Chapitre 9

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Mon frère avait fini par rentrer en métro. Ce fut lui qui me trouva allongé là, dans un état déplorable et qui avait alerté les secours. Je me souvins l'avoir regardé dans les yeux une dernière fois avant de sombrer dans le néant.

J'avais tout d'abord essayé de faire passer cela pour un accident mais les médecins n'étaient pas dupes. Gaby non plus. Moi, je n'attendais qu'une chose : que Thomas revienne et que tout reparte comme avant. Seulement, il ne vint pas me voir. Ni ce jour-là, ni les jours suivants.

Un soir, alors que j'étais seule avec mon petit ange, je pris sur moi et racontais tout ce qu'il s'était passé avec l'homme que j'aimais. Gaby ne m'avait pas quitté une seule seconde depuis qu'il m'avait trouvé. Même s'il avait déjà compris par lui-même, il m'écouta lui avouer tout ce qu'il s'était passé ce jour-là ainsi que tous les autres.

Depuis cet événement, il veillait sur moi encore plus qu'avant. Seulement cette histoire avait eu plus de conséquences que de « simples » blessures physiques. Plus personne ne pouvait m'approcher et encore moins me toucher, sous peine de me déclencher une crise de panique sévère. Pas même les infirmiers. Il fallait m'endormir pour réussir à me changer mes pansements.

Une fois sortie de l'hôpital, mon petit frère m'emmena au commissariat pour déposer plainte contre mon bourreau. Il me fallut plusieurs semaines et beaucoup d'aide de la part de Gaby avant de réussir à le laisser me prendre simplement la main.

Il fut très patient avec moi, bien plus que je ne l'étais avec moi-même. Je mis trois mois avant de réussir à lui faire un câlin et encore, sous certaines conditions. Il ne fallait pas qu'il me serre trop fort, non seulement pour ne pas me faire paniquer mais également pour ne pas me faire mal aux côtes.

Il me fallut 6 mois supplémentaires avant de pouvoir serrer la main ou faire la bise à quelqu'un d'autre que lui. Physiquement je récupérais assez bien mais mentalement, c'était plus compliqué. Mes blessures physiques guérissaient bien plus vite que mes blessures psychologiques.

C'était à cause de cet incident que j'étais partie pendant neuf mois en Italie puis six mois au États-Unis pour être loin de la France et surtout loin de Thomas. Même si j'étais loin de mon frère aussi, il continuait de veiller sur moi et ne contesta pas mon départ. Il savait que j'avais besoin de m'éloigner pour faire le point et me reconstruire. J'avais eu du mal à retourner en France mais mon frère me manquait beaucoup trop. J'avais déménagé dans le 7e arrondissement pour m'éloigner le plus possible du 4e, où je vivais avant de partir, tout en restant dans le centre de la ville Lumière.

J'avais honte d'avoir laissé passer tout ça, de ne pas m'être défendue comme la boxeuse que j'étais aurait dû le faire. J'avais tout arrêté pour lui. J'avais délaissé mes amis, arrêté la boxe, arrêté d'aller voir ma petite sœur, arrêté de sortir, arrêté de me mettre en valeur. J'avais tout abandonné pour cet homme qui n'en valait même pas la peine. J'avais perdue toute confiance en moi. Seul Gaby savait, personne d'autre n'était au courant, pas même nos parents.


Gaby était toujours au bord de mon lit et attendait que je me calme. Ma crise passa et je tendis les bras vers lui, comme une enfant pour qu'il vienne me faire un câlin. Un très long câlin.

Je ne pus pas me rendormir alors nous discutâmes et le sujet « Ken » arriva. Il me fit alors découvrir les sons de Ken et ses amis. Je n'avais jamais cherché à écouter ses autres sons car pour moi il était Ken, pas Nekfeu.

Il me fit écouter ses sons préférés et je tombai d'accord avec lui. J'avais tout de même une petite préférence pour les morceaux que Ken m'avait fait écouter l'autre jour.

《 Mais ce n'est pas juste ! Tu as eu le droit à une exclusivité ! Jalousa-t-il.

Je t'ai déjà dit qu'il allait sortir un album solo alors que je ne suis pas censé te le dire donc estimes-toi heureux.

- Mouais... 》

Nous finîmes par nous rendormir tous les deux, épuisés.

Jeux d'ombresWhere stories live. Discover now