58 ~ Un soir d'orage

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J'avais toujours eu un sommeil très léger, c'est pourquoi j'avais immédiatement été réveillée lorsque j'avais entendu des bruits de pas tout autour de la maison. Aussi silencieusement qu'une petite souris, je m'étais glissée hors de mon lit et m'étais faufilée jusqu'à la fenêtre de ma chambre. A travers le faible interstice entre les deux volets en bois, j'avais tenté de discerner ce qui se passait à l'extérieur, en vain. Il faisait nuit noire, et l'orage battant son plein n'arrangeait rien.

– Rose ? murmura la voix endormie de ma sœur. Qu'est-ce que tu fiches ?

Je levai les yeux au ciel et fis un geste impatient de la main pour tenter de la faire taire.

– Rien, rendors-toi, ordonnai-je.

Sans demander son reste, Gaïa referma ses yeux bouffis et se rallongea sur son oreiller. Je l'observai un instant pour m'assurer qu'elle s'était bien rendormie avant de reporter mon attention sur la fenêtre, et surtout les étranges mouvements à l'extérieur. Quelque chose se tramait, j'en étais certaine.

J'hésitai un instant avant d'entrouvrir les volets pour mieux discerner ce qui se passait à l'extérieur. Malheureusement, à cause de cette foutue pluie battante, je ne voyais absolument rien. Je m'apprêtais à refermer les volets mais m'immobilisai en entendant des murmures étouffés sous ma fenêtre. Mon sang se figea dans mes veines et je restai statique un instant, ne réalisant pas très bien ce que je venais d'entendre. Non, c'était impossible ...

Je tendis l'oreille pour tenter d'entendre ce qu'ils étaient en train de se dire et étouffai un faible cri in extremis lorsque je discernai les mots « dénoncer » et « tuer ». Tuer ? Mais tuer qui ? Je n'eus pas besoin d'y réfléchir très longtemps pour trouver une réponse plausible à cette question. Les battements de mon cœur s'accélérèrent lorsque j'entendis à nouveau les pas tout autour de la maison. Il ne faisait à présent plus aucun doute que des gens mal intentionnés s'apprêtaient à pénétrer chez moi.

Jamais mes méninges ne s'étaient activées aussi vite pour tenter de trouver une solution. Mon premier réflexe fut de saisir le petit canif planqué dans ma table de nuit et de le glisser dans la poche de mon pyjama. Mon regard se posa ensuite sur Gaïa qui venait de se rendormir, et j'en vins à la conclusion que je ne pouvais décemment pas la laisser dormir comme un loir dans son lit. Je m'approchai d'elle et la secouai doucement par les épaules pour tenter de la faire émerger.

– Gaïa, réveille-toi, murmurai-je doucement, on va jouer à un jeu toutes les deux.

Ses yeux bouffis par ce réveil brutal s'ouvrirent en grand lorsqu'elle entendit le mot « jeu ». Elle avait quatre ans, il était donc normal que l'évocation d'un jeu pique sa curiosité à vif. Toujours engourdie par le sommeil, elle parvint néanmoins à se mettre debout sur son lit et agita sa poupée devant mes yeux.

– On va jouer à la poupée ? demanda-t-elle d'une voix ensommeillée.

Un sourire crispé prit place sur mes lèvres fines, et je tentai de dissimuler du mieux possible la panique qui menaçait à tout instant de s'emparer de moi. Je balayai rapidement la pièce du regard, à la recherche d'une solution.

– Non, non, on va plutôt jouer à ...

Ma voix trahissait contre mon gré une peur sans nom, et je remerciais le ciel que Gaïa n'ait que quatre ans et ne puisse donc percevoir ma terreur. Mes yeux bleus se posèrent alors sur notre penderie et l'éclair de génie dont j'avais besoin fit surface.

– A cache-cache !

Je pris délicatement ma petite sœur dans mes bras et la portai jusqu'au placard. Mes mains tremblaient à cause de la terreur qui me saisissait les entrailles, et je dus battre rapidement des cils pour empêcher les larmes de couler le long de mes joues.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Where stories live. Discover now