PDV Camilla
Assise sur le canapé, mon plateau sur mes genoux, je ne pouvais m'empêcher d'observer Mina qui lisait nerveusement le journal tout en me lançant des coups d'œil discrets toutes les secondes.
Décidée à comprendre ce qui se passait, je déposais mon plateau sur la table et avançais vers elle.
Mais elle eût un mouvement de recule et cacha le journal derrière son dos.
Moi : Donne-le moi.
Mina : Non, je peux pas.
Moi : Vraiment ? Il suffit juste que je sorte de l'appart pour me le payer directement. Alors stp donne-le moi Mina.
Elle le prit mais referma quand-même la page où elle s'était attardée, ce qui m'arracha un soupir d'agacement. Elle me le tendit et je le lui arrachais presque des mains.
Je le feuilletais rapidement en jetant des coups d'œil sur des sujets que je ne trouvais pas si intéressants que ça. Jusqu'à ce que j'arrive au milieu et que mon sang se glace dans mes veines. Ma bouche s'ouvrît d'elle-même et mon estomac se retourna. Je pris place pour essayer de calmer cette colère et angoisse qui montaient en moi.
Moi : Mais...c'est...c'est faux ~ murmurais-je.
Mina posa une main réconfortante sur la mienne en me souriant.
Mina : Oui, ma chérie. Nous savons toutes les deux que c'est faux et c'est ça le plus important.
Je n'en revenais pas de ce que je voyais. Je ne savais pas que les paparazzis de cette ville étaient aussi cinglés.
« Camilla Miller : La nouvelle conquête du jeune homme d'affaires Marcos Williams. »
Tel était écrit en grand sur la page. Il y avait de photos de nous prises hier dans le restaurant. On le voyait me faire une bise et moi de même.
Bien que c'était juste des bisous polis, les journalistes en faisaient tout un cran dans leurs commentaires.
Imaginer une seule minute que tout le monde pense que je sois la petite amie de ce coureur de jupon me mettait tout simplement hors de moi.
Mina : Calme-toi Cami, tu deviens pâle.
Moi : Comment me calmer avec une telle rumeur sur moi ? Je n'aurai jamais dû partir, jamais.
Je jetais le journal par terre avant de me réfugier dans ma chambre.
Marcos lui de son côté, devrait être satisfait de cette rumeur, pensais-je.
Je savais que de centaines de filles auraient tout donné pour sortir avec Marcos et être ainsi affichées dans la presse. Mais moi, non.
Je m'approchais de ma fenêtre vitrée et l'ouvris afin d'aérer la pièce. Mais à peine avais-je ouvert que j'aperçus un photographe au rée de chaussée, son appareil photo en main, prêt à tirer.
Je refermais aussitôt la fenêtre et le flash frappa en retard à mon plus grand soulagement.
Je rentrais au salon paniquée, je n'arrivais pas à croire que l'appartement était surveillé.
Moi : Mina, les paparazzis sont là, fais quelque chose stp.
Mina : Quoi ? T'es sérieuse ?
Moi : Oui, j'en ai vu un. Fais-les partir stp.
Mina : T'inquiète pas, je vais m'en charger.
Elle alla dans sa chambre alors que je l'attendais sagement de ma chambre. J'avais tout sauf besoin d'un groupe de cinglés pour me suivre partout et n'importe comment.
Mina revint quelques minutes plus tard, changée et les cheveux brossés.
Mina : Je vais leur dire que cette rumeur est fausse, qu'il n'y a rien entre toi et ce gars. Et que s'ils ne dégagent pas d'ici, je les poursuivrai pour harcèlement.
Je hochais la tête face à sa détermination. Moi, je n'étais pas de cœur à les affronter.
Elle sortit et je me collais à la fenêtre pour ne rien rater. Je ne pouvais entendre ce qu'elle disait, mais je pouvais voir par ses gestes qu'elle était littéralement entrain de péter un câble au fur et à mesure qu'elle parlait.
Elle revint une demi-heure plus tard, fatiguée.
Moi : Alors ? Ils sont partis ?? ~ m'impatientais-je.
Mina : Oui, je les ai remis à leur place.
Moi : Merci infiniment ~ dis-je en la prenant dans me bras.
Mina : Je t'en prie ma puce.
~ Éclipse de quelques heures ~
Moi : T'es sûr que je devrais y aller ?
Mina : Bien sûr, tu vas pas rater ton premier jour pour ça.
Moi : Tu as raison.
Je me préparais et me dirigeais vers l'hôtel.
Il était 17h quand le taxi me déposa devant l'hôtel. Ce n'était pas non plus mon jour de travail, une collègue prenait ma place mais je voulais quand-même y jeter un coup d'œil.
Arrivée dans les cuisines, Ben le chef cuisinier m'accueillit en me lançant directement les vêtements de service.
Ben : Camilla, contente que tu sois là. On a vraiment besoin d'un coup de main.
Camilla : D'accord ! ~ dis-je en soufflant.
Je me changeais dans le vestiaire et enfilais une paire de pantoufles.
Ben : Tiens ça, c'est pour la table 5. ~ dit-il en me tendant un plateau bien garni.
Je sortais et mon cœur fit un bon dans ma poitrine. Le problème n'était pas le fait de voir Nasim. Le problème était qu'il était en compagnie. Je ne pouvais voir son visage, je voyais juste une masse de cheveux blonds.
Je m'approchais avec une lenteur démesurée et arrivée sur cette table. Nos yeux se croisèrent deux secondes, et il détourna le regard.
J'eus un pincement au cœur sans le vouloir. Pas de salutation, pas de sourire comme il en avait l'habitude. Cette fois, c'était juste un regard dépourvu de toute émotion. Pourquoi tant de froideur ? Avait-il lu le journal ? Où c'était à cause de cette blonde ? En parlant d'elle, j'en profitais pour la regarder alors que je déposais les assiettes sur la table.
Elle avait des yeux bruns et des taches de rousseur qui allaient parfaitement avec sa peau laiteuse et ses cheveux blonds. Impossible de nier qu'elle était vraiment belle. Une jalousie s'empara de moi alors que je m'apprêtais à faire demi-tour.
Mais elle m'arrêta.
... : Attendez svp.
Je me retournais et restais débout comme un arbre.
... : Tu veux un apéritif ? ~ demanda-t-elle doucement à Nasim.
Je remarquais qu'il avait mauvaise mine. Il hocha juste la tête en guise de réponse sans me regarder.
Elle tourna de nouveau le regard vers moi en souriant.
... : Un apéritif pour mon fiancé svp.
J'eus l'impression qu'un bourdonnement se faisait entendre dans mon cerveau. C'était sous le choc que je rentrais dans les cuisines.
Je demandais à un collègue de servir un apéritif sur la table 5 avant de me réfugier dans les vestiaires.
Fiancé ? Nasim était fiancé à cette fille ? Elle était si belle et semblais si douce rien que par sa voix et ses gestes...tout le contraire de moi. J'avais toujours été grossière et agressive avec lui. Il devait sûrement la préférer à moi. Avec un grand soupir, j'essayais de bannir la grosse boule qui se formait dans ma gorge.
J'attrapais mon portable et écrivais un message à Mina, lui disant que j'allais bientôt quitter l'hôtel.
Je mangeais lentement un sandwich parce que mon ventre gargouillait.
Il était 20h quand je quittais l'hôtel. J'aperçus les prétendus fiancés parler et rire comme un couple parfait.
Arrivés à l'extérieur, je marchais lentement jusqu'à ce que je sente une main encercler doucement mon poignet, m'arrêtant. Je me retournais rapidement.
Moi : Nasim... ~ murmurais-je.
Nasim : Bonsoir Camilla.
Moi : Bonsoir.
Je ne pouvais m'empêcher de détacher mes yeux de lui. Il était tellement beau dans ce pull en cuir noir que ça me donnait envie de me réfugier dans ses bras. Sans compter son parfum qui remplissait toute ma surface de respiration.
Nasim : Ça va ?
Moi : Oui, ça va. Tu ne vas pas rejoindre ta fiancée ?
Son visage se raidit avant qu'il ne reprenne la parole d'un ton neutre.
Nasim : Si, mais je tenais à te parler. Et c'est important.
Moi : Je t'écoute.
Nasim : Je te laisse libre désormais.
Moi : Ça veut dire ? ~ demandais-je dans l'incompréhension.
Nasim : Je ne te courrai plus après comme un chien. Tu peux t'estimer heureuse. Je pense que j'ai perdu mon temps en espérant qu'il ait un jour quelque chose entre nous.
Une migraine s'implanta au fin fond de mon cerveau alors que je rassemblais toutes mes forces pour soutenir son regard sans faillir.
Nasim : Je pensais que t'étais une bonne personne mais je me rends compte que non. Une bonne personne ne déteste personne, et surtout pas sans raison. Parce que oui, je sais que je ne t'ai jamais rien fait. Mais tu t'es toujours montrée si hautaine.
Ça devait sûrement te faire un bien fou de me traiter comme ça, n'est-ce pas ?
Je ne faisais que le regarder en battant des cils, incapable de prononcer le moindre mot. Mes cordes vocales ne fonctionnaient plus et ses paroles étaient comme des coups de couteau.
Nasim : Je pensais aussi que t'étais une fille vertueuse mais tu m'as prouvé le contraire. Comment oses-tu flirter avec Marcos ? ~ demanda-t-il la voix amère.
C'était donc de la jalousie la cause de tout ça ?
Moi : Si t'es jaloux, tu...
Nasim : Je ne suis pas jaloux, juste dégoûté ~ me coupa-t-il.
Cette phrase me fit l'effet d'une gifle. Je n'aurai jamais imaginé une chose aussi choquante venant de lui. J'avalais difficilement ma salive en affrontant son regard sombre.
Nasim : Je suis plus que déçu de constater que tu es exactement comme toutes les filles que j'ai connues. Bonne soirée !
Je restais plantée là au milieu de nulle part, le regardant partir vers l'hôtel. Ça s'était passé si vite.
Je continuais lentement mon chemin quand je sentis une larme couler le long de ma joue. Je l'essuyais du revers de la main, furieuse. Furieuse de pleurer pour un homme, qui n'était même pas le mien.
J'étais totalement ridicule.
Je me remettais de ma torpeur quand je sentis une force me tirait en arrière avant qu'un mouchoir se pose contre mon nez et ma bouche. Je paniquais et essayais de me débattre mais ce qui me tenait semblait être beaucoup plus fort. Plus je me débattais, plus je sentais mon corps s'affaiblir et mes forces m'abandonner. C'est là que je compris que ce mouchoir n'était pas pour m'empêcher de crier mais pour m'endormir.
Des larmes roulèrent sur mes joues alors que mes paupières devenaient très lourdes. Le sommeil m'emportait et je levais les yeux vers le ciel étoilé, avec le sentiment que c'était la dernière fois que je le voyais.
Mes muscles lâchèrent complètement et je sentis mon corps basculer sur le sol. Ma vision était floue et les bruits de la ville n'étaient plus qu'un lointain écho.
Je crus entendre une voix me soufflait dans les oreilles avant que mes yeux ne se ferment.
... : Dors Camilla, dors, parce que tu ne pourras plus jamais dormir de ta vie.