Chapitre 19-3

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Tout le monde s'installa dans la voiture et Valentin roula loin de la maison de Malter. Je me remis à la contemplation du paysage et laissai mon esprit vagabonder. Ma main gauche serrait le pommeau de ma « nouvelle amie » et je soupirai. Les évènements étaient encore durs à réaliser. Je savais que j'avais de la chance d'être en vie, de garder des membres mais, je ne m'étais jamais vue avec une canne et j'avais encore beaucoup de mal à me projetter dans l'avenir.

Comment allais-je réussir à me venger alors que j'avais des problèmes aux jambes ? Même un enfant aurait pu me déstabiliser. Et même si j'y parvenais et que je survivais, je voyais mal ma vie avec cette canne.

Arrête de te plaindre.

Mes entrailles se serrèrent et je soufflai. Cette maudite voix avait raison. M'apitoyer sur mon sort ne changerais rien à ma condition. Je devais m'efforcer d'accepter ma nouvelle condition de vie. Sinon, j'aurais vraiment fini par être dépressive.

Nous arrivâmes enfin dans le quartier de Noon. Le soleil descendait peu à peu et le ciel se colorait en un rouge orangé magnifique. Il y avait très peu de Papillons dehors, sûrement à cause des monstres qui s'attaquaient à eux. Valentin gara la voiture et seul Nadian en descendit. Je regardai Noon, étonnée de voir qu'elle et le deux autres ne détachaient pas leur ceinture. Elle me fit un sourire maladroit et se gratta le bras.

— Nous devons faire notre rapport à Dettlaf. Nadian va te raccompagner à l'appartement.

Génial. J'allais me retrouver seule avec l'homme le plus froid de la planète. Eh bien tant mieux, je n'aurais pas eu à faire la conversation. Je hochai la tête et descendis à mon tour. La portière se referma derrière moi et le van redémarra avant de s'éloigner de nous. Je restai là, à le regarder disparaître.

— Je dois les rejoindre, dépêchons-nous.

D'ordinaire, j'aurais probablement sursauté en entendant sa voix grave dépourvue de toute tonalité. Mais tout cela, c'était du passé. J'acquiesçai simplement et nous nous mimes en routes. Personne ne parlait. Je restais à bonne distance de lui, Dieu seul savait pourquoi. Je me disais encore des questions sur son nom et sur son histoire. Je réalisais que je ne savais strictement rien sur lui.

Le trajet à pieds nous pris plus de dix minutes, minutes durant lesquelles aucun mot n'avait été échangé. Nous atteignîmes l'appartement de Noon, mais il n'ouvrit directement pas la porte. Il m'observait désormais de ses yeux glacés et je sentis une boule se former dans ma gorge. Je n'aimais pas ce regard.

— Un problème ? lui demandai-je.

Soupirant, le Sanglant croisa ses bras musclés sur sa poitrine.

— Je crois savoir ce qu'ils t'ont fait, là-bas, et je comprends que tu sois brisée. Je suis vraiment navré du fait que tu doives avoir une canne à ton âge. La vie est injuste, c'est comme cela. Mais Neha et Sumy se sont beaucoup inquiétées pour toi, allant même jusqu'à nous menacer d'aller à ta recherche toutes seules. Je sais que c'est dur, mais tâches d'être moins froide avec elles. Je te le demande.

La colère inonda mes veines. Non pas à cause de ce qu'il avait dit sur Neha et Sumy, mais pour ce qu'il avait dit avant. Il ne pouvait pas comprendre ce que j'avais vécu, personne ne le pouvait.

— D'accord pour Neha et Sumy, soufflai-je, les narines frémissantes. Mais ne t'avises pas de me dire que tu me comprends. Je te l'interdis.

Si un jour on m'avait dit que je parlerais au Papillon blanc sur ce ton, j'aurai éclaté de rire. Mais actuellement, il ne fallait pas me chercher. Je me sentais comme une bombe à retardement prête à exploser à la moindre action.

Papillons de minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant