Chapitre 19-2

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Elle était petite et il y avait une forte odeur de désinfectant que je ne supportais pas. Les murs étaient peints en blanc et, par chance, elle semblait être insonorisée.

Noon m'installa sur le petit lit médicalisé et Malter poussa une chaise devant moi. Il ordonna à Noon et à Nadian de sortir, même si pour ce dernier cela ressemblait plus à une demande, et , une fois que nous nous retrouvâmes seuls, il s'assit en face de moi.

— Alors ? Que t'est-il arrivée ?

Sa voix était douce et elle me mit à l'aise. Il avait l'air d'être quelque de bien qui aimait son travail. Bon point pour lui.

— Je, commençai-je.

Les mots se coincèrent dans ma gorge. Parler de ce qui m'était arrivé demeurait difficile. Je soufflai l'air de mes poumons et tentai de me détendre.

— J'ai été tenu captive pendant un certain temps. Plusieurs mois, en fait. Ils, hum... m'ont torturée à maintes reprises.

Il acquiesça silencieusement.

— Ont-ils utilisés leurs capacités sur toi ?

Mes sourcils se froncèrent devant sa question.

— Pardon ?

— Les Papillons qui t'ont séquestrée. Ont-ils usé de leurs capacités sur ta personne ?

Ah.

— Mes agresseurs étaient humains.

Il eut un moment de silence durant lequel il me regarda, estomaqué. Sa bouche s'ouvrit, puis se ferma, comme s'il cherchait les mots.

— Des humains ?

— Oui.

Je lui expliquai alors tout ce qui s'était passé, essayant de n'omettre aucun détail. Les tortures aussi bien physiques que psychologiques de Anna-Maria, cet élément qui me sortait de la tête, le fait que je ne ressente presque plus d'émotions à part la colère et la haine. Il ne faisait qu'hocher la tête et semblait réfléchir à quelque chose. Puis, il me demanda la permission de m'ausculter et, une fois que je la lui donnai, il commença son travail.

Ses paumes étaient extrêmement chaudes et j'étais désormais sûre qu'il voyait dans mon corps. Ses iris avaient viré au rouge sang, ses arabesques luisaient sud sa peau et il était si concentré que rien n'aurait pu le perturber. Il toucha mes bras, mes jambes, ausculta ma poitrine, mon ventre et mon dos. Pendant plus d'une vingtaine de minutes, mon corps ne m'appartenait plus vraiment et il le manipulait à sa guise. Je me sentais gênée, surtout qu'un homme ne m'avait jamais touchée autant et que j'étais très sale. Je me concentrai, ou du moins j'essayai, sur l'armoire en bois blanc qui se trouvait au fond de la pièce.

Lorsqu'il eut terminé, il se remit debout et soupira, fatigué. Ses prunelles avaient repris leur couleur et le bleu de ses tatouages avait cessé de briller.

— Je suppose que c'est grave, marmonnai-je devant sa mine.

Un petit sourire bancal apparu sur son visage mais fut remplacé par une expression deux fois plus sérieuse.

— Ton état est alarmant, euh...

— Dayanara.

— Oui.

Il pinça ses lèvres et je devinais sans peine qu'il se demandait s'il devait me dire toute la vérité. Il souffla un bon coup et croisa ses bras sur son torse.

— Je suis désolé. Etant un médecin qui s'occupe des personnes maltraité, autant humain que Papillon de minuit, j'ai l'habitude de voir cela. Mais je ne m'y habitue toujours pas.

Papillons de minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant