7 ~ Réveil délicat

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- Ferme ta bouche, t'as l'air encore plus débile qu'en temps normal.

C'est définitif, je le hais. Je l'ignore et reporte mon attention sur l'infirmière qui est à présent occupée à me bander la tête. Après de longues minutes de silence embarrassant, je me décide à reprendre la parole :

- Qu'est-ce que vous êtes venu faire ici ?

- Je suis venu m'assurer que je n'ai pas détruit tes deux seuls neurones en te cognant.

Cet homme est un sacré hypocrite. Il y a deux heures il me rouait de coups et maintenant il feint l'inquiétude.

- C'est trop mignon, ironisé-je. Le grand caporal Livaï se fait du mouron pour la petite recrue qu'il a fracassée.

Son regard s'assombrit et il écarte l'infirmière pour attraper mon visage de sa main droite, m'arrachant une grimace de douleur. Il approche lentement son visage du mien et me fusille de ses petits yeux sombres et inexpressifs. Il est si proche de moi que son haleine mentholée fouette mon visage. Je lui rends son regard noir et me concentre pour m'empêcher de rougir à cause de mon malaise. L'infirmière, ayant perçu la tension dans l'air, nous tourne le dos et part s'affairer dans son coin.

- Fais bien attention à ce que tu dis, petite merdeuse. Tu es peut-être une excellente recrue, mais ton arrogance pourrait bien te coûter ta place ici. J'ose espérer que notre petit échange de cet après-midi t'aura aidée à retenir la leçon et que tu auras appris à fermer ta grande gueule.

A contrecœur, je hoche la tête et mords ma lèvre pour fermer ma grande gueule comme il le dit si bien. Il finit par lâcher mon visage et s'éloigner de quelques pas. L'infirmière revient alors avec un plateau sur lequel sont posés plusieurs compresses, diverses bouteilles, ainsi qu'un nouveau verre d'eau. Elle me le tend et je le vide à nouveau d'une traite.

Soudain, la porte de l'infirmerie s'ouvre et un soldat pénètre dans la pièce. Je le reconnais, il s'agit d'un des hommes infiltrés de Kenny. Je ne connais pas son nom, mais il sert d'intermédiaire entre Kenny et moi. Il parait décontenancé lorsqu'il aperçoit Livaï dans la pièce et hésite un instant avant de s'approcher de nous. Il se penche sur mon lit et me murmure à l'oreille aussi bas que possible :

- Kenny veut un rapport.

Je scrute la réaction de Livaï en espérant qu'il n'ait pas entendu le nom de Kenny. Il n'a aucune réaction, comme toujours en fait, ce qui me laisse espérer qu'il n'a rien entendu. Le soldat part ensuite en coup de vent, aussi vite qu'il est venu, sous le regard inquisiteur de Livaï.

- Que t'a-t-il dit ? me questionne le caporal.

- Qu'il voulait me sauter, inventé-je.

Je le vois serrer les poings et ses lèvres se crisper.

- T'as déjà oublié ce que je t'ai dit il y a deux minutes ? Tes deux neurones sont trop endommagés par les coups et ont du mal à se connecter entre eux ?

- Je vous répète simplement ce que j'ai entendu. Ce n'est quand même pas ma faute s'il est venu me dire de telles obscénités.

Je hausse légèrement le ton, me voulant convaincante. Livaï hésite un instant avant de se détendre quelque peu. Je croise les doigts pour qu'il ait cru à mon mensonge. Il soupire et se dirige ensuite vers la porte.

- N'oublie pas ce que je t'ai dit, merdeuse. Apprends à fermer ta gueule, dit-il avant de sortir de la pièce.

Je souffle de soulagement et me détends une fois le gnome parti. L'infirmière me procure les derniers soins avant de me demander si j'ai besoin de quoi que ce soit. Elle m'apporte du papier et de quoi écrire avant de me laisser seule dans cette grande pièce, non sans me rappeler de me reposer jusqu'au souper. J'attends quelques minutes après son départ avant de me lancer dans la rédaction d'un long compte-rendu des évènements à l'intention de Kenny.

Une fois ma lettre terminée, il est presque l'heure d'aller dîner. Je décide donc de me lever de mon lit et de vagabonder dans les couloirs à la recherche de l'espion. Je le croise au détour d'un couloir et glisse discrètement la lettre dans sa main lorsque nous nous croisons. Nous ne nous adressons pas la parole et nous ignorons royalement.

J'esquisse un faible sourire lorsque je l'ai dépassé mais me fige sur place quand je vois Livaï à l'autre bout du couloir. Il nous fixe et je devine qu'il a tout suivi de notre échange pourtant discret. Je me ressaisis et continue de boitiller comme si rien ne s'était passé. J'adresse même un faible sourire au caporal lorsque j'arrive à sa hauteur et que je le dépasse. Alors que je me crois tirée d'affaire, il agrippe mon bras et me plaque violemment contre le mur, réveillant en moi des douleurs endormies.

- Qu'est-ce que tu as donné à ce soldat ?

Je détourne le regard et garde ma bouche scellée le temps d'inventer un mensonge à peu près crédible.

- T'es sourde, merdeuse ? Quand je te pose une question, tu es priée de me répondre.

- Un bout de papier.

Je ne vois pas sa gifle arriver et ma tête percute à nouveau le mur, ranimant ma migraine. J'entends le gnome soupirer. Il attrape ensuite mes cheveux et m'oblige à le regarder dans les yeux. Mon cuir chevelu est en feu et je me fais violence pour ravaler mes larmes. Bien qu'il fasse dix centimètres de moins que moi, il m'intimide.

- Ne fais pas la maligne avec moi. Qu'est-ce que tu as écrit sur ce mot ?

Je déglutis difficilement avant de lâcher mon plus beau mensonge :

- Je lui donnais rendez-vous au soir dans les écuries.

Livaï parait surpris et décontenancé par ma réponse, si bien qu'il desserre sa poigne sur mes cheveux et j'en profite pour me défaire de son emprise. Il soupire et se pince l'arête du nez.

- Ces écuries sont décidément ton lieu de prédilection pour faire des cabrioles.

Je hausse nonchalamment les épaules avant de répondre :

- Vous savez, la paille c'est plutôt confortable même si ça gratte un peu.

- Ta cervelle de moineau a déjà oublié ce que je t'ai dit il y a deux heures ?

Je secoue faiblement la tête et laisse couler quelques larmes le long de mes joues pour appuyer mon rôle de petite idiote écervelée.

- Si on te prend encore en train de fricoter avec qui que ce soit, tu seras renvoyée.

- Je ... Je suis désolée, balbutié-je d'une voix faible. Je n'irai pas, c'était une erreur.

Le gnome m'examine un instant, jaugeant ma sincérité, avant de soupirer une nouvelle fois.

- Tu devrais faire profil bas pendant quelques temps, me conseille-t-il en s'éloignant.

A l'ombre des murs [Livaï x OC] | Wattys 2021 | Wattys 2022Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang