rouge de honte suite à mes paroles, Jean aussi d'ailleurs, ce qui me fait bien rire. A vrai dire, mes paroles sont complètement exagérées et je n'en pense pas grand-chose. Elle peut bien aller s'envoyer en l'air dans une grange si ça lui chante tant que c'est sa volonté propre et qu'elle ne se laisse pas manipuler par quelqu'un d'un peu trop entreprenant.

– C'est bon Rose, souffle ma sœur, il ne fait rien de mal.

Elle est si innocente et ignore complètement le côté pervers dépravé que Jean cache au fond de lui, trop mignon. Lorsque nous pénétrons dans la salle de bal, je me dirige immédiatement vers les tables où sont disposés des amuse-bouche que j'engouffre rapidement. J'attrape au passage un verre de champagne sur le plateau d'un serveur et commence à le siroter tout en balayant la salle du regard. Je remarque du coin de l'œil que Gaïa est en train de discuter avec Frock et d'autres soldats que je ne connais pas et je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel. Je dois dire qu'elle a des goûts plutôt douteux en matière de fréquentation, mais au moins elle parvient à s'intégrer.

Je pousse un long soupir en constatant que j'ai déjà vidé mon verre. Je le repose sur le plateau d'un serveur qui passe et en reprends un. Ça fait à peine dix minutes que je suis là et je me fais déjà chier comme un rat mort. Je n'ai pas bougé depuis que je suis arrivée, toujours prostrée devant le buffet avec un verre à la main. Mon corps tout entier se raidit lorsque je vois du coin de l'œil une silhouette étrangement petite se poster à mes côtés. Je sens le regard brûlant du caporal Livaï me détailler de la tête aux pieds et me fais violence pour garder mon regard braqué sur la salle et ne pas dévier dangereusement vers lui.

– Rose, me salue-t-il.

– Livaï, réponds-je froidement.

Chaque muscle de mon corps se tend en le sentant si proche de moi. Ma jambe droite commence à trembler d'impatience et je prends une grande gorgée de champagne, mal à l'aise. Son regard consume tout mon être à force de me dévisager de la sorte, et je sens que je ne vais pas pouvoir résister longtemps.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Where stories live. Discover now