21 ~ Séjour en cellule

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Je ne sens plus ni mes orteils ni mes doigts après cette nuit horrible dans la fraîcheur des cachots. Il n'y a même pas de couverture dans cette foutue cellule, et la planche de bois qui me sert de lit est horriblement dure, si bien que j'ai des courbatures partout au réveil. Je m'étire longuement en grimaçant à cause des douleurs que je ressens un peu partout. Un soldat m'apporte un plateau avec mon petit déjeuner et le pose dans ma cellule sans m'adresser la parole.

– Je n'ai pas le droit d'aller manger avec les autres ? demandé-je.

Le soldat ne prend même pas la peine de se retourner vers moi et repart aussi vite qu'il est venu en direction de l'escalier. Je l'appelle en criant pour qu'il me donne plus d'explications mais il m'ignore royalement. Quel enfoiré !

Je me concentre alors sur mon repas et constate qu'il est constitué d'œufs brouillés et d'un verre de jus d'orange. J'en ai déjà l'eau à la bouche rien qu'à l'admirer. À cause de ma punition, j'ai loupé le repas d'hier soir et mon estomac a gargouillé toute la nuit. Ma faim, couplée à la froideur de ces cachots, m'a empêchée de dormir une bonne partie de la nuit.

Mes doigts sont tellement frigorifiés que je peine à tenir ma fourchette et à manger. Je bougonne en remarquant que mes œufs sont froids, moi qui espérais qu'ils me réchauffent un peu. J'engloutis mon assiette en quelques minutes et retourne ensuite m'allonger sur la structure en bois sans matelas qui me sert de lit. J'ai des courbatures partout et chaque mouvement me fait grincer des dents. Je ferme les yeux et parviens à somnoler malgré la fraicheur de la pièce.

– Toc toc toc.

Je sursaute lorsque quelqu'un tapote sur la grille de ma cellule. Surprise, je me redresse brusquement et fais un faux mouvement qui m'arrache un cri. Derrière la porte de ma cellule, Jean rit à gorge déployée. Je me lève lentement de mon lit et m'approche de lui en boitillant.

– T'as vraiment une sale gueule, ricane-t-il.

– Je reste toujours plus belle que toi, tête de gland.

Sentant mes jambes faiblir, je m'assieds lentement en tailleur à même le sol avant de m'effondrer. Je serre les dents mais ne peux réprimer un gémissement en m'abaissant. Le sourire de Jean disparait et je peux même déceler de la peine dans ses yeux.

– Ben dis donc, il t'en fait vraiment baver, grimace-t-il.

– C'est surtout l'œuvre du titan féminin, le caporal demi-portion n'a fait que me pousser dans les escaliers.

A son tour, il s'assied en tailleur face à moi, de l'autre côté de la grille.

– Au fait, qu'est-ce que tu es venu faire ici ?

– Comme je suis une âme charitable je suis venu te faire don de ma compagnie.

Il accompagne sa tirade d'une courbette ridicule qui me fait exploser de rire, ce que je regrette bien vite puisqu'un éclair de douleur surgit dans mes abdominaux. Je porte mes mains à mon ventre et grimace de douleur.

– Je vais défoncer ce putain de titan féminin et ce putain de caporal, grogné-je.

– Si tu veux mon avis c'est plutôt le caporal qui va te défoncer, ricane Jean.

Je lui lance mon regard le plus noir, ce qui accentue son fou rire.

– Tu as bien de la chance qu'il y ait cette grille entre nous sinon toi aussi je t'aurais défoncé.

Il arrête de rire et un sourire en coin prend place sur ses fines lèvres. Il me lance un clin d'œil accompagné d'un sourire charmeur avant de croiser ses bras sur sa poitrine tout en bombant le torse.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant