Chapitre 14

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Lundi 14 avril

8h

Après un réveil compliqué et une bonne couche d'anticernes, j'arrivai dans le bureau de mon patron pour lui demander mes tâches du jour.

Comme à son habitude, il m'envoya chercher un café. À croire que je ne faisais que ça. Quand je revins dans le bureau, je croisai une hôtesse d'accueil suivit par une jeune femme. Je donnai son café à monsieur Moreau puis pris quelques secondes pour observer la nouvelle arrivante. Je reconnu immédiatement la fameuse Laura. Oui oui, celle qui m'avait éclaté mon verre à la figure.

《 Monsieur Moreau, voici votre nouvelle stagiaire, mademoiselle Oliveira. Annonça Nathalie.

Monsieur Moreau lui donna une pile de documents à photocopier. Laura s'empressa de les attraper et partit dans l'autre coin de la pièce pour remplir sa tâche. En passant devant son bureau, elle prit soin de rouler des hanches dans sa mini-jupe. Elle était tellement serrée qu'elle risquait de craquer d'un instant à l'autre. Mon patron n'en rata pas une miette. Quand elle passa devant moi, elle me reconnut et me fusilla du regard. Je ne me démontais pas et lui répondis avec un regard insolent.

Je la détaillais. Elle portait une tenue similaire à la mienne. À la seule différence qu'elle semblait s'être trompé de taille et avait tout pris en trop petit. Peut-être s'était-elle trompée de programme sur sa machine à laver ? Je retins un sourire. Ses talons hauts allongeaient ses fines jambes et son plâtre... euh... maquillage était très présent.

Je repris mes esprits et quittai la pièce. Monsieur Moreau m'avait assigné au studio, quel bonheur. J'adorais travailler au studio, c'était en grande partie pour cela que j'avais choisi ce métier. Je rejoignis Ben, un collègue avec qui je m'entendais bien et nous commençâmes à travailler.

16h

Je partis chercher mes affaires et rejoignis Ben avant de descendre chercher Nathalie, une autre collègue avec qui je m'entendais plutôt bien. Nathalie travaillait en mi-temps à l'accueil pour pouvoir s'occuper de son fils.

Nous sortîmes de la cour du bâtiment et je vis Ken appuyer contre un mur sur le trottoir d'en face. Je saluai mes deux collègues et avant de partir le rejoindre, Ben m'interrogea.

《 Tu le connais le type là-bas ?

- Oui, c'est un ami.

- Juste un ami ? Me demanda Nathalie, plein de sous-entendus.

Oui, juste un ami. Ris-je.

Je partis rejoindre Ken qui m'accueillit en me faisant la bise.

《 Je passais dans le coin et vu que ton frère est chez Fram et Mekra, je me suis dit que j'allais t'attendre. Se justifia-t-il.

Quoi ? Encore ? Mais il vous envahit ce n'est pas possible. Dites-le si la groupie devient trop collante.

- Tu parles de toi la ? Me charria-t-il.

- Gna gna gna... 》

Je croisai les bars sur ma poitrine.

《 Je t'ai vexé ? Rit-il.

Je ne répondis pas.

《 Qu'est-ce que je peux faire pour me faire pardonner ?

- Tu connais un bon glacier dans le coin ?

- Quoi ? Au mois d'avril ?

- Oui au mois d'avril. Tu veux te faire pardonner, non ?

- C'est bon ta gagné.

- Ça te dérange si on passe chez moi avant pour que je me change ? Ce n'est pas très confortable les échasses.

- Vos désirs sont des ordres Princesse. 》

Il fit une référence.

《 Au fait, tu passes beaucoup dans le coin en ce moment, non ? L'interrogeais-je.

Les pommettes de Ken rosirent.

《 Tu sais, je me balade beaucoup dans Paris pour trouver l'inspiration. Répondit-il.

Je hochais la tête, peu convaincue et nous partîmes en direction de chez moi. J'enfilais rapidement un jean, un t-shirt, des sneakers et un sweat avant de nous rendre chez le glacier.

Je payai nos glaces après quelques minutes de débat avec Ken ce qui fit rire le vendeur. Nous nous posâmes dans un square à proximité pour déguster nos goûters. Ken attrapa mon poignet, le leva en direction de son visage et lécha ma glace.

《 Bah quoi ? Elle coulait. Se justifia-t-il.

Mais oui c'est ça. 》

Je croquai un bout de sa glace.

《 Tu es sérieuse là ? Se scandalisa-t-il. Tu as vu tout ce que tu viens de manger ? 》

Ken se vengea. Nous nous chamaillâmes jusqu'à temps d'avoir fini de manger.

Quand nous eûmes finis, nous restâmes à discuter jusqu'à la tombée de la nuit.

《 Tu es pressée de rentrer ? Demanda Ken.

Non pourquoi ?

- J'ai quelque chose à te montrer. 》

Je lui lançai un regard intrigué.

《 Tu t'es ouverte à moi en me laissant apprendre à te connaître alors je voudrais t'emmener quelque part de très important pour moi.

- Ce n'est pas une tentative d'enlèvement ? 

- Non, ne t'en fais pas. Rit-il. Je n'oserais pas contrarier une championne d'Europe de boxe thaï. 》

Je levai les yeux au ciel et pouffai. Il me prit la main et nous partîmes en direction de ce fameux lieu. Cela tombait bien, je n'avais aucune envie de rentrer.

Ken nous emmena sur un pont en pierre dans un parc et s'assit sur le rebord, les pieds dans le vide. Je m'assis à côté de lui et contemplais le lieu. C'était magnifique, un petit havre de paix. On en oublierait presque que nous nous trouvions en plein milieu de la capitale.

《 Je viens ici quand j'ai besoin de réfléchir. J'y écris pas mal aussi. Expliqua-t-il.

J'eus un frisson et Ken se tourna vers moi.

《 Tu as froid ?

- Non. Mentis-je.

Un second frisson me trahit.

Je ne voulais pas que ce moment s'arrête. Lui et moi dans un si bel endroit, à discuter ensemble. J'en appris un peu plus sur lui : ses origines, ses goûts, ses opinions sur certains sujets...

Il rejoignit la terre ferme et m'invita à faire de même. Il enleva son sweat et me le fit enfiler sans négociation possible. Il m'affirma qu'il n'avait pas froid et je laissai tomber ce débat au bout de quelques minutes. Son regard s'ancra dans le mien.

《 Il te va bien, ça serait dommage que tu l'enlèves. Tu es mignonne avec. Même sans tu es mignonne. Finit-il en se grattant la nuque, les pommettes rosies.

- Merci Ken mais tu me gênes à dire des choses comme ça. Répondis-je en détournant la tête.

Je tentais de cacher mes joues qui changeaient de couleur.

《 Si ce n'est que ça je peux te le montrer. Surssura-t-il. 》

Il profita de mon incompréhension pour passer sa main sous mon menton, relever ma tête et poser ses lèvres sur les miennes. Je répondis au baiser instinctivement comme si je l'attendais depuis tout ce temps. Je mis mes bras derrière sa nuque. Ken me porta et me posa sur le rebord du pont, sans rompre le contact entre nous.

Nous nous séparâmes par manque d'air. Je pouvais voir ses yeux briller dans la pénombre. Je passai ma main sur sa joue et l'attirai vers moi pour de nouveau sceller nos lèvres. Ken souriait. Il me rendait folle quand il faisait ça. 

Jeux d'ombresOn viuen les histories. Descobreix ara