34 ~ Entrainement privé

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Le major Erwin n'y est pas allé de main morte sur ma punition, voilà bientôt deux semaines que je suis enfermée dans les cachots. Les seules visites que je reçois sont celles de l'infirmière qui vient changer mes bandages et m'emmène prendre ma douche, ainsi que les soldats qui m'apportent mes repas. Ma cellule est sous surveillance permanente, mais mes chaperons ne semblent pas très enclins à m'adresser la parole. Je soupçonne d'ailleurs le caporal demi-portion de leur avoir formellement interdit de m'adresser une quelconque marque d'attention.

Le gnome est la seule personne disposée à m'adresser la parole. Il vient régulièrement me rendre visite pour me rebâcher que mon histoire ne tient pas la route. Il me demande sans cesse quelle est la véritable raison qui m'a poussée à libérer Reiner, et je lui réponds à chaque fois que ma stupidité a eu raison de moi, ce qui n'est pas tout à fait faux. Il faut que je gagne la confiance de cet idiot pour que ses doutes s'estompent. Sa méfiance est dangereuse, j'ai peur qu'il parvienne à remonter jusqu'à Kenny.

Mes brûlures vont beaucoup mieux, j'ai même enfin pu retirer ces horribles bandages de mon visage, découvrant ainsi les cicatrices laissées par le souffle chaud du titan colossal. Laure m'a cependant conseillé de garder les bandages sur mes mains, celles-ci étant beaucoup plus amochées que mon visage.

Ce petit séjour en cellule m'a permis de me reposer et surtout de récupérer suite à la visite surprise de Kenny. Maintenant que j'ai repris des forces, je trépigne d'impatience dans ma geôle. Je déteste être enfermée trop longtemps, j'ai besoin de courir, de me dépenser, de voltiger d'arbre en arbre. Je suis tellement désespérée que je ne dirais pas non à une balade à cheval, bien que ces bêtes puantes me hérissent le poil.

Je suis tellement en manque de stimulation extérieure que j'en suis venue à m'entrainer toute seule dans ma cellule. Je ne fais pratiquement plus que ça de mes journées, ce qui m'épuise et me permet de m'endormir plus facilement après ça. Le second avantage majeur de ce passe-temps est qu'il me permet d'avoir chaud pendant l'effort, m'aidant ainsi à lutter contre le froid mordant de ces foutus cachots.

J'achève ma série d'abdominaux avant de me relever, haletante. Mon ventre me tiraille et mes muscles sont courbaturés. Je marche en rond pendant quelques minutes dans ma cellule afin de reprendre mon souffle, sous le regard attentif de mon geôlier. Je fixe les tuyaux qui longent le plafond et qui me font de l'œil depuis quelques jours déjà. Si je parviens à atteindre un des tuyaux, je pourrai peut-être faire des tractions.

Je prends mon élan et saute aussi haut que possible en tendant les bras. Mes doigts frôlent le tuyau mais ne parviennent pas à le saisir. Mince, je suis trop petite. J'entends le soldat chargé de ma garde ricaner dans mon dos et l'ignore, non sans ruminer. Allez quoi, je ne fais pas 1m20 comme le caporal Livaï !

J'inspire profondément et expire lentement pour me concentrer. Je prends à nouveau mon élan, saute et bingo ! Mes mains parviennent miraculeusement à se saisir du tuyau. J'écarte mes mains pour les positionner correctement et commence à tracter mon frêle corps, non sans difficulté. Je fixe une brique qui ressort du mur en face de moi et me concentre dessus pour oublier la douleur lancinante qui gagne peu à peu mes muscles ankylosés.

Je serre les dents et m'accroche coute que coute. Une douce euphorie s'empare de moi, m'aidant à passer outre la sensation de brûlure qui gagne du terrain sur mes bras et mes épaules. La seule chose qui me dérange, c'est la désagréable impression d'être observée. Je suis prête à parier que mon geôlier est en train de se rincer l'œil sur mon fessier contracté. Je ne regrette cependant pas de m'être mise dos à lui, je préfère ça plutôt que d'avoir à supporter sa tête d'abruti pendant mes exercices.

– T'as pas intérêt à abîmer la plomberie avec ton gros cul de traitresse, sinon ça va chauffer pour ton matricule, m'avertit une voix placide que je reconnaitrai entre mille.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant