CHAPITRE 2

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Eliaz en média

Le zoologiste avait disparu depuis longtemps. Alba gardait les yeux fixés sur l'endroit où l'homme se tenait quelques minutes plus tôt. En position assise, dans la clairière, droite comme une reine.

Elle n'avait pas été assez vigilante. Obnubilée par le son du sifflet, elle avait cru faire usage de tous ses sens, mais rien de cela. Elle n'avait même pas utilisé son odorat, qui pourtant, l'informait clairement que l'intrus était un humain. Elle n'aurait pas dû s'approcher. Elle n'aurait pas dû être vue par cet homme.

Elle savait très bien que cet endroit, n'était pas fait pour les tigres, elle n'en avait vu aucun en dix hivers. De plus, elle s'était montrée féroce et avait même fait saigner les tympans du vieil homme. Elle s'en voulait un peu et avait légèrement peur des conséquences. Pourtant elle se reprit rapidement, c'était son territoire, aucun humain, aucun prédateur. Et de toute façon, que pouvait bien faire des humains sans force contre elle ?

Rassurée, elle se remit sur ses pattes, traversant les gros buissons et courant en direction de sa mini grotte ensoleillée. Elle était enchantée de pouvoir rattraper son sommeil perdu.

Arrivée sur place, la tigresse s'installa confortablement, et s'endormit, laissant les rayons du soleil caressés son pelage.

***

L'homme était essoufflé, sa respiration était difficile, et il était sûr que son visage était rouge pivoine. Mais il avait bien trop peur de s'arrêter, persuadé que s'il ne partait pas aussi vite que possible, la tigresse viendrait lui rendre au centuple sa lenteur.

Mais il ne se passait rien depuis bien plus d'une heure. Il se retourna, la peur à l'estomac, craignant de voir la bête. Mais aucune preuve de son passage, aucun grognement, seule la forêt subsistait.

Il se détendit, pas d'animal carnivore en vue.

Il avait la tête qui tournait légèrement, surement dû à l'effort et à sa perte de sang, même si ce n'était pas grand-chose. Ses oreilles sifflaient depuis le rugissement de la tigresse, il espérait que cela s'arrêterait avec du repos. Il avait nettoyé avec un chiffon humide trainant dans sa caisse en bois, le sang coulant de ses oreilles. Il n'y en avait pas tant que ça, mais c'était tout de même extraordinaire. Comment une bête, bien qu'imposante, pouvait faire saigner quelqu'un rien qu'avec un rugissement ? Il n'en savait rien. En trente ans de carrière, il n'avait jamais vu cela, ni entendu d'ailleurs.

Soudain l'homme reconnu les environs, il voyait les petites fleurs jaune au pied du rocher recouvert de mousse humide, ainsi que l'imposant arbre où des écureuils gambadaient. Il accéléra le pas, pressé de retourner à son camp principal.

Il fallait qu'il informe quelqu'un, les autorités peut-être ? Un animal féroce et rare tel que cette tigresse ne devait pas rester dans un habitat qui n'était pas le sien, encore moins quand la forêt, bien qu'énormément spacieuse, était à quelques kilomètres d'une petite ville. C'était dangereux pour ces habitants, pour l'insouciant voulant traverser cette forêt, ou même pour les amateurs de camping sauvage ! En fait c'était dangereux pour un nombre incalculable de citoyens !

Le zoologiste écarta quelques branches et découvrit son campement principal où sa voiture, sa tente, ainsi que tout ce qui était nécessaire pour le camping était proprement installé. Son camp se situait à quelque dizaine de mètres de la route, pratique pour s'en aller le plus rapidement possible.

Il travaillait seul, ne supportant pas la présence d'autres personnes autour de lui lorsqu'il effectuait son boulot. Son caractère solitaire de vieil homme lui avait tout de même permis de se faire un nom dans la zoologie. Et il allait faire en sorte que cette tigresse rejoigne son habitat naturel en bonne santé sans avoir fait de mal à personne !

ALBAWhere stories live. Discover now