Chapitre 20-2

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— Il y a..., cette chose, marmonnai-je, mon index collé à ma tempe droite.

Je tentai de m'en souvenir ; mes yeux se fermèrent et j'inspirai. La scène avec Anna-Maria se rejoua encore une fois dans mon esprit et je remarquai cette zone d'ombre, cette tache que je n'arrivais pas à enlever. Je forçai ma mémoire et serrai les paupières. En fin de compte, je n'aurais pas dû.

Un mal foudroyant s'abattit sur moi, descendit le long de ma moelle épinière et se fit ressentir jusqu'aux extrémités de mon corps. Mon être entier se crispa de douleur, une douleur qui était mille fois plus violente et insupportable que celle infligée par Anna-Maria. Je serai les dents du fait de ma mâchoire lourde et douloureuse et tentai vainement de respirer. Impossible. Mes voies respiratoires semblaient rétrécies, voire bouchées ; l'air lui-même semblait fait d'épines tranchantes qui, une fois dans mes poumons, enflammaient ma cage thoracique. Un goût écœurant et amer se propagea sur ma langue et la bile remonta le long de mon œsophage. Un cri s'échappa de ma bouche. Mon dieu, c'était la première fois que j'avais une crise d'une telle violence. D'ordinaire, je perdais tout bonnement connaissance, et pour être honnête, j'aurais aimé que cela se passe comme d'habitude. J'en étais désormais persuadée : il s'agissait d'un mal surnaturel.

— Que t'arrive-t-il ? s'inquiéta Nicholaos.

Dents serrées, j'agrippai la table et ouvrit difficilement les yeux. Tout ce qui se trouvait autour de moi étaient flous ; ma vision était comme couverte d'un brouillard. Des flashs et des étoiles dansaient devant mes yeux et je les plissai.

— Ou-Oui... Non. (J'inspirai fortement). Je vais bien... J-J' ai juste besoin de me r-rafraîchir.

Ma voix était râpeuse et presque inaudible. Ce mal ravageait toujours mon corps, si bien que mon rythme cardiaque entamait un sprint. Le sang pulsait à mes tempes et mes poils se dressèrent. Il fallait que je parte d'ici, juste pendant quelques minutes, le temps de me remettre de ce malaise. Je ne voulais pas être dans cet état, pas devant eux.

Dettlaf me regarda longuement avant d'observer Sansa.

— Montre-lui le chemin, lui ordonna-t-il, une pointe d'inquiétude altéra son ton.

Elle hocha d'un air distrait la tête, sans détourner ses yeux de moi. Eh bien, pour une fois, je la surprenais vraiment. Après quelques instants sans mouvements, elle s'approcha de moi et me tendis la main.

— Suivez-moi.

Je la laissai m'aider et nous nous dirigeâmes à petits pas vers la sortie. Les autres continuèrent de me dévisager mais j'avais encore trop mal pour les considérer. Je m'abandonnai à Sansa. Mes muscles étaient douloureux et je dus mettre tout mon poids sur la pauvre femme pour avancer. Il fallait que j'arrête d'essayer de me souvenir de cette chose. Pas tant que Dettlaf aurait vérifié s'il s'agissait bien d'un sort. Les crises devenaient de plus en plus violentes et j'avais la sensation qu'elles détruisaient peu à peu mon système nerveux.

Sansa me guida jusqu'à une salle et je m'appuyais contre la porte.

— Vous... Voulez-vous que je vous aide ? me questionna Sansa, perdue.

Je lui adressai un petit sourire crispé en posant ma main sur la poignée.

— V-Vous êtes gentil, mais non.

J'ouvris la porte et m'engouffrai dans la salle. La porte se referma sur la jeune femme et je soupirai. Ma canne tomba de ma main gauche et je pris appuis sur le mur pour tenir debout. Je fermai le clapai des toilettes et m'y assis. Mes mains attrapèrent ma tête et j'inspirai profondément de l'air. J'avais l'impression d'avoir couru un marathon. Mes pauvres poumons étaient en feu et mes zygomatiques fourmillaient toujours. Bon sang ! Je maudissais le Papillon qui m'avait fait cela ; il ou elle détruisait ma vie encore plus qu'elle ne l'était déjà. Je devais en parler à Dettlaf pour qu'il brise ce sort d'Aüshar ou je ne savais quoi.

Papillons de minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant