A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022

9 ~ Fin de l'entrainement

– Félicitations à vous, vous faites maintenant officiellement partie de l'armée. Demain, nous nous rendrons dans le district de Trost et c'est demain soir que vous choisirez à quel corps d'armée vous voulez appartenir.

Il marque une pause et quelques murmures s'élèvent dans la salle, chacun dit discrètement où il souhaite aller. Shardiz lève ses deux mains pour nous intimer le silence avant de poursuivre :

– Nous avons pour tradition de fêter le départ des nouvelles recrues. Ce soir, un grand feu de camp sera organisé dans la cour et vous y êtes tous conviés. Pour une fois, il n'y aura pas de couvre-feu.

Certains poussent des cris pour exprimer leur joie, Sasha sautille même en levant les bras en l'air. Shardiz repart lorsqu'il a fini son discours et les discussions reprennent de plus belle.

– Alors, à quel corps d'armée comptez-vous aller ? demande Connie.

– Moi, je m'engage dans les brigades spéciales, déclare Jean. Je ne compte pas risquer ma vie à tout bout de champ à l'extérieur des murs.

Qu'est-ce que je l'envie ... Moi aussi, j'aimerais bien intégrer les brigades spéciales. Je pourrais théoriquement le faire étant donné que je fais partie des dix meilleures recrues, seulement je suis contrainte de suivre Eren et cet idiot suicidaire semble bien déterminé à rejoindre le bataillon d'exploration.

– Moi je vais intégrer le bataillon, lâche Connie.

Nous le fixons tous d'un air ahuri, ne comprenant pas sa décision.

– Mais tu ne voulais pas rejoindre les brigades ? s'offusque Jean.

Connie hausse les épaules et lance un regard en coin dans la direction d'Eren avant d'expliquer :

– De base si, mais j'ai ouvert les yeux et je pense que la cause que défend le bataillon est bien plus importante.

Jean suit le regard de Connie et lance un regard noir à Eren avant d'exploser :

– Mais tu ne peux pas t'engager dans le bataillon juste parce qu'un idiot suicidaire t'a convaincu avec de belles paroles !

Eren, sentant qu'on parle de lui, se retourne vers Jean et le toise de la tête aux pieds avant de poser calmement ses mains sur la table et de se lever.

– Un problème ?

– C'est toi le problème, Jäger !

Jean se lève à son tour et contourne la table pour faire face à Eren.

– Ce n'est pas parce que tu es pressé de te faire dévorer par un titan que tu dois entrainer d'autres innocents dans ta chute.

Eren explose de rage et saute sur Jean pour lui envoyer un coup de poing. Non mais quels idiots ... Je lève les yeux au ciel et décide d'intervenir après qu'ils se soient échangés quelques coups. Eren est assis à califourchon sur Jean, je le pousse du pied et le fais rouler sur le côté. Ils se relèvent tous les deux et je leur donne à chacun une claque à l'arrière de la tête sous le regard noir de Mikasa. Cette dernière sort les griffes dès qu'on ose toucher à son petit protégé.

– Vous n'avez pas fini de vous battre, bande d'idiots ? Vous devriez plutôt profiter de votre dernière soirée ensemble.

Ils grommellent tous deux et se serrent la main avant de repartir s'asseoir chacun à leur table. Le réfectoire reste silencieux encore quelques instants, puis les conversations reprennent peu à peu.

– Et toi, tu comptes aller où Rose ? demande Connie pour relancer la conversation.

J'affiche un sourire forcé sur mon visage et sors mon meilleur jeu d'actrice pour feindre mon enthousiasme pour le bataillon.

– Je pense que je vais aussi rejoindre le bataillon d'exploration.

Jean manque de s'étouffer à cette nouvelle et écarquille les yeux.

– Oh non pas toi aussi ... Tu es si pressée de te faire bouffer ?

– J'ai une revanche à prendre sur les titans.

Après ça, la conversation redevient plus légère et nous n'abordons plus les différents corps d'armée, ce sujet étant un peu trop sensible. Jean parait réellement déçu que nous n'intégrions pas les brigades spéciales avec lui. Pourtant, je donnerais n'importe quoi pour échapper au bataillon et au caporal Livaï.

Lorsque nous avons fini de manger, nous sommes invités à sortir dans la cour où un grand feu de camp est en train de s'embraser. Je suis ravie de voir qu'il y a de l'alcool, même s'il vaut mieux que j'évite d'en abuser ... Je ne me souviens que trop bien comment ça s'est fini la dernière fois. Les courbatures que j'ai eues suite à ma semaine de corvées sont restées plus longtemps que prévu, et j'aimerais autant que faire se peut ne pas réitérer cette expérience.

Je me sers un verre et rejoins Christa et Ymir. Cette dernière année, comme Kenny me l'a si gentiment demandé, j'ai fraternisé avec Christa et ai tenté d'en apprendre un peu plus sur elle. La tâche n'a pas été aisée puisque Ymir tourne toujours autour d'elle comme un vrai chien de garde défendant son territoire, ce qui implique que je ne me suis jamais retrouvée en tête à tête avec Christa. Je n'ai donc jamais pu aborder sereinement le sujet de ses parents avec elle, au grand dam de Kenny.

Je me demande d'ailleurs qui a employé Kenny pour cette mission qui traine en longueur. Pourquoi cette personne est-elle obsédée par Eren et Christa, et surtout par leurs parents ? Tout cela ne rime à rien selon moi et, tout ce que j'espère, c'est que je vais vite être rapatriée et rentrer chez moi. Je ne veux pas m'engager dans le bataillon d'exploration, et encore moins aller risquer ma vie avec ces idiots à l'extérieur des murs.

Je tente de me mêler à la conversation de Christa et Ymir. Autant Christa est joviale et enthousiaste à l'idée d'être mon amie, autant Ymir est aussi chaleureuse qu'une porte de prison et me lance régulièrement des regards noirs. Je me demande quel peut bien être le problème de cette fille pour qu'elle soit aussi antipathique avec tout le monde excepté Christa.

Mal à l'aise, je finis par m'éclipser pour aller vider quelques verres. L'alcool me monte doucement à la tête et cette douce euphorie s'empare peu à peu de moi. Jean s'approche de moi en titubant, il semble avoir un peu trop bu. C'est donc à ça que je ressemblais lorsque j'étais complètement torchée l'année passée ? Il me tend un verre et me tire doucement par le bras, un peu à l'écart du vacarme ambiant.

– Cul sec, la demeurée !

Nous trinquons et vidons nos verres d'une traite. Jean grimace et titube légèrement, ce qui me fait exploser de rire.

– T'es complètement torché, espèce de déchet.

Il hausse les épaules et, avec une rapidité déconcertante vu l'état dans lequel il est, il place ses mains sur mes hanches et m'attire à lui. Je le vois fondre sur mes lèvres et détourne la tête au dernier moment, évitant l'impact de justesse. Je le repousse brusquement et lui colle une gifle monumentale.

– Qu'est-ce que tu fous, tête de gland ?

Il parait encore abasourdi par ma gifle et hoquète.

– Bah ... Euh ... Je me disais qu'on pourrait peut-être s'éclipser dans les écuries.

Non mais je rêve ou quoi ? Mais quel crétin !

– Hors de question !

Je lui tourne le dos et commence à m'éloigner mais il me retient par le bras et me force à lui faire face.

– Oh allez, t'as bien couché avec Reiner ... Qu'est-ce qu'il a de plus que moi ? s'apitoie-t-il.

Non mais quel culot il a celui-là ! Bien qu'il soit complètement torché, je lui envoie un coup de genou dans les couilles. Il se plie en deux à cause de la douleur et son visage devient rouge. Je regrette rapidement mon geste lorsque je vois sa mine déconfite. Je pense que c'est l'alcool qui a parlé à sa place et qu'il ne s'en souviendra probablement pas demain.

– Ce qu'il a en plus je ne sais pas, en revanche ce qu'il a en moins c'est ta vieille tête de gland et ton micro pénis, lâché-je avant de m'éloigner.