Chapitre 52

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Samedi 14 novembre

10h30

J'ouvris les yeux et la première chose que je vis fut un plafond blanc. Je continuais d'observer mon environnement sans bouger.

Du blanc.

Partout.

Du sol au plafond.

Où étais-je ? Je ne reconnus pas la pièce où je me trouvais. J'avais l'esprit totalement embrumé. J'étais incapable de savoir comment j'étais arrivée là.

Je commençais à bouger la tête et parcourus la pièce des yeux. Des machines et des fils se trouvaient tout autour de mon lit. Mes yeux se posèrent sur Ken, endormi dans un fauteuil pas très loin de moi. Il semblait très fatigué au vu des cernes creusées sous ses yeux.

Je pris peu à peu conscience du bip régulier des différentes machines autour de moi et tentais de me remémorer ma soirée de la veille. Je fermais les yeux pour me concentrer.

Du bruit, du sang et Gaby allongé par terre, le regard vide.

Je rouvris les yeux et me mis à paniquer. Les machines commencèrent à s'affoler et Ken se réveilla en sursaut. Je tremblais, des larmes coulaient le long de mes joues. Je n'arrivais plus à respirer.

《 Mia ! Ça va aller, calme-toi. 》

Il tenta de me prendre dans ses bras. Je me débattis et Ken recula.

Un médecin fit irruption dans la pièce. Je n'entendis pas leur échange mais je me sentis replonger dans un sommeil profond.

Je me réveillais de nouveau quelques heures plus tard, plus calme. Je papillonnais des yeux et vis Ken assis à côté de moi, sa main dans la mienne. Il avait l'air très inquiet. Je retirai brusquement ma main et Ken sursauta.

《 Princesse ! Tu es réveillée ! Ça va ?

- On est où ? Demandais-je la gorge sèche.

À l'hôpital. Comment tu te sens ?

- J'ai mal au genou et j'ai très soif. 》

Ken me tendit un verre d'eau. Ses doigts frôlèrent les miens quand je le saisis.

Je me raidis et commençais à avoir du mal à respirer. Je mis plusieurs minutes à me calmer. Je bus mon verre d'eau et le rendis à Ken qui prit soin de ne pas me toucher.

《 Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Tu ne t'en souviens pas ? 》

Il semblait très inquiet.

《 Où est Gaby ? Lui demandais-je.

Les larmes lui montèrent aux yeux et un court flashback m'apparut.

Du bruit, du sang et Gaby, le regard vide.

Les larmes coulèrent le long de mes joues.

《 Il y a eu des attentats à Paris. Expliqua-t-il, la voix tremblante. Il... il n'a pas survécu. 》

Nous pleurâmes tous les deux en silence.

《 Qu'est-ce que j'ai ? L'interrogeais-je. Pourquoi je suis là ? Pourquoi j'ai mal au genou ? 》

Je recommençais à pleurer.

《 Tu t'es pris une balle dans le genou. M'informa-t-il. Je suis désolé Mia.

- Ce n'est pas de ta faute. 》

Je levais le bras et remarquais la perfusion de sang à laquelle j'étais reliée.

Je posais ma main sur sa joue et tentais de lui lancer un sourire rassurant.

On toqua à la porte. Un médecin rentra et commença à me faire plusieurs examens. Il m'annonça ensuite que l'opération s'était bien passée et que je pourrais remarcher dans quelques temps. Son visage s'assombrit soudainement.

《 Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda Ken.

Je connais votre brillante carrière mademoiselle mais je suis au regret de vous annoncer que vous ne pourrez plus faire de compétition. 》

Deux larmes dévalèrent mes joues.

《 Et... et pour les entraînements ? Sanglotais-je.

Cela risque d'être compliqué. Surtout au début. Il ne faudra pas forcer. Votre genou est fragile et le restera. Je suis désolé. 》

Mon cœur se brisa à l'entente du verdict. Ken commença à s'énerver et le médecin quitta la pièce. J'essayais de calmer Ken mais rien ne marchait. Il finit par s'asseoir et prit sa tête entre ses mains.

On toqua de nouveau à la porte quelques instants plus tard. Je séchais mes larmes d'un revers de la main et invitais la personne à entrer.

《 Comment vas-tu ? S'enquit Mo à peine après avoir passé la tête dans la chambre.

Alpha, Mekra, Framal, Doums et 2zer entrèrent à sa suite. Je leur expliquais avec une voix tremblante le diagnostic. Mo fit un pas pour me prendre dans ses bras. Je me mis à trembler. Il sembla comprendre et retourna à sa place.

Il avait mauvaise mine, encore pire que les autres garçons présents dans la pièce. Lui et mon frère étaient vraiment proches, sans arrêt ensemble à faire des bêtises ou à venir m'embêter.

Ken était quant à lui toujours dans le même état de colère. Les gars tentèrent de lui changer les idées mais rien ne marchait. Il était muré dans le silence. Les garçons finirent par rentrer se reposer quelques heures mais Ken resta auprès de moi malgré mes protestations. Il tenait à peine debout mais refusait catégoriquement de me laisser seule.

On toqua à la porte pour la troisième fois depuis mon réveil.

《 MON BÉBÉ ! S'exclama ma mère en fonçant vers moi.

Du calme darling, on est dans un hôpital. Répliqua mon père.

Comment vas-tu ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Où est Gabriel ? Personne ne nous dit rien. 》

Elle regarda autour d'elle et analysa chaque recoin de la pièce comme si elle cherchait mon frère.

《 Maman... 》

Ma voix se brisa et ma mère me prit dans ses bras. Elle semblait déjà avoir compris depuis longtemps que quelque chose n'allait pas.

《 Il... il était là... du sang partout... je n'ai rien pu faire... Balbutiais-je.

J'explosais en sanglot et ma mère tomba sur le siège le plus proche.

Mon père la prit dans ses bras et pleura à son tour. Ken vint s'asseoir sur le bord du lit et me prit dans ses bras. Je me laissais aller et pleurais jusqu'à tomber de fatigue.

Ce fut une dizaine de jours plus tard que je pus sortir de l'hôpital. Ken était venu me chercher et m'aidait à ranger mes affaires. Il me prit sous son bras et encercla ma taille. J'avais beaucoup de mal à marcher du fait de la douleur mais aussi à cause de la gêne crée par l'attelle.

Arrivés sur le parking, je vis les garçons assis sur le capot de la voiture. Je souris sincèrement pour la première fois depuis bientôt deux semaines en les voyant tous ici, à m'attendre.

Ken m'aida à m'installer dans la voiture et nous partîmes en direction de chez lui. Je n'étais pas capable de retourner chez moi. C'était trop dur, tout me faisait penser à lui.

Ken me déposa dans son lit, m'embrassa sur le front et me conseilla de dormir. Il partit rejoindre les gars tandis que je sombrais dans le sommeil, fatiguée d'avoir pleuré une bonne partie de la journée. 

Jeux d'ombresWhere stories live. Discover now