Car jamais un Cruz ne baisse la tête. Jamais un Cruz ne fera honte à son nom. Jamais un Cruz ne déshonorera qui il est. Jamais. Alors ce corps assume. Et je me gonfle d'arrogance, car je sais comme ils détestent que je les toise. Le menton est relevé. Toujours. Et mes yeux les regardent de haut. De très haut.

Le long de ce couloir noir et froid. J'avance. Difficilement. Il me tient, et je bouge c'est la balle d'un M16 que je prends dans les côtes. Le maton guide ma course là où il le voudra, et je le suis. En fait je titube. Car mes blessures n'ont pas le temps de se résorber. Mon corps ne suit plus le rythme de la violence qui lui est imposé. Donc les nouveaux bleus s'entassent sur les anciens. Et les couches de ma peau pourrissent pour du noir, du vert, du kaki, du violet... De belles couleurs mortuaires pour un vivant.

Ils m'ont mis en isolement. Le jour après avoir eu cette entrevu avec mon avocate. Je me suis battu. Alors me voilà, depuis deux mois. Je sors une heure par jour. Enfin souvent plus si besoin. À cinq heures du matin je sors pour que ce corps, cette âme subissent. Mais le châtiment de ces hommes est d'une caresse assassine. Ils sont ma nourriture. Car c'est de ma haine que je me nourris. Et soyez sûr... Que j'obtiendrais vengeance.

Ils veulent me rendre fou. Ils cherchent celui qui est le plus faible au fond de ce crâne totalement pourri. Mais ils ne comprennent pas... Que mes souvenirs sont plus forts que leurs coups. Ils ne comprennent pas. Que mon père, Ryan Cruz. M'a déjà préparé à bien pire... Et quand bien même mon corps supporte les blessures. J'ai du vert et du noir dans les yeux. J'ai du colombien sous la peau. Je la ressens partout sur moi. En moi. J'ai sa voix légère dans mes songes. J'ai son odeur. J'ai son goût sous la langue. Alors ils ne pourront pas... Oh non... Ils ne pourront pas me briser. Car ils ne comprennent pas. Que Preto et Caleb n'ont qu'une seule faiblesse. Et tant qu'elle vit encore. Alors Preto et Caleb, n'ont peur de rien.

Vous me comprenez?

Oui.

Je sais que vous me ressentez. Et vous saviez... Bien avant moi. À quel point. Je l'aime.

Au milieu de cette cour froide. Je m'arrête. Mes pieds nus sur le gravier caressé par l'air matinal et gelé. Je ne regarde plus. Je connais cet espace par coeur maintenant.

Cinq heures dix.

Je n'ai qu'un putain de marcel. Et le pantalon sale qu'ils m'ont donné.

Et chaque matin. Je subirais le même sort. Alors mes yeux se lèvent sur le ciel encore noir. Sur ces étoiles qui disparaissent. Car le jour va arriver. Mon cœur est calme. Non. Preto n'a pas peur. Caleb non plus. Alors le cœur est calme. Pour le moment. J'observe, le reflet de mes écorchures. Je regarde, et je m'imprègne. Car je me dois, de rester, fier et fort.


Kaiser. MaCredi. Danielson. Gary. Hughes.

Leurs noms. Je ne les oublierais pas.


Une fois sorti... Oh oui... Je les brûlerai. Un par un. Lentement. Douloureusement.

-Alors petite pute!? C'est quand qu'on verra ces petites larmes?

Sans baisser le menton. Mes yeux sur Danielson. Lui et Kaiser. Sont les pires. Ils me regardent tous. C'est le petit rendez-vous du matin, avec Cruz et les bleus.

Des larmes? Mais même pour mi madré, je n'ai pas pleuré. Alors imaginez ce que les coups me font? Rien. Je ne fonctionne pas comme ça. Vous savez très bien qu'un homme tel que moi ne réfléchit pas normalement. Ça fait bien longtemps que ces yeux ne se sont pas mouillés. Et cela ne risque pas d'arriver de si peu. Et mes yeux ne lâchent pas cette merde. Mais je sais que je vais devoir les détourner bientôt. Je suis bien plus fou qu'eux. Mais dans l'enceinte de cette prison. Je ne suis rien, qu'un dealer à abattre.

VALENTINA (Sous contrat d'édition chez  HUGO PUBLISHING)Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα