16 ~ Nuit glaciale

Start from the beginning
                                    

– Oh je suis vraiment flattée, caporal, minaudé-je. Vous tenez tellement à moi que vous avez appris la liste de mes délits sur le bout des doigts. Il ne fallait pas vous donner cette peine, vraiment.

Livaï arque un sourcil avant de soupirer.

– Tu n'apprendras donc jamais ...

Je n'ai pas le temps de répondre, avec une vitesse fulgurante, le caporal lâche enfin mon bras et attrape ma main gauche entre les siennes, il tient ma paume d'une main et mon pouce d'une autre. Je suis étonnée par la douceur de sa peau mais n'ai pas le temps de m'attarder plus longtemps sur ce détail puisque, sans ménagement, il me brise le pouce. Je lâche un cri et tombe à genoux en ramenant ma main blessée contre moi. Des larmes coulent sur mes joues et je me maudis d'être aussi douillette.

– Mais vous êtes complètement malade ! m'exclamé-je.

– Si je t'avais cassé le bras tu n'aurais pas pu venir en expédition à l'extérieur du mur dans un mois, et je trépigne d'impatience à l'idée de te voir te faire dévorer vivante par un titan.

Je sèche rapidement mes larmes et affiche un nouveau sourire narquois. Je m'éloigne cependant de la grille et m'assure de ne plus être à portée de coups, redoutant d'attirer à nouveau les foudres du caporal.

– Moi je suis certaine que vous viendrez à mon secours.

Il lève les yeux au ciel avant de me tourner le dos.

– Penses ça si ça t'amuse, soupire-t-il.

J'entends ses pas s'éloigner dans le couloir et fonce sur la grille. J'y colle ma tête et tente de l'apercevoir.

– Attendez ! Vous venez de me casser le pouce, j'ai besoin d'être soignée.

Il ne prend même pas la peine de se retourner et continue son avancée vers les escaliers.

– Pas mon problème, ça peut bien attendre demain matin.

Non mais quel enfoiré ! J'appelle à l'aide pendant de longues minutes, espérant attirer l'attention de quelqu'un, n'importe qui, mais en vain. Je suis désespérément seule dans cette cellule glaciale.

Je finis par me résigner et pars m'asseoir sur la couchette présente dans la cellule. Mon pouce me lance horriblement et je ne peux réprimer une grimace de dégoût quand je vois l'angle douteux dans lequel il est tourné. Je serre mon bras contre moi et me roule en boule sur ma couchette. Je commence à grelotter à cause du froid mordant des sous-sols. En ce moment, je donnerais n'importe quoi pour avoir un bon lit douillet, ou même une simple couverture.

Pour couronner le tout, mon estomac décide de se joindre à la partie puisqu'il se met à gargouiller, trahissant ma faim. Avec toutes ces conneries, j'ai loupé le souper. Je croise les doigts pour que quelqu'un vienne m'apporter un plateau, même si j'en doute.

J'ai passé une des nuits les plus horribles de ma vie dans cette froide cellule. Grelotante, affamée, secouée de spasmes de douleur, je n'ai presque pas fermé l'œil. Epuisée, j'ai enfin pu trouver un semblant de sommeil alors que l'aube pointait le bout de son nez. Seulement je suis réveillée en sursaut par le bruit de la porte grinçante de ma cellule. Je me redresse brusquement et lance mon regard le plus noir au caporal Livaï. Ce dernier dépose un plateau repas dans ma geôle et n'omet pas de refermer la porte à clé en sortant.

Je fixe le plateau avec avidité mais me fais violence pour ne pas me jeter dessus. Avec regret, je quitte des yeux le graal et fusille le gnome.

– T'as vraiment une sale tête, commente-t-il.

Il disparait ensuite de mon champ de vision et remonte le long couloir menant à un escalier.

– Toi aussi, connard, grommelé-je.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Where stories live. Discover now