Chapitre 10

3.4K 396 55
                                    

  [Premier jet, non corrigé]

« Les Papillons ne sont pas des monstres, ce sont les Hommes qui sont la réincarnation du mal. »

Cette parole, je l'entendis une seule fois dans ma vie, au cours d'une visite à l'hôpital de l'unité. Je ne devais avoir que quinze ans.

Je me rappelle. L'homme qui déclarait ces mots se faisait traiter de fou par le personnel médical et les autres malades. Tout le monde pensait qu'il avait perdu la raison, et comme punition, ils crachaient toute leur haine sur lui, le maltraitait et l'insultait. Ces personnes racontaient tout et n'importe quoi à son sujet, des bobards dignes des plus grands menteurs.

Je les croyais, sans avoir pris la peine de rencontrer cet individu. Je le jugeais, sans avoir essayé de comprendre le vrai sens de sa phrase. Aucune pitié ne me traversait lorsque l'on m'avait annoncé sa mort « accidentelle », et bien au contraire, la réjouissance  faisait vibrer tout mon être. Je souriais, je jubilais devant la mort d'un homme, je m'en étais réjouie… C'était pitoyable.

Ayant découvert la vérité, j'étais rongée par le regret et la culpabilité. Les remords me faisaient souffrir, ils me taillaient en pièces et se riaient de moi. Mon coeur hurlait de tristesse, entraînant mon âme dans une chute vertigineuse. La douleur devenait ma meilleure amie sans que je ne puisse la repousser. Pourquoi avait-il fallu que ça m'arrive à moi ? Pourquoi avait-il fallu que je connaisse la vérité ? Pourquoi avait-il fallu que je découvre la laideur de ce monde ? J'aurai préféré rester dans l'ignorance et dans le mensonge, la réalité était bien trop douloureuse à connaître.

« Les Papillons ne sont pas des monstres, ce sont les Hommes qui sont la réincarnation du mal. »

Désormais, j'approuvais à cent pour cent ces mots.

                                  *

                               *     *

Deux semaines, deux longues et dures semaines s'écoulèrent depuis ma confrontation avec Dettlaff. Je n'avais presque pas parlé durant ce laps de temps, ma voix s'étant enfuie avec mes foutues convictions. Lors de mon réveil dans l'appartement de Noon, j'avais été  heureuse de les voir en forme, leurs sourires et leurs voix m'avaient réchauffée le coeur. Cependant, lorsque les souvenirs de ma discussion avec Dettlaff me revinrent en mémoire, mon moral s'était brisé comme un morceau de verre que l'on aurait balancé par terre.

Après s'être aperçue de mon changement d’humeur, Noon essaya de me tirer les vers du nez, me demandant si cela était lié à mon entrevue avec leur chef. Mais ma gorge devenait si sèche que je ne réussis pas à lui dire de phrases correctes. Et depuis, c'était la même chose.

En réalité, je n'arrivais tout simplement plus à la regarder dans les yeux. La possibilité qu'elle ait perdu des membres de sa famille par notre faute me hantait. De plus, je me demandais si Nadian avait également perdu des proches ? Cela expliquerait tellement de choses dont son comportement plus qu'agressif envers les humains. Il y avait aussi Valentin. Sa cicatrice à l'oeil était-elle issue de ce massacre ?

Un frisson parcourut mon corps. J'étais épuisée et je devais vraiment arrêter de réfléchir pour mon propre bien, mais l'histoire des Papillons de minuit tourmentait encore mes pensées. Il était vrai que je n'étais pas une victime des atrocités qui avait été commis, mais j'étais écœurée par ma propre espèce. Le dégoût que je ressentais me déchirait de l'intérieur et me donnait envie crier et de tout casser. Faire autant de mal était-il vraiment nécessaire ? Et quand je pense que les humains se faisaient passer pour les victimes…

Papillons de minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant