– Raconte-moi, vous êtes restés un long moment dans ton bureau Tomlinson et toi toute à l'heure, rit Pablo du côté passager.
Le bouclé et son ami roule pour aller au studio Irwyns, à quelques kilomètres de leur travail. Harry souffle dès que Pablo sort ne serait-ce qu'un mot de sa bouche. Il sait que l'Espagnol ne le lâchera pas et voudra savoir ce qu'il s'est passé entre lui et Louis. Lorsque ce dernier est parti sous l'ordre de son patron, il s'est très vite enfuit dans son bureau avant de le fermer à clé et de se laisser tomber par terre. Il n'a pas pleuré, il s'est retenu pour ne pas avoir les yeux rouges et bouffis lorsqu'il allait devoir partir pour le shooting de 11 heures. Il a aimé ce court moment intime avec Harry, oui évidemment qu'il l'a aimé, mais ça n'aurait jamais dû arriver, il était faible et attristé par cette séparation, voilà les raisons qui l'ont poussé à la faute. Sauf qu'il se voile la face, il avait juste besoin de sentir celui qu'il aime, il voulait toucher ses magnifiques lèvres jusqu'à ne plus avoir de souffle, et lorsqu'il repense à ce moment, ce n'est pas un sentiment de remords qu'il ressent, mais de l'envie, oui, s'il écoutait son cœur, il serait retourné voir le beau bouclé et il l'aurait de nouveau embrassé avant de lui dire de tout oublier: oublier leurs disputes, leur séparation, leur relation caché, tout, recommencer à zéro, sur des bases solides. Mais ce n'est pas ce qu'il a fait, il a écouté sa raison qui lui disait de ne pas retomber dans ses bras, pour son bien.
– Allé Haz, tu ne vas pas cacher ça à ton seul ami, essaie une nouvelle fois Pablo.
– Tu n'es pas mon seul ami, riposte le bouclé.
L'espagnol étouffe un rire en lui rappelant que Liam ne lui parle plus depuis plusieurs jours. Harry l'injure en lui faisant comprendre de se taire, mais ça n'arrête pas le jeune homme pour autant, qui continue de se moquer de lui, et de sa méchanceté envers toutes les personnes qui essaient de l'approcher.
Ce n'est pas de sa faute, le bouclé est ainsi, il n'a eu qu'un seul ami pendant son enfance, personne ne voulait lui parler, soi-disant que la situation professionnelle de son père lui montait forcément à la tête. Aucun enfant ne connaissait réellement Harry, ils l'avaient tous jugé à cause de son géniteur, le seul garçon qui est resté à ses côtés, c'est Liam, et ça, le bouclé ne l'oubliera jamais. Voilà pourquoi il ne cherche pas à connaître les personnes autour de lui.
– Bon tu me gaves Pablo, souffle-t-il, on s'est embrassé.
– Nan, j'y crois pas, cri le concerné en le scrutant, heureux pour lui, et alors?
– Et alors il est reparti en disant que c'était une erreur.
Le jeune homme pose son coude sur l'accoudoir et frotte ses doigts à sa légère barbe qui ne se voit presque pas. L'espagnol, quant à lui, perd son sourire en comprenant que ce n'est pas pour autant que la relation des deux amants s'est arrangée. Il est déçu évidemment, il va devoir ramasser son ami à la petite cuillère, encore une fois. Et même s'il apprécie beaucoup le comptable, il doit avouer que ce dernier prend de mauvais choix, et par conséquent, joue avec les sentiments d'Harry.
– Et si je laissais tout tomber Pablo? souffle désespérément le jeune homme de 22 ans lorsqu'il se gare devant le fameux studio face à eux, et si je partais, là, maintenant. Je quitte ce boulot de merde qui ne me plaît même pas, je pars loin et j'oublie tout.
– Tu ne le feras pas, répond l'Espagnol, sûr de lui, et tu sais aussi bien que moi pourquoi Harry. Certes travailler pour ton père ne te plaît pas, mais tu es attaché à beaucoup de choses dans cette ville qui te retiennent, le bouclé baisse la tête, sachant très bien que son ami a raison, d'abord il y a ta mère, et Timéo aussi, tu ne peux pas vivre sans eux, et tu as toujours promis au petit d'être là pour lui, ensuite il y a Louis, même si c'est terminé, tu ne pourrais pas le laisser en imaginant qu'il refasse sa vie avec un autre homme, Harry regarde ailleurs, tu as Liam aussi, il ne t'a jamais lâché depuis le collège lui, tu as aussi la société de ton père, et même si tu n'aimes pas être enfermé dans ce bureau tous les jours, tu es proche de ce que tu aimes faire, la photographie.
L'homme le regarde étrangement, comment sait-il qu'il a une passion pour la photo? Louis et Liam étaient les seuls à le savoir, et même si Harry et Pablo sont très proches, il ne lui a jamais dit à quel point cela l'intéresse. Voyant la préoccupation de son ami, l'Espagnol lui raconte alors comment il la sue. C'était quelque temps après son retour du Japon avec son patron qu'il a surpris Harry prendre des clichés de Louis, il avait appuyé sur l'étage numéro 2 en même temps que le 0 alors les portes se sont ouvertes et il a regardé comment le bouclé s'y prenait avec l'appareil, il en était même bluffé. C'est ainsi qu'il a compris que chaque soir, il fait tout pour être le dernier dans les locaux de la société, pour pouvoir se laisser aller en fin de journée. C'est simple, la photographie le détend.
– Et puis.. Tu ne pourrais pas partir sans moi, je te manquerais trop, se moque-t-il pour conclure.
– Certainement pas, Harry rigole à son tour ce qui fait plaisir à son ami, qui ne l'a pas vu sourire depuis longtemps.
Ils descendent ensuite et avance vers les locaux devant eux. Ils entrent sans problèmes lorsque le vigile reconnait le fils d'Éric Styles. Le bouclé se demande pourquoi ce petit studio a engagé un homme pour rester planter devant la porte toute la journée, il trouve cela ridicule lorsque Pablo lui explique qu'il est là juste pour aujourd'hui, car le patron, Monsieur Irwyns, l'a engagé à cause de sa venue. Encore un point qu'Harry déteste dans ce travail, il aimerait juste une chose: ne pas être le fils de Styles pour pouvoir avoir une vie juste normale.
– Bonjour Monsieur, salue Rebecca suivit de très près de Louis, le bouclé lui répond avec douceur et politesse, je suis vraiment désolé d'avoir changé d'horaire mais le studio était près alors Monsieur Irwyns m'a appelé.
– Ça ne fait rien, je ne faisais pas grand chose d'important de toute manière, il dit ceci en fixant le comptable qui vire au rouge.
La jeune demoiselle lui explique le fonctionnement de la journée et il l'écoute avec attention, il regarde les photographes qui commencent à installer leurs matériels, et il les envie, tout simplement. Pendant que Rebecca n'arrête pas de parler, Harry fixe Louis qui est resté assis sur une petite table, remplissant de la paperasse, il ne peut évidemment pas résister de penser à l'épisode de la matinée, il l'imagine encore gémir son nom sous les vas et vient de ses doigts en lui, il l'a toujours trouvé irrésistible.
– Hum monsieur, vous m'avez entendu? demande la styliste doucement, de peur de se faire jeter par le fils de son patron qui est connu pour être désagréable.
– Non, vous disiez? il lui répond d'un sourire franc ce qui l'étonne.
– Et bien, votre père a appelé Monsieur Irwyns ce matin, il aimerait que vous en profitiez pour vous faire prendre en photo, explique la jeune femme sous les yeux incompris du bouclé, apparemment, il doit refaire votre dossier pour les périodes où vous le remplacez.
L'espagnol jette un coup d'œil à son ami qui semble perdu. Harry n'aime pas être pris en photo, ce qu'il veut, c'est être celui qui tient l'appareil dans ses mains, de plus, il refuse que tout le monde soit en train de le regarder. Seulement, il réfléchit, et il n'a pas le choix, sinon il aura le droit à un appel de son père en fin de journée, et il ne veut surtout pas lui parler.
– Très bien, mais lorsque tout ce cirque sera terminé, je ne veux pas trente personnes qui me regarde, il explique d'une voix plus froide pour faire comprendre à la demoiselle qu'il n'aime pas cela.
Quelques instants après, la styliste repart faire son travail, laissant le bouclé se promener pour vérifier les activités de ses employés. Il n'a pas encore rencontré le dirigeant de ce studio, mais pour être honnête, il n'en a pas du tout envie. Dès qu'il tourne la tête pour regarder les personnes autour de lui, il voit Louis parler avec des femmes et des hommes qui leur dictent ce qu'il a à faire, il sent un regard sur lui et il sait qu'il s'agit d'Harry alors il essaie de l'oublier et de se plonger dans son travail malgré cet homme qui le déstabilise tant. Pendant une heure entière ils se cherchent irrésistiblement, dès que l'un regarde l'autre et qu'il se fait prendre, il retourne à son occupation, et ainsi de suite. Pablo l'a remarqué et essaie de parler à son ami le plus possible pour qu'il ne pense plus au magnifique comptable aux yeux incroyablement beaux. La pièce est recouverte de plusieurs bruits incessants qui met Harry mal à l'aise, il aime beaucoup le silence, la nature, et entendre tous ces gens parler -ou plutôt crier- dans tous les sens, lui fait mal à la tête. Pour essayer d'oublier tout ça, il entre dans une pièce beaucoup plus petite où se trouve une jeune photographe qui prépare son matériel, elle n'a pas entendu le bouclé entrer qui se dirige maintenant vers la grande armoire ouverte avec tous les objectifs qui doivent coûter une fortune à l'entreprise.
– Vous êtes intéressé par la photographie? demande-t-elle en le remarquant enfin alors qu'il a le dos tourné.
– Je m'y connais un peu, on va dire, il se retourne et sourit à la jeune femme qui n'a pas l'air de savoir qui il est, je ne suis pas du genre Helmut Newton, elle rit à sa comparaison, cet homme est spécialisé dans la mode et l'exacerbation du regard des femmes, chose que Harry ne supporte pas.
– Pour être honnête, moi non plus, même si je respecte beaucoup le travail de ce grand homme, elle riposte en continuant de nettoyer l'objectif qu'elle a dans les mains.
Le bouclé fait le tour de cette petite pièce chaleureuse, il reconnaît beaucoup de photographie, notamment les clichés maritime connus de Philip Plisson, cet homme incroyable dont Harry a toujours été impressionné. Il aimerait avoir une de ses photos affichées sur ce mur, son rêve n'est pas de rester dans un bureau à remplir des dossiers, mais être un célèbre photographe.
– Pourquoi être ici si la mode n'est pas votre spécialité? demande-t-il gentiment en lui souriant.
– Je n'ai jamais réussi à trouver un poste dans ce que j'aime faire, puis Monsieur Irwyns m'a remarqué un jour, et maintenant voilà où j'en suis, nettoyer les appareils de ceux qui aiment la mode, elle se retourne vers le grand bouclé, c'est un homme incroyable, vous savez, il a vraiment le cœur sur la main, j'ai toujours galéré dans la vie, et même si ce n'est pas ce que j'ai toujours souhaité faire, j'ai quand même un travail, ses yeux brillent en racontant cela, mais dites-moi, qui êtes-vous?
Le jeune homme de 22 ans sourit. Pour la première fois, il a eu une vraie discussion avec une personne avant qu'on lui demande son nom. Habituellement, on ne lui pose jamais la question car il est de suite reconnu, mais parfois, c'est différent, et il préfère cela. C'est ainsi qu'il a immédiatement adoré Louis, ce dernier venait d'être embroché en tant que comptable grâce à Éric, et lorsque Harry est venu lui apporter son tout premier dossier, ils ont parlé pendant une trentaine de minutes dans la bonne humeur avant que le beau brun ne lui demande enfin qui il est, cela lui a de suite plus.
– Je suis Harry, il lui tend sa main sans lui dire son nom de famille, et vous?
– Julia, elle répond suivit d'un sourire avant de le saluer d'une poignet de main, qu'est-ce que vous préférez comme type de photographie? poursuit-elle sans faire référence à son nom.
– Je suis plus du genre Hamilton ou DiCorcia, j'aime bien la nature, les rues, l'art urbain, il explique sans mentionner qu'avant toute chose, il préfère photographier le beau comptable de la société de son père.
Ils continuent ainsi pendant un bon bout de temps. Harry apprend que la jeune femme habite dans un endroit un peu perdu de la ville appelée Leadpreace, elle a 21 ans et aime les mêmes centres d'intérêt que notre bouclé. C'est lorsque son portable sonne qu'il revient à la réalité, il est ici pour travailler, et non pour discuter. Il se relève donc en regardant Julia et lorsqu'il allait repartir après l'avoir salué, elle lui demande si cela lui plairait qu'ils aillent photographier certains endroits qu'elle connait très bien. Il se demande s'il doit accepter, il ferait tout pour vivre de sa passion et puisque cela n'est pas possible, alors il n'a que ses temps libres pour le faire. Il finit par lui dire oui et la jeune fille prend son numéro de téléphone. Cette fois-ci, il allait vraiment partir, mais la phrase qu'elle lui dit l'arrête immédiatement.
– Bonne journée, Harry Styles, elle sourit.
Alors elle l'a reconnu et elle n'a rien dit? Harry lui sourit et la remercie d'avoir été ainsi avec lui pendant ce long moment qu'ils ont passé à parler de leur passion commune. Il l'apprécie de plus en plus maintenant qu'il sait qu'elle n'est pas ce genre de personne qui cherche à lui lécher les bottes, non, il a peut-être trouvé une nouvelle amie.
– À bientôt Julia.
Larryzo.