Chapitre 22-1

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                                                                 [ Non corrigé; non réécrit ]


Où suis-je ?

Je papillotai des yeux et regardai le ciel vermeil qui me surplombait. De gros nuages orangés défilaient au-dessus de moi dans un ballet élégant, et une brume épaisse, possédant une odeur que je n'arrivais pas à identifier, m'empêchait d'apercevoir les environs. Allongée sur le dos contre une surface qui me paraissait liquide, je ne parvenais pas à bouger ne serait-ce qu'un muscle et même cligner des yeux me demandait un effort surhumain. Tous mes sens étaient comme éteints et mes lèvres, sèches et gercées, étaient scellées entre elles, accompagnées d'un goût âpre qui envahissait ma bouche.

Où suis-je, bon sang ?

Je frissonnai au contact d'un vent soudain sur ma peau nue ; car oui, aucun vêtement ne me couvrait. Chaque parcelle de mon corps était dénudée et agressée, et la chaleur de ce lieu recouvrait mon enveloppe charnelle de fines gouttelettes de sueur qui séchaient aussitôt tant il faisait chaud. J'avais l'impression de cuire ; ce qui était absurde puisqu'aucun soleil ne brillait dans le ciel. Néanmoins, cet endroit était semblable à un enfer et cela ne m'aurait pas surprise si des cloques apparaissaient sur mon épiderme.

Mes oreilles se mirent à bourdonner, et je sentis des fourmis se répandre dans tous mon être. Ces sensations agressèrent l'intégralité de mes organes ; elles envahirent toutes les extrémités de mon corps. J'ouvris la bouche et avalai une grande quantité d'air, un air chaud et lourd qui incendia chaque particule et chaque recoin de mes poumons. Ces derniers se contractèrent et je crus étouffer. Par les saints, l'air y était irrespirable ; mes poumons étaient comme rongés par une substance. Une violente quinte de toux me secoua et mon buste, ainsi que mon palais, me démangèrent. L'envie de cracher me submergea alors que je levai avec difficulté ma main gauche pour la poser contre ma poitrine endolorie. Mais j'eus à peine le temps d'achever mon geste que je me tendis. Mes yeux s'écarquillèrent légèrement face à la substance rubis qui recouvrait mes doigts et qui gouttait avec lenteur sur mon visage. Les mots me manquèrent et la stupeur m'envahit. Mon odorat revint, fin mais efficace, et je pris conscience de sur quoi j'étais allongée. Par tous les abysses, je me trouvais dans du sang ; comment oublier cette texture et cette odeur métallique nauséabonde ?

Une goutte s'écrasa directement dans mon œil, m'obligeant à me relever avec vitesse. Mes os grincèrent devant mon geste précipité alors que je posai ma main sur mon œil ; mon visage se recouvrant du liquide collant. Une plainte m'échappa et je frottai mon faciès. Le sang dégoulina dans mon dos et sur mes bras, et mes cheveux gouttèrent parterre. Le ploc incessant que cela produisait, ainsi que la forte odeur présente en ces lieux me donnèrent la nausée. Je laissai mon bras retomber et poussai un soupir. Bon Dieu, où étais-je encore tombée ? En enfer, vraisemblablement. Mais je ne comprenais pas ! Je m'étais juste sentie mal la veille, et Noon m'avait conseillé de dormir un peu. J'étais sensée être dans mon lit, pas ici. Mes yeux parcoururent le paysage, mais la brume ne s'était pas dissipée. Bien au contraire. Ce paysage fantaisiste était à la fois envoûtant et effrayant. Mais la terreur dominait, et je me devais de m'en aller.

Posant mes paumes contre le sol, je me levai à la vitesse d'une tortue et titubai. Mes muscles semblaient refuser de fonctionner et le vertige que j'avais n'arrangeais pas grand-chose. Inspirant cet horrible oxygène, je me fis violence en entamant quelques pas, petits et désorientés. L'étonnement me saisit et je baissai le regard vers ma jambe gauche. Une jambe qui n'avait aucune cicatrice et qui semblait parfaitement normale. Je n'avais aucune douleur, aucune difficulté à marcher, malgré l'absence de ma canne. J'avais comme retrouvé ma jambe d'autrefois et devant cette réalité, un sourire illumina mon visage. En fait, tout mon corps était comme revenu à la normale. Ma peau était lisse et il n'y avait plus aucune blessure. Je me sentis revivre et une petite joie me remplit. Je pouvais me déplacer sans aucune aide ! Jamais je n'aurai cru cela possible et pourtant, cela se produisait bel et bien. Comment cela se faisait-il ?

Papillons de minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant