« Hostage » / Bradford
Je marchai derrière Niall peu rassurée.
Le minuscule trajet qui portait de l'entrée au salon sembla durer une éternité. Je le voyais se retourner de temps en temps pour s'assurer que je le suivais toujours et, à chaque fois, mon cœur sursautait au creux de ma poitrine, m'empêchant de respirer.
« _ Alors, de quoi est ce que tu veux me parler ? »
Niall s'assit tranquillement sur la table basse au centre de la pièce tandis que moi, intimidée, je restai devant lui, le visage tourné vers le bas et les mains cachées dans mon dos.
« _ J'imagine que tu veux parler de Zayn ? » A sa demande, effectuée d'un ton plus naturel, je relevai la tête et niai.
« _ Je voudrais parler de vous... » Je me mordis la lèvre hésitante. « De Harry et de votre dispute. » Précisai-je.
Je me sentis immédiatement plus anxieuse ; je ne savais pas quelle allait être sa réaction et je ne voulais vraiment pas l'irriter et me mettre dans une panade dont je ne pourrais me défaire.
Niall fronça les sourcils et serra ses mains sur le rebord de la table.
« _Tu veux parler de notre dispute, entre nous et Zayn ? » Demanda-t-il paraissant intéressé.
J'acquiesçai et il rit immédiatement.
« _Tu dois savoir qu'il ne m'est pas permis d'en parler. » Il leva sa jambe et posa son pied sur l'assise d'une chaise sous la table et d'un coup y lança vers moi. Il me fit un signe de tête en l'indiquant.
Je devinai alors ce qu'il suggérait ; de ce fait, sans hésiter, je m'assis et posai mes coudes sur mes jambes.
« _ Je sais que Zayn ne veut pas mais... » J'observai mes mains et les frottai nerveusement sur mes cuisses.
« _ Honnêtement je m'en contre-fou complétement de ce qu'il veut et si j'ai sa permission de te le dire. » Cracha-t-il de façon hautaine.
Je relevai la tête d'un coup et le regardai un instant pleine d'espoir.
« _Tu veux savoir pourquoi Zayn est parti et qu'il ne veut plus rien avoir à faire avec nous ? » Me demanda-t-il en me regardant profondément.
Pour la millième fois j'acquiesçai ; je semblait si stupide mais, en réalité, à chaque fois que ses lèvres lâchaient ces mots je restai figée.
« _Je te le dirai. » Admis-t-il. Il haussa les épaules l'air de dire qu'il s'en moquait.
Mais un instant après ses lèvres s'arquèrent en un sourire étrange ; un sourire assez inquiétant. Il se redressa d'un coup et frotta des mains.
« _ En fait, si je ne te le dis pas c'est seulement dans le cas où tu n'acceptes pas ma proposition... » Sa voix me coupa étrangement le souffle. Elle était devenue plus basse, plus... sensuelle. Son rire malicieux résonna lorsque, d'un pas calme et quasi menaçant, il commença à avancer vers moi. La distance qui nous séparait était réduite et chaque pas qu'il faisait lentement, la diminuait.
Je me retrouvai à enfoncer le dos dans le dossier de la chaise tandis que ses jambes, désormais très proches, effleuraient mes genoux.
« Niall... » Mais mes mots se bloquèrent dans ma gorge. Je fus incapable de poursuivre. Je ne faisais que le fixer, terrorisée par ses iris bleus, dirigés droits sur mon visage.
Je sentis sa jambe se glisser entre les miennes, serrées, il continua de faire pression au niveau de mes genoux de manière à les séparer. Je tentai d'abord de résister ; je serrai un peu plus mes cuisses en essayant de l'empêcher d'aller plus loin. Mais lorsque son corps s'avança de nouveau plus près de moi, et que son corps me fit de l'ombre, je me rendis compte que sa jambe avait cessé tout mouvement et que ses doigts faisaient pression sur mes cuisses.
Je déglutis en le fixant avec terreur.
J'avais fait une bêtise, une grosse bêtise, tout simplement. Comment, bon sang, m'était -il venu à l'esprit d'agir seule, tout en sachant face à quoi je me dressais.
Niall resta pendant quelques secondes là, à me fixer, me faisant trembler de peur. Néanmoins, un instant plus tard, sans même me laisser le temps de réagir, son corps se retrouva sur le mien.
« _ Niall, non ! » Ma voix sortit stridente, dans un souffle, alors que je saisissais ses épaules.
Il était évident que je voulais l'éloigner de moi.
« _Qu'est ce qu'il y a, tu ne veux pas le savoir ? » Sa voix devint plus souple, comme si il parlait à une enfant.
Il se moquait de moi ; il savait que je n'allais pas m'opposer. Il saisit mes poignets avec son habituel sourire en coin et éloigna mes mains de son corps et les dirigea avec force le long de mes flancs en les serrant de manière à complétement me bloquer. Mon torse se redressa désespérément tandis que je tentais de prendre une profonde respiration.
« _Quelles belles lèvres.. » Gémit-il en fixant ma bouche de ses iris bleu glace. « Je m'en souvenais exactement comme ça, juste faites pour me sucer la bite. » Il sembla gémir alors qu'il continuait de les fixer en léchant avidement les siennes.
« _Lâche moi s'il te plaît. » Je tentai d'intervenir et forçai sur mes bras afin de me libérer, en vain, de sa prise. Je soupirai lorsque, à bout de force, je conclus que je ne réussirais jamais à me libérer de ses grandes mains.
Son visage se pencha vers mon cou. Je cherchai à m'éloigner de lui, jetant ma tête en arrière ; mais toute tentative s'avéra inutile. Je sentis le bout de son nez se poser sur le bord de ma mâchoire et descendre lentement jusqu'à la base de mon cou. Je grognai. Je ne voulais pas ses lèvres sur moi, je ne voulais pas sentir sa peau contre la mienne, je ne voulais pas non plus que la pointe de sa langue glisse jusqu'à rejoindre le lobe de mon oreille.
Je penchai la tête et inclinai le cou afin de m'éloigner le plus possible de Niall ; mais il insistait laissant sa langue sur ma peau. Sa salive sur moi fit réagir ma peau ; rien que de la sentir j'en avais des frissons.
« _Un suçon » L'entendis-je murmurer dans mon cou.
Ses cheveux chatouillèrent ma joue tandis que le blond, avec attention, fixait un point sur mon cou.
« _Il y va de bon cœur, mhmh ? » Sa demande, pleine de malice, fût suivie de mon geignement.
Ses dents mordirent le bout de peau qu'avait aspiré Zayn peu de temps avant. Je sursautai.
« _Tu m'autorise tes lèvres ? » Je sentis son souffle chaud sur moi. Je secouai rapidement la tête et au même moment les doigts du blond vinrent se serrer un peu plus autour de mes poignets, me faisant sangloter. « Ne fait pas la délicate. » Murmura-t-il alors qu'il redressait la tête vers mon oreille et en mordit le lobe.
Il ria ; son rire fit courir des frissons dans mon dos ; ses lèvres se rapprochèrent toujours un peu plus de ma peau jusqu'à l'effleurer.
« _Il y a quelques mois je mettais mes doigts en toi... »
Je remuai la tête. Je ne voulais pas l'entendre parler de cette malheureuse affaire ; je ne voulais pas non plus qu'il évoque ses sales mains sur mon corps.
« _Tu ne veux pas ? » Me demanda-t-il, le visage toujours enfouit dans mon cou.
« _Non. » Je ne sus exactement où je trouvai le courage de parler mais, malgré le fait que ma voix fut faiblarde et chevrotante, je le fis.
« _Qu'est ce que tu ne veux pas ? » M'interrogea-t-il de nouveau.
« _ Je ne.. je ne veux plus savoir.. » Déglutis-je. « Je m'en fout ; laisse moi partir s'il te plaît. » Je commençai à respirer bruyamment et lourdement alors que je tentai de rester calme.
« _Mais moi je veux te le dire... » Son intonation faussement déçue me figea encore un peu plus que je ne l'étais déjà. Je fermai les yeux et déglutis essayant de retenir la boule dans mon ventre et les larmes qui tentaient de tomber.
En un instant je sentis son corps lourd qui pesait contre le mien s'écarter, sa poigne relâcher mes bras et son souffle sordide qui heurtait mon visage s'éloigner. J'ouvris doucement les yeux et le trouvai debout face à moi en train de m'observer. Ses mains serrées en poings et son regard glaçant droit sur moi. Une seconde j'eus l'impression de revoir Zayn, un Zayn en colère, dans sa manière de bouger en étant furieux.. C'était peut être la seule ressemblance que j'arrivais à noter chez les deux frères.. qui étaient décidément très opposés.
« _Lèves toi. » Ordonna-t-il.
Mon corps tremblait, mes jambes étaient faibles ; je n'aurais pas tenu plus longtemps. J'écarquillai les yeux et lui lançai un regard suppliant.
« _Non, non, non. » Je secouai désespérément la tête et pour une raison inconnue je pleurai. Je m'en rendis compte lorsque je sentis une larme couler sur la joue. « Je t 'en prie... » Suppliai-je en même temps que sa main saisi mon haut et qu'il me tire violemment vers lui. Mon visage était à quelques centimètres du sien.
