40 ~ Ligotée de force

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Je me réveille avec un horrible mal de crâne étrangement familier, celui que j'éprouve lorsque j'ai la gueule de bois. Oh non ... Mes paupières s'ouvrent difficilement et me dévoilent une vision de l'infirmerie floue et bien trop lumineuse à mon goût. Les gémissements de mon voisin de chambrée me parviennent aux oreilles à mesure que j'émerge. Bon Dieu, mais il ne sait pas la fermer celui-là ? Il me casse les oreilles ! Je voudrais porter mes mains à mes oreilles pour les boucher mais tique lorsque ces dernières ne bougent pas. Mes yeux descendent jusqu'à mes poignets et je constate avec horreur qu'ils sont attachés au lit.

Mais qu'est-ce que c'est encore que ce bordel ? Je commence à m'agiter sur mon lit, tentant en vain de défaire mes liens, et me fige lorsque j'entends un ricanement sur ma gauche. Je tourne la tête vers un Jean hilare et le fusille du regard, ce qui accentue son fou rire. Un sourire en coin orne ses fines lèvres lorsqu'il désigne mes liens d'un signe de tête.

– Alors, Rose, tu tentes de nouvelles expériences avec le caporal ? ricane-t-il.

Mais de quoi il parle encore cet idiot ? Je le dévisage avec incrédulité tout en me creusant la tête. Qu'ai-je encore fait hier soir ? J'ai volé une bouteille de rhum dans la réserve et je suis montée sur le toit pour la boire en toute tranquillité. Le caporal m'a rejointe, nous avons parlé, puis il m'a raccompagnée à l'infirmerie. Et là, c'est le trou noir. A peine installée dans mon lit, je me suis endormie comme une masse. Ses paroles lors de mon premier jour à l'infirmerie me reviennent alors en tête.

« Tu as plutôt intérêt à rester alitée sinon je te ligote moi-même au lit. »

Il n'a quand même pas osé faire ça ? Mon regard décontenancé se pose à nouveau sur mes poignets liés et je serre les poings. Je vais le tuer. Je m'agite de plus belle dans mon lit et déchante lorsque je comprends que mes chevilles sont également ligotées. Je vais assassiner ce foutu caporal de mes deux. Je pousse un cri de rage en gigotant dans tous les sens avant de me laisser lourdement retomber sur mon oreiller, sous le rire tonitruant de Jean. Tiens, je l'avais oublié celui-là.

– Jean, détache-moi sur le champ, exigé-je.

Il calme son rire et essuie même une larme qui a fait son apparition au coin de son œil. Son regard conciliant me rassure et, jusqu'au dernier instant, je suis certaine qu'il va me libérer de mes entraves.

– Alors là, même pas en rêve.

Mon visage se décompose, lui arrachant un nouveau fou rire. Lui aussi, je vais le tuer. Je fulmine intérieurement et lance mon regard le plus meurtrier à Jean.

– Détache-moi tout de suite ou je te brise les rotules, tête de gland, menacé-je.

– Désolé, mais j'ai plus peur du caporal Livaï que de toi, pouffe-t-il.

Alors comme ça le caporal lui a ordonné de ne pas me détacher ? Je le déteste ! Je les déteste tous les deux en fait. Je bougonne et j'aurais voulu croiser mes bras sur ma poitrine, mais je me rappelle qu'ils sont ligotés. Putain, fait chier !

– Je dois faire pipi, mens-je.

– Rien à foutre, il a dit de ne te détacher sous aucun prétexte.

Le gnome s'était montré amical hier soir pour mieux revenir à la charge en m'attachant à mon lit. Je le déteste. Je le déteste. Je le déteste. Bien, étant donné que la menace ne semble avoir aucun effet sur Jean, je décide d'adopter une autre stratégie. Je penche la tête légèrement sur le côté et dévisage mon ami avec une mine de chien battu.

– S'il te plaît, Jean, je dois vraiment faire pipi, supplié-je.

Son regard s'adoucit, si bien que je crois dur comme ferme qu'il va craquer. Cependant, c'est sans compter sur la peur que lui inspire le caporal demi-portion.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें