Je gare ma voiture et descends en tenant une arme à chaque main. Je rentre sans hésitation à l'intérieur du grand garage. J'avance lentement en pointant mes deux armes à l'avant. C'est silencieux. Très silencieux.
J'avance jusqu'à la lumière et ce que je vois m'horrifie. Syra et Rayaa sont là. Les deux sont attachés à une chaise.
- Syra ! M'écriais-je.
Elles lèvent leurs têtes vers moi. Je m'avance vers elles pour les détacher, mais en voyant un point rouge sur leurs fronts, je m'arrête.
- Caleb, va-t'en. Me dit Syra, faiblement.
Mais je ne bouge pas. Je ne peux pas partir en les voyant ainsi.
- Bienvenue, Caleb. Entendis-je, dans le haut-parleur. On va faire un jeu très amusant. Es-tu prêt ?
C'est la voix d'Ivan.
- Sors face à moi si tu es un homme ! M'écriais-je. Syra et Rayaa n'ont rien à voir avec nos affaires !
- Comme tu m'as pris mon père, je vais prendre une personne que tu aimes.
Je serre ma mâchoire.
- Ton père savait qu'il avait une chance de mourir, pourtant il m'a défié en duel. Lui dis-je. Ce n'est pas de ma faute si j'ai gagné.
Il ne répond pas. Je l'entends respirer fort dans le haut-parleur.
- Maintenant, tu vas m'écouter. Me dit-il. Pose une arme et garde l'autre.
Je lève la tête vers elles. Rayaa pleurait et Syra me suppliait du regard de m'en aller. Je pose l'arme comme il le demande et je garde l'autre.
- Très bien. Tu as devant toi les deux femmes que tu aimes. Dit-il. Tu ne t'ai jamais demandé laquelle tu aimes le plus ?
Je fronce les sourcils.
- Aujourd'hui, on va le savoir.
Mais qu'est-ce qu'il raconte ?
- Avec ton arme, tu vas tuer l'une et partir avec l'autre. Qui va survivre, qui va mourir, Caleb ? Syra ou Rayaa ?
Je secoue ma tête. Non. Il ne peut pas faire ça.
- Allez, Caleb ! Tu as cinq minutes devant toi. Soit tu tues une des deux, soit je tue les deux.
Punaise non. Non. Non. Non. Je dois nous sortir de là. Je peux pas les tuer. Non. Je passe ma main sur ma barbe, mon Seigneur aide-moi !
- Caleb, tue-moi. Me dit Syra en souriant tristement. Choisis-la. Je ne t'en voudrais pas. Tue-moi.
- Oui ! Choisis-moi, Caleb ! Rétorque Rayaa. C'est moi que tu aimes ! Pas elle !
Je les regarde avec désespoir. Je ne peux pas les tuer. Je ne peux pas, merde !
- Allez, Caleb. J'étais seulement un pansement, je le sais. Me dit Syra. Tu ne m'aimais pas réellement. Je suis heureuse d'avoir pu te rendre heureux pour quelques temps mais maintenant, tu as retrouvé ton premier et unique amour. Caleb, tu vas voyais sûrement comme une très proche amie, pas comme la femme de ta vie. Tue-moi. Sauve-la.
Je sais que ces mots lui font mal. Je les regarde tout à tour. Dire que Rayaa est la femme de ma vie sonne si faux... je ne me vois pas marié avec elle, je ne la vois pas porter mes enfants. Rayaa ne touchait pas mon cœur à chaque fois que sa peau touchait la mienne. Tu as tout faux, Syra...
- Tu vas me regretter quelques jours si je meurs mais elle, tu la regretteras toute ta vie. Dit-elle la voix brisée. Tue-moi, Caleb. Je veux mourir. Fais-moi cette faveur...
Je repense à tous ses mots, à ses sourires et rires, aux baisers que l'on a partagé, au moment où je la serrais dans mes bras.
Je lève mon arme face à moi.
J'ai pris ma décision.
- Sois heureux, Caleb. Dit-elle en souriant, les larmes aux yeux.
Elle ferme les yeux, pensant que c'est sur elle que je vais tirer. Et une larme s'échappe et roule le long de sa joue.
- Je suis désolé... Murmurais-je faiblement.
MAYA
C'est la fin.
Je vais mourir, enfin.
Malgré ce fait, dans ma tête, je ne pense qu'à une chose.
Caleb. Caleb. Caleb.
Caleb. Caleb. Caleb. Caleb.
Caleb. Caleb. Caleb.
J'entends un tir, mais je ne sens rien. J'ouvre lentement les yeux. Caleb est là, de la fumée sortant de son arme. Il a tiré... mais pas sur moi. Je tourne ma tête à ma droite, et je vois Rayaa, les yeux grands ouverts.
- Pourquoi... ? Demande-t-elle difficilement.
Caleb ne la regarde pas. Il me regarde.
- Qu'est-ce que tu as fais, Caleb ?! M'écriais-je.
Et je vois Rayaa jeter sa tête en avant, alors je comprends. Elle est morte. Caleb vient me détacher sans dire un mot. Je suis tellement, mais tellement en colère contre lui.
- Tu étais censé tirer sur moi !
- Je ne pouvais pas. Me dit-il d'une voix neutre.
- Et pourquoi ? Lui demandais-je.
Il s'approche de moi et m'attrape par la taille.
- Qu'est-ce qui te fait croire que je l'aime plus que toi ? Me demande-t-il.
- Tu l'as dis... tu as dis que tu n'aimerais personne autant qu'elle.
- C'est vrai. Je ne t'aime pas autant qu'elle, je t'aime bien plus qu'elle. Beaucoup plus.
J'écarquille les yeux.
- Tu... m'aimes ? Demandais-je, n'y croyant pas.
Il colle son front contre le mien, et me sourit.
- Je t'aime, Syra. Me confesse-t-il. Je suis amoureux de toi. Et si tu meurs, c'est toi que je regretterais jusqu'à la fin de ma vie.
Je ne m'y attendais pas. Caleb m'aime. La situation ne s'y prête pas, mais cet aveux me procure une joie indescriptible.
- Dans les livres, je ne serais pas le héros, car je ne sacrifierais pas ta vie pour sauver le monde. Me dit-il en souriant. Au contraire, je le réduirais en cendre s'il t'arrive quoi que ce soit.
Je lui souris puis le prends dans mes bras. Alors que je l'enlaçais, je vois des hommes entrer dans le garage. Je préviens Caleb et il se tourne. Ils semblent être ses hommes, car il ne réagit pas.
- Prenez Syra et emmenez-la chez moi. Leur dit-il. Je vais chercher Ivan, puis je reviens.
Les hommes de Caleb s'approchent de moi, mais je recule et me cache derrière lui.
- Non. Ne me laisse pas avec tes hommes. Dis-je doucement. Reste avec moi.
Il se tourne alors vers moi.
- Il t'a fait quelque chose ? Me demande-t-il.
Je hoche la tête et les larmes me montent aux yeux en me rappelant d'Ivan sur moi. Je raconte tout à Caleb, et il me gardait dans ses bras. Je peux voir une veine sur son front, signe qu'il est énervé mais il ne me lâche pas.
- Viens... on rentre à la maison. Me dit-il. N'aie pas peur. Je suis là. Je ne te lâcherais pas.
Et je le suis. Avec toi à mes côtés, je n'ai plus peur...