A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022

28 ~ Dans quel camp es-tu ?

– Et comment était Reiner ? Tu n'as rien remarqué de bizarre dans son comportement ? demande le major.

Je lève les yeux au ciel, faisant mine de me remémorer les évènements alors qu'en fait je réfléchis à la suite de mon mensonge.

– Si, il paraissait vraiment stressé par la situation, mais ça ne m'a pas alarmée. Je pensais qu'il était inquiet car deux titans étaient en train de se battre dans la ville, tout comme moi.

Le major hoche la tête et se retourne vers le caporal pour lui faire part de ses suppositions.

– En réalité, il s'inquiétait probablement pour Annie.

Livaï acquiesce en silence sans accorder la moindre attention au major Erwin. Il garde son regard braqué sur moi et étudie chacune de mes réactions, ce qui a le don de me mettre mal à l'aise. Je déteste être épiée et observée comme un vulgaire animal de laboratoire.

– Oui, avec du recul c'est ce que je pense aussi, appuyé-je.

Le major hoche la tête et me lance un sourire encourageant.

– Que s'est-il passé ensuite ? questionne-t-il. Vous êtes partis à deux.

Je prends une grande inspiration avant de poursuivre mon récit.

– Oui, on a vu Jean décoller pour aller aider les autres alors on a voulu faire pareil. On a rapidement repéré les deux titans en train de se battre et on s'en est approchés.

Le caporal Livaï contourne le major Erwin et vient s'appuyer contre la fenêtre à côté de mon lit, ses petits yeux sombres et inexpressifs toujours braqués sur moi.

– On s'est posés sur un toit pas loin pour analyser la situation et réfléchir à ce que nous pouvions faire pour nous rendre utile.

– Comme si tu étais capable de réfléchir, souffle le caporal si bas que je suis la seule à l'entendre.

Je décide de l'ignorer et de faire comme si je n'avais pas entendu sa remarque, ça lui ferait bien trop plaisir que je réagisse.

– Puis, Bertolt nous a rejoints.

Je marque une pause, m'attendant à ce que l'un d'eux m'interrompe ou me pose des questions sur l'arrivée de cet intrus. J'en profite pour boire quelques gorgées d'eau, laborieusement à cause de mes mains bandées, avant de me racler la gorge. Comme aucun des deux hommes ne souhaite faire de commentaire, je poursuis :

– J'ai été surprise de le voir puisqu'il n'était pas censé participer au procès. Je lui ai demandé ce qu'il foutait là mais il ne m'a pas répondu. Ils ont commencé à parler tous les deux, ils se demandaient s'ils devaient agir ou non.

– Et à ce moment-là tu ne t'es pas dit qu'ils étaient tous les deux des traitres ? m'interrompt le caporal fouille-merde.

Mais qu'est-ce qu'il a celui-là à me briser les ovaires comme ça aujourd'hui ? J'inspire profondément pour me calmer et ne pas sauter à la gorge de cet abruti de caporal afin de lui remettre les idées en place.

– Si, reprends-je calmement, seulement j'étais seule avec eux sur ce toit et, comme je tiens à la vie, j'ai préféré ne pas les confronter directement.

Le caporal et moi nous lançons dans une joute visuelle un long moment, je soutiens son regard et m'efforce de lui transmettre toute la haine que j'éprouve à son égard, ce qui n'a bien évidemment aucun effet sur lui. Bon Dieu mais comment fait-il pour ne rien ressentir comme ça ?

– Tu es vraiment une poule mouillée, finit-il par lâcher.

– Je préfère être une poule mouillée qu'une poule morte.