Chapitre 55

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PDV KEN

12h10

《 Ken, My Prince,

À l'heure où tu lis cette lettre je me trouve déjà très loin d'ici, loin de la France. Je pars pour faire mon deuil et avancer. Ici, tout me fait penser à lui et je ne le supporte plus.

J'ai décidé il y a quelques minutes de faire ma valise et de tout laisser derrière moi. Je ne sais pas quand je reviendrai, si je reviens un jour.

N'essaye pas de me joindre, j'ai éteint mon téléphone pour une durée indéterminée et clôturé mes réseaux sociaux. Je n'ai dit à personne où j'allais car j'ai besoin d'être seule.

J'espère que tu pourras me pardonner de t'avoir laissé et d'être partie lâchement, profitant de ton absence. Des adieux auraient été trop douloureux pour tout le monde.

Tu as été parfait avec moi, n'en doute pas. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie. J'avais réussi à laisser mes démons derrière moi et à aimer à nouveau.

Toi et les gars êtes les personnes qui comptent le plus pour moi au même titre que ma famille. Dis-leur que je les aime malgré toutes leurs conneries et qu'ils vont me manquer.

Je ne te souhaite que du bonheur et de la réussite, aussi bien sur le plan personnel que professionnel. Refais ta vie, ne m'attends pas. Tu mérites d'être heureux alors sois le.

Tu vas me manquer.

Je t'aime,

Mia 》

Je balançais mon verre sur le mur le plus proche, pris mes clés et sortis en claquant la porte. Je courus jusqu'à chez elle. J'arrivais essoufflé et tambourinais contre sa porte. Personne ne vint m'ouvrir.

Je m'effondrais contre sa porte et laissais mes larmes couler.

Je relevais la tête soudainement.

Gaby.

Elle ne serait pas partie sans être aller le voir une dernière fois. Peut-être y était-elle encore ?

Je descendis les marches en courant et partis en direction du cimetière.

Le trajet me parut durer une éternité. Je ralentis le rythme en arrivant près de la tombe. Une rose blanche était posée sur le marbre noir. Elle était effectivement passée ici une dernière fois. Cette rose me confirma ce que je redoutais tant. Mon dernier espoir venait de s'envoler.

Partie. Elle était partie.

Je devais bien me rendre à l'évidence, je ne la reverrais jamais. Quand Mia décidait de disparaître, elle disparaissait. La seule personne à qui elle aurait pu dire sa destination se trouvait face à moi, sous le marbre.

Elle était brisée. Malgré ce qu'elle essayait de me faire croire, elle n'allait pas bien. J'avais fermé les yeux sur sa consommation de somnifères et d'anti-douleurs, sujet très sensible chez elle.

Sa réaction était humaine. Moi aussi j'aurais sûrement essayé de fuir la réalité si j'avais perdu ma sœur. Il était tout son monde. C'était lui qui l'avait soutenu à travers toutes les épreuves qu'elle avait traversé.

J'étais impuissant. J'aurais tout donné pour lui faire retrouver le sourire seulement rien ne pourrait remplacer Gaby.

Elle passait ses journées à errer dans mon appartement. Elle était détruite. Elle se laissait aller et cela me fendait le cœur. Elle qui ne tenait pas en place plus de dix minutes, férue de sport, se laissait dépérir au fond de mon canapé durant des heures.

Elle ne venait même plus avec moi chez les gars et eux ne venaient plus par peur de la déranger.

Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même.

Je l'aimais toujours, peu importe ce qu'elle pouvait traverser et la voir comme ça me brisait le cœur. Elle avait déjà assez souffert par le passé, elle méritait d'être heureuse.

J'aurais dû prévoir qu'elle allait vouloir partir comme elle l'a fait à chaque fois que quelque chose n'allait pas.

Je ne sais pas quand je reviendrai, si je reviens un jour.

Je l'avais perdu. J'avais perdu ma princesse.

Jeux d'ombresWhere stories live. Discover now