CHAPITRE 28

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Eliaz jeune en média

PDV ELIAZ :

L'information avait pris son temps à être analysée pour ma part. Petit, je n'avais pas le droit d'avoir ne serait-ce qu'un loisir. Regarder un film n'était donc pas autoriser par mon père. Bien entendu, je ne l'écoutais pas, sous peine de recevoir encore une fois des coups de couteaux en titane. Métal qui empêchait la cicatrisation pendant cinq heures environ. Je me trimballais souvent le dos complètement en sang. Ce que mes compagnons Métamorphes trouvaient justifié, ils étaient plutôt sadiques. Ca faisait un mal de lièvre, en cinq heures sans cicatrisation la blessure s'infectait. Si les blessures étaient trop profondes, il arrivait que ma cicatrisation ne se fasse pas comme prévu, des cicatrices restaient dans ce cas. J'en avais trois longues et belles sur mon dos. Question d'ironie.

Et si la blessure causée par du titane était mortelle, la cicatrisation ne pouvant pas avoir lieu pendant cinq heures, j'étais condamné. Mais heureusement, mon père ne voulait pas me tuer, juste me faire souffrir pour soi-disant m'endurcir pour mon futur rôle au sein de la meute. Il avait fait bien plus que de me faire souffrir.

Mais la nuit, lorsque mon père dormait, je sortais de la maison pour m'infiltrer dans celles des personnes aux alentours. Qu'ils soient humains ou Métamorphes, je m'en fichais, j'entrais. Il y en avait un, Samuel si je me souviens bien, qui avait un grenier entièrement aménagé en salle de cinéma. C'était un gosse de riche, un humain. J'avais entendu son père l'appeler par son prénom un jour. Je l'avais retenu.

J'escaladais la maison sans faire le moindre bruit en m'aidant de l'arbre qui longeait la maison de bas en haut. Puis je me glissais sur le balcon de la chambre de Samuel. Un gars insupportable que j'observais parfois –quand j'avais ne serait-ce qu'un temps de repos- se vanter de ses affaires auprès de ses copains admirateurs. Je n'allais pas à l'école comme les autres Métamorphes de la Meute Principale, comme les humains. Mon père préférait tout prendre en main. Il voulait que je devienne fort, plus fort que lui, je ne savais pas pourquoi. Tout ce que j'avais deviné, c'est qu'il avait des projets pour moi depuis ma naissance.

Quand j'avais atteint le balcon, je m'accrochais aux rebords en pierre de la grande fenêtre, puis me hissait dessus. Je me balançais ensuite légèrement dans les airs pour atteindre les rebords de la fenêtre du grenier. Il n'y avait pas vraiment de sécurité dans cette maison. Les propriétaires étaient trop confiant et n'avait pas l'air de savoir que le monde n'était pas rose. Alors que moi, du haut de mes neuf ans, j'en avais bien conscience. Les nombreuses cicatrices sur mon corps le prouvait, mon mental aussi. J'avais enduré trop d'épreuves pour avoir peur de quoique ce soit.

La fenêtre du grenier était très grande, à l'aide de mes doigts, je la poussais vers la droite, elle était coulissante. Et surtout, elle n'était jamais fermée. Même si l'encoche pour l'ouvrir se trouvait à l'intérieur, il suffisait juste de la faire glisser lorsque l'on était à l'extérieur pour l'ouvrir. C'était simple.

Une fois à l'intérieur, je n'avais rien à faire excepté allumé le projecteur et choisir un film sur le disque dur de Samuel. Ce soir-là, j'avais choisi « La Grande Vadrouille ». J'avais beaucoup aimé, il était drôle, il m'avait détendu et pratiquement fait oublier la vie que je menais.

En réalité, ce soir-là, j'avais bien besoin de me détendre. La semaine avait été dure. Mon père m'avait enfermé dans la pièce exigüe du sous-sol pour que je maitrise le camouflage. Il n'y avait qu'un robinet et des toilettes. J'y avais passé une semaine entière, il ne m'avait donné aucunes indications sur la façon de faire. Je n'avais que le mot « camouflage » pour m'aider. J'étais perdu.

Mais heureusement, j'étais futé. Et mes souvenirs étaient aussi clairs que de l'eau de roche, c'était de merveilleux indices.

Il ne me donnait pas à manger bien entendu, ça aurait été trop simple. Je ne buvais que de l'eau du robinet, et l'utilisais aussi pour me laver avec seulement mes mains comme gant. J'avais perdu du poids, mais je m'en fichais, j'avais l'habitude d'être malmené.

ALBAWhere stories live. Discover now