Je battis rapidement les paupières afin de contenir mes larmes ; ma gorge me brûlait et d'un coup je me sentis sans force, incapable d'un mouvement.
« _Tu me supplies ..! » Il éclata de rire. Sa main me lâcha et me poussa loin de lui me causant presque de tomber. En une seconde je me repris me tenant derrière moi ; et me redressai le fixant dans les yeux. « Tu aurais dû y penser avant » Dît-il en en haussant la tête et arborant un sourire en coin. « Maintenant déshabille toi » Ordonna-t-il en faisant courir son regard surtout mon corps.
Je me remis à pleurer incapable de me retenir. Niall sembla s'impatienter ; mon état ne le touchait pas le moins du monde. D'un pas svelte il se rapprocha de moi et me plaqua au mur me faisant mal aux épaules et me coupant le souffle. Je sentis quelque chose de chaud et humide couler de mon nez jusqu'à ma bouche : du sang. Au même moment ma tête se mis à cogner et ma vue se troubla un instant. Ses mains laissèrent mes épaules et se posèrent de chaque côté de mon cou. Ses yeux plissés semblaient vouloir me tuer. Son regard criait la rage, la rancœur... Quelque chose de jamais vu. Je n'arrivais pas à me concentrer sur autre chose que ses yeux bleus. Mes bras pendaient le long de mon corps, incapable de réagir, et mes yeux étaient fixés sur lui et il en coulait des larmes silencieuses.
« _J'ai tellement envie de toi ça me met dans un état.. » Affirma-t-il en appuyant un peu plus ma tête contre le mur. Heureusement ses mains ne serraient pas mon cou mais me tenaient bien contre le mur me maintenant immobile.
« _Vous avez baisé ? » Sa question me surpris.
Sur le coup je ne compris pas le sens de sa question. Je le regardai muette. Ce furent ses mains qui me réveillèrent de cet état. Ces mains qui m'avaient rendu ainsi, qui avaient serré mon cou, qui avaient contraint mon corps contre ma volonté. L'une d'elles se posa sur mon sein et le comprima ; tant que je gémis de douleur. Je serrai les dents et essayai de me retenir.
« _Vous avez baisé oui, ou non ? » Demanda-t-il à nouveau en insistant sur les deux possibilités de son ton froid.
Oui ou non ? Cette question fût aussitôt suivie de la pression de son bassin sur mon bas ventre. Son intimité excitée cherchait la mienne; me forçant à prendre la parole. J'acquiesçai tout en m'obligeant à ne pas penser à la douleur de mon corps malmené.
J'acquiesçai de nouveau en prenant une profonde inspiration. Ma réponse, cependant, ne le contenta pas et sembla même le mettre d'avantage en colère. Ses mains lâchèrent mon corps pour venir saisir le bord de mon haut le relevant d'un coup rapide. J'eus le temps d'accrocher ses poignets en mouvements. Nous nous regardâmes les yeux dans les yeux et j'enfonçai mes ongles dans sa peau pâle.
« _Ne fais pas ça je t'en supplie.. » Le priai-je en luttant contre le feu dans ma poitrine et ma gorge serrée. Mes yeux se chargeaient déjà de larmes et mes lèvres étaient couvertes de sang. Je fermai les yeux un instant puis les ré-ouvris ; sans que je ne puisse faire quoi que ce soit des larmes se mirent à couler. Au moment où le blond sembla penser à mes supplications je rassemblai le peu de force qu'il me restait pour le repousser loin de moi.
Je ne mis pas une seconde et je m'échappai vers la sortie. Je passai la porte et courus dans les rues désertes de Bradford.
Je ne sus où j'avais trouvé les forces et le courage d'agir ainsi mais je l'avais fait. Je fendais le vent et passais sur les feuilles ; je pleurais et n'arrivais plus à respirer.
***
Je m'arrêtai. Je vis un bans et je ne pus faire autrement que cesser de courir et m'asseoir un moment. Je sentais mon cœur frapper dans ma poitrine.
Je sentai mon cœur battre très fort.
Je sentai chacun de mes muscles trembler.
Mon corps ne semblait ne plus vouloir réagir.
Mes yeux me brûlaient et lorsque je baissai les yeux pour les fermer je remarquai mes manches couvertes de sang. Je passai alors le dos de ma main sous mon nez et constatai qu'il coulait toujours. Rien que la vue de tout ce sang me remua l'estomac. Je passai une main dans ma poche et avec difficulté en retirai mon portable.
Je regardai un moment l'écran et mes yeux s'illuminèrent lorsque je vis le nom de Zayn apparaître.
Trois appels manqués.
Mon cœur rata un battement et mon torse se comprima. J'avais encore envie de pleurer. J'en avais besoin. Rien qu'un pleur libérateur. Un de ces pleurs qui était dû au fait qu'au milieu de tout ce désespoir quelque chose de bien avait surgit. Une étrange nostalgie me fis me sentir mieux, une espèce de protection, une douceur. Zayn était à cet instant, cette part de nostalgie et de douceur ; ce rayon de soleil après la tempête. Pendant un instant je me sentis plus calme et plus sûre. Je tapai son numéro tandis que les larmes continuaient à couler sur mes joues désormais pour une raison absurde.
« _ Bee, j'étais en train de t'appeler. » Répondit-il hâtivement me faisant sourire. « Où étais-tu ? » Demanda-t-il en ne m'entends rien dire.
« _J'étais ...laisse tomber.. » Je reniflai et tentai de cacher au mieux ma voix tremblante. Je savais qu'il avait entendu combien il était difficile pour moi de parler ; et il ne me laissa pas le temps de me rattraper qu'il continua préoccupé.
« _Tu as pleuré ? » Je tentai d'avaler ma salive, essayant d'éviter tout bruit évocateur. « Non. » Mentis-je. Une autre larme glissa sur mon visage.
« _Je sais que tu as pleuré Bee, merde qu'est ce qu'il t'arrive ? » La voix de Zayn se fit légèrement plus forte et son inquiétude déteignait largement sur son timbre de voix.
« _Pourquoi tu m'appe-m'appelais Zayn ? » J'étais en train de sangloter. Désormais c'était évident que je pleurais ;mais je ne voulais point répondre. Pas au téléphone.
Je l'entendis souffler anxieusement.
« _Fais chier, je voulais t'inviter à sortir mais maintenant dis-moi ce que tu as putain ! » Je l'entendis bouger et un claquement me fis comprendre qu'il était en train de fermer le portail.
« _Je suis à Bradford. » D'une main j'essuyai les larmes qui coulaient ; je regardai autour de moi perdue.
« _Quoi ? » Il devint immédiatement plus sérieux et je compris que cela n'augurait rien de bon. « Bee qu'est ce que tu racontes bordel ? » M'interrogea-t-il perplexe.
« _Viens me chercher. » Un sanglot brisa ma voix me faisant fondre en larmes , encore une fois. Je continuai de pleurer, essuyant chaque larme tombant de mes yeux.
« _Où es-tu ? Dis moi exactement où Bee. » Zayn haussa le ton allarmé.
Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait mais c'était évident qu'entendre le nom de sa ville et mes pleures simultanément laissait une mauvaise image de la situation.
« _Sur la route pour arriver chez toi...il y a un banc. »J'observai à nouveau autour de moi en plissant les yeux, les larmes brouillant ma vue. « C'est désert Zayn. » Je pris de profondes inspirations et tentai de me calmer. Et de suite à la fin de sa phrase je l'entendis raccrocher.
**
Il passa au moins une vingtaine de minutes pendant lesquelles j'avais le regard fixé sur l'écran de mon portable afin d'éviter aux rares voitures passantes de s'arrêter se faisant de mauvaises idées sur ma présence ici. J'étais terrorisée à l'idée de voir qui que ce soit dans ces conditions, de devoir affronter quelqu'un d'autre que Zayn. L'écran éteint de mon téléphone occupait mon attention et l'air frais d'engouffrait dans mes cheveux caressant ma peau brûlante. D'un coup le silence reposant autour de moi disparut. Un bruit sourd me fit sursauter. Je me figeai et serrai mon téléphone pendant quelques secondes. Puis je réalisai qu'il s'agissait du son d'une portière et de bruits de pas. Je relevai la tête doucement et regardai autour de moi. Et je ne pus me retenir mes sanglots. Tout ce que j'avais fait pour contenir mes pleurs s'évapora lorsque je le vis face à moi, les yeux écarquillés. Il me fixait. La voiture derrière lui était toujours allumée et en cet instant c'était le seul bruit que j'entendais hormis les battements de mon cœur dans ma poitrine. Il fit quelques pas pour me rejoindre, il était suffisamment près pour que je vois son visage. Il s'était figé. Je ne me préoccupai pas de son visage choqué de me trouver ainsi.
J'avais besoin de lui. Toutes mes plus fortes émotions se comprimaient dans ma cage thoracique lorsque je l'analysai vêtu tout de noir. Je sautai sur mes pieds et couru dans sa direction, j'enlaçai mes bras autour de son torse et collai mon visage contre lui le serrai un peu plus fort ; recommençant à pleurer sans pouvoir m'arrêter.