Chapitre 23-2

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Je me tournai vers Malter et agrippai sa chemise.

— Que s'est-il passé ? m'enquis-je en dévisageant une nouvelle fois la salle.

Une lueur apparue dans ses yeux et il secoua ses boucles. Tout son corps était raide, dur comme de la pierre. Ses vaisseaux sanguins ressortaient alors qu'il ouvrait et fermait ses poings de manière frénétique.

— Nous devons voir Dettlaf, répondit-il simplement.

— Quoi ? Pourquoi ? (J'avalai ma salive). Malter, que s'est-il passé ?

Une plaie à sa tempe se refermait lentement et il essuya le sang qui en coulait. Ses yeux capturèrent les miens, reprenant leur expression sérieuse, et sa voix se fit plus forte.

— Dayanara, ce qui vient de se produire... tu en es la cause.

Pardon ?

Je le regardai, interloquée, ne concevant aucun mot qui quittait sa bouche. Mon cerveau était bloqué, incapable d'analyser les informations qui y parvenait. La seule chose que je pouvais faire était d'observer Malter et lui redemander une seconde fois :

— Que s'est-il réellement passé ?

Ses épaules s'affaissèrent tandis qu'il me répétait les mêmes mots. Cette fois-ci, toutes les informations arrivèrent à mon crâne. Ce fut comme un coup de poignard dans le ventre et je ne pus empêcher mes yeux de s'écarquiller. Mes oreilles n'avaient pas dû bien entendre, ce n'était pas possible. Je passai le salon en revu. C'était... tellement absurde. Comment pouvais-je être la responsable de tout cela ? De cet enchevêtrement ? Il n'y avait aucun sens aux mots de Malter. J'étais une humaine, incapable de ravager tout un salon. Ce que je voyais sous mes yeux était l'œuvre d'un surnaturel. J'étais... humaine ?

Ma gorge était si nouée que je ne parvenais pas à prononcer quoique ce soit. Je ne pouvais que regarder le Pacifique, yeux grands ouverts, et espérer qu'il m'annonce que tout ce qu'il avait dit n'était que badinage. Mais il n'y avait aucune trace d'amusement sur son visage, juste un calme, mêlé à de la compassion. J'essuyai une nouvelle couler de larmes et repoussai Malter. Reculant du mieux que je pouvais, j'établis un espace de sécurité entre nous et posai mes mains sur le sol, le fixant inlassablement. J'avais la nausée, et un mal de crâne m'empêchait de réfléchir correctement. Les regards que me jetaient les autres, consternés pour certains et apeurés pour d'autres, me déroutèrent. Neha me fixait comme si elle ne m'avait jamais vu, comme si j'étais un... monstre. Un monstre instable et dangereux. Je fermai mes poings et me répétai sans arrêt que je n'étais pas à l'origine de tout ceci. Les larmes s'accrurent et un autre torrent coula de mes yeux. Mes veines me piquèrent au travers de ma peau, ressortant en lignes noires sur mon épiderme, et une nouvelle vague de froid glaça mes organes.

Malter se rapprocha de moi en tendant sa main :

— Dayanara, m'appela-t-il.

— Ne t'approches pas ! m'écriai-je soudainement.

Une nouvelle secousse agita la maison et le Pacifique se figea. Sa main retomba lourdement et il me murmura, telle une supplication, de me calmer. Je sursautai violemment, me rendant compte que mon cœur tambourinait dans ma cage thoracique. Dès que je tentai de m'apaiser, les agitations disparurent et une petite quantité de plâtre tomba de nouveau sur nous. Je raclai ma gorge et posai une main sur ma poitrine, le souffle saccadé. Les ébranlements, semblaient liés aux émotions fortes que je ressentais. Étais-je vraiment la source de tout ce chaos ? Avais-je vraiment blessé tout ceux présents dans ce maudit salon ?

Oui, très chère. Tu en es la cause, ricana une deuxième fois la voix.

Une main chaude releva mon visage et je plongeai mes prunelles dans celles de Malter qui me souriait.

Papillons de minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant