Chapitre 23-1

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[Non réécrit ; Non corrigé]

Neha s'immobilisa enfin devant la demeure du Pacifique. Cela avait semblé durer une éternité, mais nous étions finalement arrivées à bon port, sans avoir rencontré d'autres créatures. La jeune femme descendit de sa moto et poussa un long soupir de lassitude. Sa combinaison était tachée de sang noir et une petite quantité du liquide visqueux séchait et formait une croûte sur son cou. Elle retira son casque et passa une main dans ses cheveux. J'imitai son geste, posant le casque qu'elle m'avait passé sur l'un des rétroviseurs, et descendis à mon tour. Mes yeux parcoururent le quartier et je pinçai les lèvres. Il était également vide ; pas une mouche ne volait dans les environs. Les fenêtres des habitations étaient barricadées par des planches de bois et une espèce de liquide carmin recouvrait chaque perron des maisons avoisinantes, y compris celle du médecin. Il devait sûrement s'agir de la barrière qui protégeait les habitants, qu'ils soient Papillons ou humains.

Des grognements s'élevèrent non loin de là, et paraissaient se rapprocher à grande vitesse. Sans plus attendre, Neha attrapa ma main et se dirigea d'un pas rapide vers la porte d'entrée. Elle allait vite, un peu trop pour moi, mais je préférais ne pas rétorquer. Après les derniers événements, elle demeurait tendue et je percevais sa peur ; la crainte que d'autres monstres ne surviennent et qu'ils nous attaquent de nouveau semblait la dévorer. De plus, je n'avais pas vraiment la tête à parler. Avec ce qui était arrivé, le fait que j'avais comme hypnotisé la jeune femme, je préférais juste me taire.

Devant la porte, ses poings s'abattirent puissamment sur le battant de bois, et elle tambourina encore et encore. A ce rythme, elle aurait pu la défoncer, mais elle ne s'en souciait pas. Tout ce qu'elle désirait était d'entrer et de se mettre en sécurité.

— Ouvrez ! Ouvrez ! cria-t-elle.

Alors que ses poings la cognaient une nouvelle fois, la porte s'ouvrit en grand, laissant paraître Malter accompagné d'une femme d'âge mûr en robe de chambre. Une Sanglante. Le Pacifique la tenait avec fermeté, l'aidant probablement à marcher, et ses yeux bleus étaient écarquillés par la surprise. Neha n'attendit pas un mot de sa part et pénétra dans sa maison, moi sur ses talons. Malter referma lentement sa porte et se tourna vers nous, ses sourcils toujours haussés ; ses yeux observaient nos habits tachés de sang. La femme à ses côtés paraissait moins surprise par notre présence, et ses yeux noirs ridés ne me quittaient plus. Je lui rendis son regard insistant, ne comprenant pas pourquoi elle me dévisageait ainsi, jusqu'à ce que le Pacifique ne se racle la gorge et m'interroge du regard.

— Je peux savoir ce qui se passe ? s'enquit-il, nous observant chacune à notre tour.

Neha souffla et se mit à faire les cent pas. Elle pénétra dans le petit salon adjacent et regarda l'extérieur par la fenêtre. Probablement pour vérifier si ces créatures ne demeuraient pas devant la maison. Même s'ils ne pouvaient pas pénétrer dans la maison, en voir un seul la paniquait. Elle poursuivit son observation pendant près de cinq minutes puis finit par se retourner avant de remettre une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Ses yeux rencontrèrent ceux de Malter qui perdait patience.

— Nous étions poursuivis par ces démons, commença-t-elle. Ils ont failli nous avoir. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais... (Elle prit une grande inspiration et me regarda). Mon Dieu, nous n'aurions pas dû sortir Dayanara, je suis si désolée.

— Comment se fait-il que Noon vous ai laissé sortir ? demanda le Pacifique.

Silence. Neha avait l'air si gênée qu'elle en devenait rose. Elle mordillait sa lèvre inferieur entre ses dents et sa main droite passait sans arrêt dans sa tignasse. Le blanc qui suivit la question de Malter était éloquent et tout le monde aurait pu connaître la réponse. Les épaules de Malter se relâchèrent alors qu'il fermait les yeux, tentant de se calmer. Il secoua sa tête de gauche à droite et ouvrit les yeux, posant un regard furieux sur nous.

Papillons de minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant