Chapitre 8

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Mon regard se perdait dans ses iris chocolat. Nos visages se rapprochaient lentement comme pour savourer chaque instant. J'avais envie de lui et cela semblait réciproque. Ken me prit le bras et m'attira vers une pièce a fond du couloir. Il détourna la tête et ferma la porte à double tour. Personne ne viendrait nous déranger.

Quand il retourna la tête vers moi, je pus constater que ce n'était plus Ken. C'était LUI. Sa main sur mon avant-bras me brûla soudainement. Je tentai de me dégager mais sa poigne se resserra. Il me tira violemment vers lui, m'arrachant un petit cri de douleur.

Un regard suffit pour me faire comprendre que je n'aurais pas dû faire de bruit. Il allait me punir, encore. Le double de d'habitude. Il leva le poing, son visage déformé par la folie et la jouissance de faire souffrir quelqu'un. Un psychopathe. Il lança son poing de toutes ses forces vers mon visage. Il ne restait plus que quelques millimètres avant l'impact. Je me préparai au choc.

Je me redressai sur mon lit soudainement. J'étais en sueur, morte de peur, complètement paralysée par la terreur. Mon frère arriva en courant et ouvrit la porte tellement vite qu'elle claqua contre le mur. Comment avait-il su ? J'avais dû crier en me réveillant. Gaby me regarda droit dans les yeux. Il comprit ce qu'il venait d'arriver.

《 C'était encore l'autre connard ?

- Oui. Murmurais-je.

Je me mis à pleurer. Mon petit ange s'avança vers moi et s'assit sur le bord du lit. Gaby savait comment agir avec moi dans ce genre de situation. Il ne fallait surtout pas me toucher jusqu'à la fin de ma crise d'angoisse.


Tout avait commencé trois ans auparavant, juste avant le championnat d'Europe 2011. Je venais de rencontrer un garçon quelques mois auparavant et nous venions de nous mettre en couple. Il était un peu jaloux mais je voyais en cela un signe d'affection. J'étais très occupée par la boxe et m'entraînais comme une dingue pour ma compétition. Je rêvais de gagner.

Thomas, c'était son prénom, n'était pas ravi à l'idée que je m'entraîne avec des hommes mais je lui tenais tête et continuais d'y aller. Une fois ma compétition passée, Thomas avait commencé à se montrer vraiment jaloux et possessif. Nous eûmes alors une discussion et il me promit de faire des efforts. Thomas s'efforça de me faire moins de réflexions pendant quelques temps puis il recommença.

Selon lui, les boxeurs me regardaient comme si je n'étais qu'un bout de viande et qu'ils n'attendaient qu'une chose : qu'il me quitte pour se jeter sur moi. Cela avait fini par me rendre méfiante mais je continuais à bosser dur jusqu'au jour où il me fit part de ses doutes sur mon entraîneur.

Ce fut le soupçon de trop. Il avait fini par me persuader qu'il avait raison et j'avais arrêté de me rendre à l'entraînement. Hélas, ce n'était que le début. Plus le temps passait, plus je m'isolais.

Cela aurait pu s'arrêter là mais non. Thomas restait très jaloux et ne supportait pas de voir un homme me regarder. Il commença à me faire des réflexions sur mon physique, ma personnalité, la façon dont je m'habillais... Jamais d'insulte directe. Alors, j'ai arrêté de porter des jupes, des robes et divers habits qu'il jugeait trop provocants.

Je lui pardonnais tout et me rassurais en me disant que s'il agissait comme ça, c'était parce qu'il m'aimait.

Un jour, alors qu'il rentrait d'une journée de travail pénible, il était venu manger chez moi. Il s'était alors emporté pour je ne sais plus quelle raison et avait commencé à tout envoyer voler autour de lui.

Quand il n'eut plus rien à jeter contre les murs il s'approcha de moi et m'embrassa de force jusqu'à me faire mal. J'avais essayé de le repousser délicatement mais cela n'avait pas plu à son égo. Il me gifla.

Je fus sous le choc pendant quelques minutes. Thomas sortit faire un tour pour se calmer. Il reparut quelques heures plus tard et s'excusa. Je commettais la pire erreur de ma vie : lui pardonner. Je n'aurais jamais dû mais je l'aimais et comme pour la boxe, je le croyais encore et toujours.

Malheureusement, cet incident était le premier d'une longue liste. Au début, ce n'était qu'une gifle, ensuite c'était devenu de pire en pire mais je persistais à lui pardonner, lui trouvant diverses excuses.

Je cachais mon corps avec des vêtements longs et du maquillage. J'avais honte, honte de l'avoir mis en colère, honte de ne pas être la femme qu'il rêvait d'avoir. Je cachais tout cela à mon frère sans pour autant lui mentir. Pour moi, Thomas restait cet homme parfait dont j'étais tombée amoureuse.

Un soir où j'aurais dû aller chercher Gaby au lycée, Thomas déboula dans mon appartement, claqua la porte et se mit à me frapper et à m'insulter. Il jeta mon sac à main très loin de moi, refusant que je sorte pour aller récupérer mon petit ange à la sortie des cours.

Il frappait de toutes ses forces. J'avais mal mais je ne pleurais pas. J'encaissais comme un sac de frappe. Si j'avais eu le malheur d'exprimer cette douleur, il aurait tapé encore plus fort.

Je n'étais plus moi-même. J'attendais qu'il se calme, qu'il s'excuse et qu'il me dise encore une fois à quel point il m'aimait.

Je me souviens encore du goût métallique du sang dans ma bouche, de la sensation de la goutte de ce même liquide rougeâtre qui coulait le long de ma tempe. Je me souviens du bruit de mes os qui se brisent.

Ce jour-là il avait cogné tellement fort que je crus que j'allais mourir. Il était parti, me laissant au milieu de mon salon dans mon appartement de l'époque, me vidant de mon sang. Je crus que j'allais mourir là, étendue par terre, seule avec mes cinq côtes cassées et ma jambe gauche brisée. 

Jeux d'ombresWhere stories live. Discover now